Ils ont dit…

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Riadh Zghal, universitaire et consultante en gestion, gouvernance et développement local

« Ce qui est à craindre, c’est que l’absence de volonté conjuguée à une incapacité de relever l’économie et d’assurer l’équité et la loyauté dans la distribution des richesses renforce le scepticisme à l’égard de la démocratie, voire son rejet. Cette attitude se manifeste de plus en plus dans l’opinion publique. S’il y avait un « modèle économique» prêt-à-porter et acceptable par une majorité d’acteurs sociaux, ce serait la solution. Mais ce modèle n’existe pas. Alors, comme il nous faut réinventer la démocratie, il nous faudra aussi construire un système économique qui va avec. Pour qu’il soit durable et compatible avec les libertés qu’autorise la démocratie, un tel système devra s’appuyer sur les deux principes d’équité et de loyauté et installer des pare-feux empêchant la concentration des richesses aux mains d’une minorité et la propagation de la corruption. Ce serait le moyen d’éviter une recrudescence des troubles sociaux, peut-être aussi une révolution ou une restauration de la dictature. L’horizon reste ouvert à tous ces possibles».

Walid Ben Salah, expert-comptable

«2,2 milliards de dollars, ou plutôt 6.000 millions de dinars…  C’est le montant des richesses accumulées par des Tunisiens et qui sont détenues à l’étranger, selon le rapport « The state of tax justice » publié en novembre 2020 par la Fondation Alliance mondiale pour la justice fiscale. Ce montant représente 4,7% du produit intérieur brut (en chiffres anciens), 40 jours d’importation, 3 fois le volume des investissements directs étrangers, et il peut couvrir les deux tiers du déficit courant. ET c’est sans compter le volume des devises fortes sur le marché noir intérieur. Le rapport indique également que l’ampleur du manque de ressources fiscales des multinationales et entreprises étrangères est estimée à 708 millions de dinars par an, alors que nous continuons d’imposer une petite partie des contribuables, que l’Etat continue à s’endetter, à l’intérieur et à l’extérieur. Et au final, tout se transforme en impositions supplémentaires (pour la même classe) et en inflation, et ce, en l’absence de création de vraie richesse, d’amélioration du climat des affaires, d’élargissement de la base des contribuables et de lutte efficace contre l’évasion fiscale ».

Mohamed Moez Belhassine, directeur général de l’Office national du tourisme tunisien

« Le tourisme intérieur est le garant de la pérennité du secteur. Il devient plus que jamais nécessaire d’élaborer un plan pour développer le tourisme domestique au cours des deux prochaines années en lui allouant les budgets nécessaires. Nous comptons relever la part de ce créneau qui représentait, jusque-là, près de 20% des nuitées globales. Parmi les mesures qui sont programmées pour développer le tourisme intérieur, je citerais :  la création et le soutien des événements de grande envergure dans les régions majeures avec un parrainage de l’Ontt et du ministère du Tourisme, l’élaboration et la signature d’un code d’éthique « tourisme intérieur » entre les différents intervenants du secteur et la mise en place d’un système de « chèques vacances ou tourisme » pour aider les salariés des secteurs public et privé à partir en vacances, en finançant une partie des dépenses liées aux vacances et loisirs. Il est aussi prévu de mettre en œuvre un programme de soutien aux compagnies aériennes nationales pour qu’elles puissent proposer des tarifs préférentiels sur les lignes intérieures et la mise en place du crédit vacances, qui donne la possibilité aux Tunisiens de financer leurs séjours dans les hôtels touristiques en Tunisie avec une durée de remboursement allant jusqu’à 36 mois.  Nous pensons également à développer de nouveaux modes d’hébergement touristique économique.

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