Des mesures ont été prises par le gouvernement pour venir en aide au secteur touristique et aux services connexes qui ont subi les effets désastreux de la crise du Covid-19. Ces mesures sont-elles suffisantes pour redorer le blason du secteur exposé à l’inconnu ?
Le tourisme vit, depuis l’avènement du Covid-19, une crise aiguë qui a touché de plein fouet tous les établissements touristiques et des services connexes. En effet, les hôteliers ont subi des pertes sèches suite à la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes, et ce, au cours de la première vague de la pandémie. Même après la levée des restrictions, la situation n’a pas connu un grand changement.
Ainsi, la haute saison 2020 a été l’une des plus mauvaises au niveau des entrées et des nuitées. Jamais les hôteliers n’ont connu une telle saison touristique qui a privé la Tunisie de bénéficier d’une bonne recette en devises.
C’est le cas aussi des agences de voyages qui ne savent pas à quel saint se vouer et des restaurants touristiques qui ont préparé des plats succulents pour des touristes absents !
Outre le problème structurel que vivent les unités touristiques, le Covid-19 a aggravé la situation pour plusieurs hôteliers et professionnels du tourisme qui ont enregistré un manque à gagner énorme, ce qui a obligé certains à fermer leurs unités en mettant leur personnel au chômage technique. Le temps est venu pour réorganiser le secteur touristique en pensant à l’après-Covid. D’ailleurs, le gouvernement a pris des mesures audacieuses en faveur des professionnels afin qu’ils repartent sur des bases solides.
Taxe des agences de voyages suspendue
Ainsi, la taxe appliquée aux agences de voyages au titre de la contribution au fonds de développement de la compétitivité dans le secteur touristique, fixée à 2 dinars sur chaque siège proposé par les moyens de transport touristique, sera suspendue pour 6 mois, à partir de janvier 2021. Il s’agit d’une décision prise par le Chef du gouvernement, a indiqué lundi le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Habib Ammar, lors d’une conférence de presse tenue au Palais du gouvernement à La Kasbah. Le Chef du gouvernement a aussi décidé d’accorder aux établissements touristiques et artisanaux une prolongation du délai de dépôt des déclarations de l’impôt sur les sociétés au titre des exercices 2019 et 2020 jusqu’au 31 décembre 2021, avec un rééchelonnement de paiement à partir de janvier 2022.
Parmi les décisions prises, on peut citer également la réouverture des inscriptions sur la plateforme digitale d’accompagnement des entreprises touchées par le Covid-19, exclusivement pour les établissements touristiques, sans l’obligation de se conformer aux conditions imposées aux autres secteurs, étant donné que le secteur touristique est parmi les secteurs les plus sinistrés. A noter que cette plateforme a été ouverte par le passé, lors de la première vague de la pandémie, à toutes les entreprises industrielles et de services pour bénéficier des aides de l’Etat après avoir répondu à un formulaire élaboré à cette occasion.
Le Chef du gouvernement a, par ailleurs, décidé de revoir la convention relative au mécanisme de garantie des crédits conclue entre le ministère des Finances et la Société tunisienne de garantie (Sotugar) pour l’adapter aux décisions du Conseil ministériel du 30 avril 2020, notamment en ce qui concerne le plafond de 1 million de dinars par entreprise fixé comme condition d’éligibilité à ce mécanisme de garantie.
L’intention des pouvoirs publics est de renforcer davantage la ligne de crédit dédiée au secteur de l’artisanat qui a subi, lui aussi, les effets de la crise, sans pouvoir réagir. En l’absence des touristes, les artisans ne peuvent pas vendre de grandes quantités d’objets de décoration fabriqués dans ces ateliers situés dans la médina de Tunis.
En attendant le rétablissement de la situation
Il y a lieu de noter, par ailleurs, qu’une prime mensuelle de 200 dinars sera accordée aux employés du secteur touristique qui se trouvent en chômage technique et aux guides touristiques, jusqu’à un retour à la normale, a indiqué le ministre du Tourisme, Habib Ammar.
Le but recherché à travers cette mesure est de protéger le secteur du tourisme et préserver les emplois. Les entreprises ne peuvent bénéficier des avantages qu’en préservant les emplois, sachant que le secteur du tourisme fait travailler de nombreuses personnes entre ouvriers, cadres et employés dans plusieurs postes. .
Et le ministre de préciser qu’il a accepté la proposition relative à la prise en charge par l’Etat de la cotisation patronale au régime légal de la sécurité sociale, et ce, au titre du 4e trimestre de l’année 2020 et les deux premiers trimestres de l’année 2021, à condition de préserver les emplois et de continuer le versement des salaires. Les cotisations au régime social constituent une charge lourde pour certaines entreprises, notamment en cette période de vaches maigres. En tout cas, l’Etat a décidé de prendre en charge tout ce qui concerne les salaires des ouvriers contraints de se trouver en chômage technique et dont l’activité a cessé totalement ou partiellement.
Mieux encore, un programme de recyclage et de formation continue des ouvriers du secteur touristique en chômage touristique a été concrétisé en vertu d’un accord conclu entre les fédérations professionnelles et l’Agence de formation dans les métiers du tourisme.
Les financements de ce programme proviennent, exceptionnellement, du Fonds de développement de la compétitivité (Fodec), dans le secteur du tourisme. Ainsi, les bénéficiaires auront droit à une prime de 300 dinars, à la fin de la formation, laquelle sera supportée par le budget de l’Etat
Il a été décidé, de même, de rééchelonner la dette relative aux cotisations de la sécurité sociale, jusqu’au troisième trimestre 2020, et d’exonérer les pénalités de retard lors de l’achèvement du remboursement de la principale tranche de la dette, en considérant que le recouvrement de la première tranche est une avance.
Autant de mesures qui vont donner un nouveau souffle à un secteur sur le bord de la faillite. L’après-Covid se prépare dès maintenant à la faveur d’un ensemble d’avantages qui concernent aussi le tourisme saharien.
Les unités touristiques sont appelées à appliquer les protocoles sanitaires du tourisme tunisien et de se déplacer dans des groupes encadrés. Un programme prévoit aussi le renforcement des liaisons aériennes avec l’aéroport international de Tozeur-Nefta pour stimuler un tant soit peu les activités touristiques et économiques.