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Parlons cinéma: Une belle aventure qui se poursuit


«Et quand nous discutons avec les enfants, du Nord-Ouest par exemple, ils parlent avec nous avec beaucoup de tristesse, ils aspirent à des rêves qui sont, pour nous citadins, dérisoires, anodins, voire futiles. L’idée se résume en une phrase : comment leur apporter une partie de ces rêves dans leur milieu et dans leur quotidien».


Ils  sont trois compagnons de route, ils ont partagé ensemble l’amour de la scène et de l’art. Nourris par un fort désir de partager le bonheur et de ramener une part de rêve à ceux qui en manquent, Lobna Mlika, Moez Mrabet et Besma Euchi se sont lancés dans une belle aventure associative, artistique intense en émotion.

Leur dernière action en date est le lancement du projet « Parlons cinéma par l’amour et la guerre», le week-end dernier à Béni M’tir, un projet qui marque une nouvelle étape vers la réalisation d’un rêve : faire de la région de Béni M’tir et du Nord-Ouest tunisien un point de rencontre culturel  où le cinéma pour enfants et adolescents est mis à l’honneur.

« L’idée de ce projet est venue d’une profonde conviction que l’amour est un concept puissant qui peut sauver le monde, cela peut paraître naïf et enfantin, mais moi j’y crois. Et je pense que pour travailler avec les jeunes, il faut commencer par cette belle idée qu’est l’amour car, par elle, nous pouvons transmettre la tolérance, l’acceptation de l’autre, l’entraide, les liens sociaux… ». C’est ainsi que Besma Euchi présente le projet : « Nous avons développé ce concept en opposition à une autre idée qui est la guerre qui, pour nous, représente toute forme de violence, y compris économique et sociale : la pauvreté, la privation, la précarité, l’ignorance…»  de tout cela est né «Si on parlait cinéma par l’amour et la guerre ».

« Et quand nous discutons avec les enfants, du Nord-Ouest par exemple, ils parlent avec nous avec beaucoup de tristesse, ils aspirent à des rêves qui sont, pour nous citadins, dérisoires, anodins, voire futiles. L’idée se résume en une phrase : comment leur apporter une partie de ces rêves dans leur milieu et dans leur quotidien », avec ces quelques paroles, Besma nous livre l’essence de leur travail.

Depuis 2012, avec ses amis et collègues Lobna Mlika et Moez Mrabet , ils ont lancé l’association « l’Art Vivant », né de leur profonde conviction que chaque citoyen a droit à la culture et à l’art. A travers les différents projets, ils ont tenté de rendre la pratique artistique et culturelle accessible auprès des enfants et des jeunes vivant dans les zones marginalisées du Nord-Ouest tunisien. « Notre but étant de leur permettre d’exprimer leurs préoccupations et de traduire leurs opinions dans un cadre propice au développement personnel et collectif. L’Art devient, ainsi, un outil pour comprendre le monde et interpréter les évènements qui se déroulent à l’échelle locale et internationale. Les mots d’ordre sont créativité, vivre-ensemble, tolérance et symbiose ». Ce qui est étonnant quand nous discutons avec une personne comme Besma Euchi, c’est que les choses sortent de sa bouche comme une évidence. Avec des mots simples, elle sait communiquer de belles idées et arrive à remuer les plus gros obstacles. Une attitude qu’elle partage avec ses amis qui, dans la discrétion, n’hésitent pas à prendre à bras-le-corps les rêves des enfants.

Toujours dans la même lancée, elle continue à nous faire partager ses émois : « Le choix du village de Béni M’tir était un coup de foudre pour moi, un électrochoc émotionnel fort face à un paysage merveilleux doublé d’une absence totale d’activité culturelle, et nous avons commencé à rêver de grands projets avec la population locale et surtout avec les enfants et les jeunes de la région. Avec 700 dt comme budget, nous avons fait une «  viv’art à Béni M’tir ». Le projet a été lancé en 2013 et consiste en la mise en place d’un événement culturel et artistique tout au  long d’une semaine dans ce village. Nous avons mis en place des ateliers pour former et initier les enfants et les jeunes de la région à des pratiques artistiques, comme  la calligraphie arabe, le théâtre, la danse, la peinture et la marionnette. Plusieurs projections de films et concerts sont, par ailleurs, programmés sur la place publique du village où tous les résidents sont présents. A la fin de ce projet, toutes les œuvres réalisées pendant les ateliers seront présentées dans une ambiance festive ».

« L’art Feddar ». C’est aussi une autre idée de ce groupe, une idée simple avec un impact de taille. « Nous nous invitons chez les gens qui veulent bien nous recevoir chez eux pendant 3 jours. Et durant ce séjour nous nous adonnons à toute activité artistique avec les enfants de cette famille, mais aussi ceux du quartier ». Un projet qui nous donne le sourire en imaginant ces enfants recevant des artistes chez eux, comme un membre de la famille. Faire fusionner et harmoniser vie artistique et vie quotidienne et, puis, tout s’achève par un dîner convivial préparé par tous les participants.

Fort de ces belles expériences intenses en émotion et riches en apprentissage, des rêves plus grands ont commencé à prendre de l’ampleur grâce à un fonds de soutien et un jumelage avec la fondation égyptienne « Art et vie » qui s’active auprès des enfants en danger dans leur environnement. Ainsi est né Parlons cinéma : «L’amour et la guerre » est le fruit de la fusion des projets « Viv’Art» et « l’Art Feddar », sur lesquels l’association « L’Art vivant » a œuvré durant des années.

Les ateliers cinématographiques se dérouleront dans les deux pays et ont pour but de former et d’encadrer ces enfants dans les différents métiers du cinéma à travers des ateliers pratiques qui vont aboutir à la réalisation de courts métrages afin de leur permettre de s’exprimer et d’agir à travers l’Art. Les productions seront présentées à la fin du projet, en Tunisie. « Nous avons entamé la phase de préparation avec toute l’équipe afin de définir les contours, les discuter et les développer en fonction des expériences et des idées de chacun. Ensuite, nous avons défini les activités, le programme général et les potentiels partenaires du projet pour arriver à formuler la version finale du projet du festival
« Parlons cinéma : l’amour et la guerre». Il présentera, tous les deux ans, les premières productions cinématographiques des participants, et accueillera, par la même occasion, des projections de films internationaux en présence de cinéastes et d’acteurs du monde entier », continue à nous raconter Besma Euchi.

La phase première du projet est bien lancée et se poursuivra sur 3 étapes «Regardons cinéma », « Nous ressentons, nous pensons et nous nous exprimons » et « Le cinéma pour exprimer la vie » où l’on mettra en œuvre des ateliers théoriques simplifiés autour de l’Histoire du cinéma et de son rapport avec la société et avec le monde d’une manière générale.

La deuxième phase « Faisons un film », elle, lancera des ateliers cinématographiques appliqués et des travaux pratiques. Atelier de photographie, Atelier d’écriture scénaristique, Atelier de story board, Atelier cinématographique, Atelier d’Art dramatique, Atelier de décor, atelier costume & maquillage, Atelier de réalisation cinématographique et Atelier de montage. Pendant cette étape, dans les petits villages voisins. Puis, « Nos murs seront des écrans de cinéma » autour duquel se rassemblent les habitants et parlent cinéma.

La troisième phase, c’est l’étape de la production : Il s’agit de tourner les films en la présence honorifique d’un(e) acteur/actrice représentant les deux pays en question. Le tournage aura lieu dans la région de Béni M’tir afin de mettre en lumière la beauté particulière de sa nature et de promouvoir le tourisme du Nord-Ouest tunisien d’une manière générale.

«Durant la quatrième phase, nous atteignons enfin la grande célébration en lançant «Le festival international du cinéma » qui se déroulera pendant trois jours à Béni M’tir en Tunisie. Nous accueillerons des invités artistes et journalistes du monde entier qui, tout comme nous, croient, eux aussi, en l’importance de l’action culturelle locale dont le rayonnement s’étend à l’échelle internationale», conclut-elle en laissant chez elle une grande part de ce rêve.

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