En guise de recommandations, l’on peut citer le dédommagement des victimes, l’identification des coupables et la création de projets de développement au profit de la région. Des outputs loin d’être traduits dans les faits. De son côté, l’ex-IVD (Instance vérité et dignité) n’a pas, elle aussi, manqué d’agir sur le terrain et mener ses études balistiques, tout en auditionnant des victimes de la chevrotine. Mais rien de nouveau jusque-là. L’affaire fait encore du surplace.
Le 27 novembre 2012 à Siliana, huit ans après. Dure, très dure était, alors, cette journée encore gravée dans la mémoire, où les revendications légitimes d’une région longtemps en marge du développement furent farouchement réprimées. Sans pitié. Ce jour-là, une grève générale fut décrétée, suite à l’appel de l’Union régionale de l’Ugtt. Une imposante manifestation avait parcouru l’artère principale de la ville, gagnant le siège du gouvernorat. Impressionnante était la marée humaine qui agissait comme un seul homme, scandant à haute voix le départ du gouverneur. Ce fut, à l’époque, une réaction collective, du fait des promesses non tenues à plusieurs niveaux. Soit le droit à l’emploi et au développement. Peu à peu, l’adrénaline monta, la colère s’empara des protestataires, provoquant ainsi un tollé général.
Mais personne n’a jamais cru que la situation allait dégénérer de la façon la plus meurtrière. Barbarie caractérisée, pour ainsi dire ! Les forces de l’ordre mobilisées en renfort usaient de tous leurs moyens pour étouffer les voix et museler toute forme d’expression. La répression policière allait jusqu’à tirer à la chevrotine sur des milliers des manifestants, tout en procédant illégalement à l’usage excessif et arbitraire des bombes lacrymogènes pourtant jugées périmées. Juristes, société civile et activistes des droits de l’homme l’avaient vivement dénoncé, considérant de telles interventions musclées comme un crime prémédité contre une population quasiment désarmée. Et l’on se souvient encore que ces mouvements protestataires s’étaient douloureusement soldés par un grand nombre de blessés dont beaucoup ont été touchés aux yeux. Faute de traitement et de prise en charge médicale à temps, plusieurs parmi eux ont été atteints de la cécité, d’autres devenus hélas non-voyants. A quand ces victimes seront rétablies dans leur dignité et leur droit ?
Exclusion et laissé-pour-compte
Huit ans après, le statu quo règne encore. Les revendications d’hier sont celles d’aujourd’hui ! Dans un mouvement protestataire commémorant un tel drame, les habitants ont réclamé leur droit au développement et à l’emploi. A l’instar d’autres régions actuellement en ébullition, Siliana n’a jamais tiré profit des fruits de la croissance dans le pays. L’investissement public-privé n’y pèse rien de tout. S’y ajoute le sentiment de l’exclusion et du laissé-pour-compte. Toujours est-il que les gouvernements post-révolution n’ont point pensé à d’autres modèles de développement alternatifs qui soient au diapason de nouveaux défis et enjeux de l‘étape. 2012, ce fut l’année qui a suivi la révolution. Et pourtant, l’Etat n’avait pas changé de son mode de comportement à l’égard de cette nouvelle forme d’’expression et de manifestation. Les événements de Siliana en étaient une meilleure illustration.
Effectivement, une commission d’enquête et d’investigation, lancée en 2018 par le Ftdes, avait révélé tous ses secrets. Elle a fini par imputer l’entière responsabilité au gouvernement de la troïka. Accusé d’avoir donné un tel ordre à ses agents, le nahdhaoui Ali Laârayadh, alors ministre de l’Intérieur, a été, lui, mis dans le collimateur. En guise de recommandations issues de ladite commission, l’on peut citer le dédommagement des victimes, l’identification des coupables et la création de projets de développement au profit de la région. Des outputs loin d’être traduits dans les faits. De son côté, l’ex-IVD (Instance vérité et dignité) n’a pas, elle aussi, manqué d’agir sur le terrain et mener ses études balistiques, tout en auditionnant des victimes de la chevrotine. Mais, rien de nouveau, jusque-là. L’affaire fait encore du surplace.