Accueil A la une Réserves en devises | Les flux nets de capitaux extérieurs renflouent nos caisses

Réserves en devises | Les flux nets de capitaux extérieurs renflouent nos caisses

Malgré des indicateurs économiques et financiers négatifs, la Tunisie a réussi, tout de même, à augmenter les avoirs en devises grâce aux flux nets de capitaux extérieurs. La constitution d’un panier de devises n’est pas une mince affaire, dans la mesure où celles-ci doivent provenir des valeurs marchandes des activités économiques nationales.

La Tunisie est appelée à faire plus d’efforts en vue d’augmenter ses ressources financières propres en devises, et ce, pour pouvoir effectuer les dépenses prévues dans le budget de l’Etat. Les moteurs de croissance, actuellement en panne, doivent se remettre en marche à un rythme plus rapide, en l’occurrence le tourisme, les exportations et les investissements directs étrangers. Ces secteurs sont pourvoyeurs de devises sans recourir aux bailleurs de fonds étrangers ou à la planche à billets qui peut être à l’origine d’une grande inflation. La meilleure solution est donc de remettre en marche les moteurs de croissance qui sont grippés pour diverses raisons  dont celles qui concernent la pandémie Covid-19 qui a mis l’économie du monde entier sens dessus-dessous.

Les apports en devises ne doivent pas provenir des crédits contractés auprès des bailleurs de fonds internationaux qui sont remboursables dans les délais impartis et en devises. Chaque année, l’Etat prévoit une somme faramineuse pour régler une partie de son service de la dette. Et ce sont souvent les générations à venir qui doivent supporter le remboursement de la dette au détriment des investissements destinés aux projets de développement, de l’infrastructure de base, de l’installation des commodités et des équipements collectifs dans toutes les régions.

Hausse des réserves en devises

D’après les chiffres officiels disponibles, les réserves en devises arrêtées au 9 décembre 2020 couvrent désormais 158 jours d’importation. En effet, ces réserves ont atteint, à la date indiquée, 22,7 milliards de dinars, permettant au pays de couvrir ses importations pendant une période de 158 jours, selon des données publiées, mercredi, par la Banque centrale de Tunisie (BCT). Notre pays importe une partie de ses besoins de consommation du marché international. Ces importations concernent, entre autres, les céréales, les hydrocarbures, les médicaments, les équipements divers, les produits semi-finis, l’huile végétale et d’autres produits de consommation courante vu que la production nationale n’est pas en mesure de satisfaire une demande de plus en plus importante.

D’où la nécessité de disposer régulièrement et en valeur requise des devises à dépenser de façon progressive pour l’acquisition des différents produits finis et semi-finis. En tout cas, la Tunisie a enregistré une hausse des devises par rapport à la même période de 2019, où les réserves ont atteint 18,6 milliards de dinars, ce qui a permis de couvrir les importations pendant une période de 106 jours seulement.

Dans un communiqué publié le 30 novembre dernier, le Conseil d’administration de la BCT avait souligné la régression notable du déficit courant du secteur extérieur, au cours des dix premiers mois de 2020, pour revenir à 5,8% du PIB contre 7,5% pour la même période de l’année précédente.

Ce résultat est imputable principalement aux retombées négatives de la crise du Covid-19 sur le volume et la valeur des échanges de la Tunisie avec l’extérieur. Néanmoins, les flux nets de capitaux extérieurs avaient permis de couvrir le déficit courant et de consolider le niveau des avoirs nets en devises qui ont atteint 22.375 MDT ou 154 jours d’importation au 27 novembre 2020 contre 18.999 MDT ou 107 jours d’importation à la même date de l’année précédente.

Des problèmes d’ordre structurel

La réalisation d’un bon score en matière de devises constitue une belle performance surtout si l’on sait que le secteur du tourisme, l’un des principaux pourvoyeurs de devises, est en crise avant même l’avènement de la pandémie du Covid-19 qui a aggravé davantage le situation et a condamné plusieurs unités hôtelières à réduire leur effectif ou à fermer boutique en attendant l’amélioration de la situation. Malgré les mesures de soutien prises par le gouvernement, plusieurs hôteliers trouvent du mal à reprendre leur activité à un rythme normal. Certaines banques sont réticentes quand il s’agit de fournir des financements pour des secteurs sinistrés comme celui du tourisme, d’autant plus que les perspectives ne sont pas assez claires. Le secteur des agences de voyages souffre lui aussi des problèmes structurels et conjoncturels qui ont pesé lourd sur ses activités.

Quant aux exportations, les résultats réalisés ne répondent pas aux ambitions des exportateurs et du gouvernement. Des efforts supplémentaires doivent être déployés en vue de diversifier davantage les marchés et atteindre les pays dits lointains qui disposent d’importantes potentialités d’achat. C’est le cas de certains pays situés en Asie, en Afrique subsaharienne et en Amérique où les consommateurs qui se comptent par millions demandent divers produits alimentaires et agricoles. La Tunisie est appelée à diversifier davantage ses produits exportables et ne pas se limiter à l’huile d’olive, aux dattes et aux agrumes. Plusieurs autres produits peuvent être vendus au prix fort pour faire entrer des devises à notre pays qui en a beaucoup besoin, ces temps-ci.

Un travail de fond doit également être fait pour attirer les investissements directs étrangers et inciter les détenteurs de capitaux à créer des projets innovants en Tunisie en bénéficiant des différents avantages prévus par la loi d’investissements. Ces projets pourraient créer de nouveaux postes d’emploi et générer des richesses dans divers domaines. Quand ces trois moteurs atteignent leur vitesse de croisière, les devises peuvent affluer vers les caisses de l’Etat sans attendre le déblocage des crédits contractés auprès des bailleurs de fonds à un taux d’intérêt excessif. Les crédits coûtent, aujourd’hui, très cher à la Tunisie vu sa situation économique précaire et les notations négatives données par les agences de notation internationales comme Moody’s et autres. Le transfert des Tunisiens établis à l’étranger est également à prendre en compte et peut contribuer consolider nos avoirs en devises.

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