«16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre», une campagne de sensibilisation qui bat actuellement son plein, menée à l’initiative du Conseil tunisien pour les réfugiés à Tunis. D’autres partenaires, le HCR, l’OIM sont aussi de la partie. L’action a déjà commencé le 25 du mois écoulé pour prendre fin le 10 courant, date commémorant la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Plus qu’un message significatif vient à l’esprit, rappelant que les droits humains sont un tout indivisible. Et que tout citoyen a droit à vivre mieux.
Cela renvoie à la précarité dont souffrent l’ensemble des réfugiés et demandeurs d’asile vivant parmi nous. Soit un état de non-droit, au sens vrai du terme.
De ce fait, l’absence d’un cadre législatif et institutionnel protecteur ne peut que compromettre la situation et mettre en péril la vie d’une catégorie sociale exposée à tous les risques d’exploitation et de violence de toute forme, notamment celle basée sur le genre.
Il ne se passe pas un jour ou presque sans qu’on n’enregistre autant de femmes réfugiées victimes d’un tel crime odieux.
L’événement, qui s’est déroulé au siège du Conseil tunisien pour les réfugiés à Tunis, se veut un arrêt sur une réalité qui en dit long.
L’histoire de l’Unhcr est aussi riche en leçons et récits. Souvenons-nous, encore, du camp de Choucha, à l’extrême sud de la Tunisie, qui avait abrité, en 2011, des milliers des réfugiés. Il en reste, aujourd’hui, quelque 5 mille de nationalités diverses, logés dans des foyers d’accueil, notamment à Zarzis et à Medenine, estime le directeur dudit centre, Mustapha Djemali. Un vieux routier bien rôdé, ayant passé trente ans dans les rouages de l’Unhcr. Pour lui, la question des réfugiés est une affaire complexe et compliquée. L’homme sait de quoi il parle.
Sensibilisation rapprochée
Son expérience lui a valu beaucoup. Et son savoir-faire l’a ainsi aidé à mieux gérer ce dossier. Cela a commencé par créer, en 2016 à Tunis, un centre chargé des réfugiés.
Quatre ans déjà, il n’a jamais failli à sa mission. Et la campagne de lutte antiviolence basée sur le genre n’est que le prolongement d’un plaidoyer en faveur d’une population bien ciblée. «On a fait venir des femmes réfugiées et des enfants pour les aider à se connaître, à s’exprimer et parler de leurs problèmes et préoccupations», nous a expliqué M. Djemali.
C’est ainsi, poursuit-il, qu’on arrive à cerner leurs difficultés et les éclairer sur leurs droits les plus élémentaires. D’ailleurs, l’Unhcr a toujours préféré travailler avec la société civile locale dans les pays d’accueil, de par sa connaissance du terrain et du climat sociopolitique y prévalant. « C’est pour cela qu’il a sollicité notre partenariat pour l’exécution des projets visant l’assistance et la protection des réfugiés », souligne-t-il, mettant en avant la nécessaire protection juridique telle que stipulent la convention de 1951 et son protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés. En vertu de quoi, les Etats parties, dont la Tunisie, sont tenus à respecter les droits des réfugiés et les protéger.
Objectifs fixés
A cet égard, notre pays a-t-il, vraiment, honoré ses engagements? Pas tout à fait ! Sa ratification en 1957 de ladite convention n’a pas été suivie d’effet. Sauf que de simples contributions volontaristes dictées essentiellement par des principes humanistes. Ceci étant, il n’y a pas une véritable stratégie d’accompagnement qui soit lucide et visionnaire. De même, le projet de loi élaboré en 2012 sur le droit d’asile continue à traîner dans les tiroirs de l’ARP au Bardo. On revient, ce alors, sur la question de violence faite aux femmes réfugiées. Impitoyable phénomène, sans merci ! La campagne de sensibilisation orchestrée à ce sujet s’inscrit bel et bien dans cette optique. Elle a coïncidé avec la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, célébrée le 25 novembre de chaque année, rappelle Cyrine Barbirou, chargée de communication auprès dudit centre.
Alors, indique-t-elle, « 16 jours » sont destinés à toucher plus de catégories, en essayant de les encourager à être autonomes.
En fait, cette manifestation bien chargée d’événementiels et d’informations a lieu également à Sousse, à Sfax, à Médenine, à Zarzis et à Gabès. L’essentiel est d’inculquer à ces réfugiés leurs droits à vivre en sécurité. Une sorte de prise en charge sociale et psychologique, renchérit M. Djemali. Son centre s’est fixé autant d’objectifs : préparer la cartographie des services de protection contre la violence sexuelle basée sur le genre et la partager avec les sujets visés et créer une commission ad hoc à cet effet.