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Un dialogue au forceps ?

L’Ugtt a appelé le Président de la République à interagir avec son initiative de lancer un dialogue national qui représente une alternative aux tiraillements politiques et une issue à la crise dans laquelle sombre le pays. Force est de reconnaître que la Centrale syndicale cherche à rallumer les moteurs d’un pays en panne. En multipliant les appels à l’adresse du Président de la République, Taboubi ou ses adjoints qui vont vite en besogne semblent vouloir forcer le Chef de l’Etat à donner une réponse claire à leur requête. Pourtant, la réponse leur a été donnée séance tenante lorsque Saïed a reçu le SG de l’Ugtt. Il avait informé Taboubi qu’il ne souhaitait pas que des corrompus ou les forces contre-révolutionnaires fassent partie de ce dialogue. Pour lui, l’axe du mal sous n’importe quelle enseigne n’est pas le bienvenu dans ce cadre si on veut qu’il soit placé sous l’égide de la Présidence de la République. Mais il semble que l’Ugtt bute sur ce point en voulant élargir le périmètre de son initiative à des personnalités ou à des partis dont le profil ne cadre pas avec l’exigence  du Chef de l’Etat.  Pourtant, la solution est simple et il suffit d’écarter définitivement les ténors d’une participation sans exclusion aucune, fussent-ils des lobbyistes impliqués dans des affaires obscures.         

Dans ce cas, l’on se demande pourquoi on aurait besoin d’un dialogue national. Il suffit au Président d’inviter à la table tous ceux qui sont encore habités par les démons du passé ainsi que les prédateurs financiers qui ont saigné aux quatre vaines le pays en spoliant ses biens, pour que la machine fonctionne comme au passé. On voit mal, dans ces conditions, comment une issue favorable pourrait être trouvée au bras de fer engagé au nom d’un dialogue national. C’est pourquoi l’impasse semble être totale même pour l’Ugtt. Et il ne faut pas oublier que la Centrale syndicale est aussi responsable de la crise qui se déroule dans ce vaste théâtre d’ombre après avoir lâché  la bride aux syndicalistes d’agir à leur guise jusqu’à ne plus pouvoir maîtriser ses troupes sur le terrain. Certes, pour l’Ugtt aussi bien que pour le Président, il est difficile de faire machine arrière après avoir affiché de part et d’autre leur disposition à engager ce dialogue mais aussi leurs conditions.  Reste à savoir comment les deux parties comptent faire front commun pour une sortie de crise. Et il suffit que l’Ugtt présente au Président de la République sa feuille de route et annonce ouvertement les noms des personnalités et des différentes parties  qui seront invitées au dialogue pour que le Chef de l’Etat place ou non ce dialogue sous sa férule. C’est simple comme bonjour. Il ne sert à rien de recourir à la politique politicienne qui continue de se jouer dans des villas cossues entre chiens et loups au risque de déborder dans la rue à l’orée d’un nouveau dialogue. Reste à miser sur la sagesse des Tunisiens qui n’ont à l’évidence guère envie de renouer avec les démons du passé et d’être, de nouveau, manipulés au nom de viles ambitions.

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