L’incident malheureux qui s’est produit à Aïn Skhouna, un territoire faisant l’objet d’un litige foncier entre des habitants de Douz (gouvernorat de Kébili) et de Béni Khedach (gouvernorat de Médenine), a tourné à la bataille rangée entre les deux belligérants, faisant un mort et des dizaines de blessés.
Les hostilités ont commencé lorsque des citoyens de la localité d’Aïn Skhouna à Dguech ont démoli une baraque érigée par un ressortissant de la ville de Douz pour servir d’aire de repos aux passants. Cet acte d’agression avait pour objectif d’éloigner un « étranger » qui « cherche à exploiter ces lieux, estimant qu’il revient de droit aux natifs de la région d’avoir ce privilège. Ce fut la salve qui a transformé ces lieux paisibles en champ de bataille entre les deux adversaires. Pour conjurer les dissensions tribales, le Chef de l’Etat s’est rendu hier afin de calmer les esprits et enrayer les affrontements meurtriers.
Toutefois, deux faits importants sont à relever dans le cadre de cette affaire. D’abord, la question sur la délimitation du territoire qui traîne encore dans les tribunaux tunisiens, avec une justice qui tourne au ralenti sans avoir pu trancher la question. De ce fait, les deux parties ont continué à revendiquer leur droit sur cette terre, le tout sur fond de tension tribale entre des frères d’armes, qui par le passé avaient fait front commun contre le colonisateur. L’atmosphère était délétère et propice à l’explosion..
Ensuite, l’occupation d’une petite parcelle d’à peine quelques mètres pour ériger une baraque démontre que l’origine du conflit porte plutôt sur l’opportunité commerciale que représente cette baraque à proximité d’une source d’eau thermale. C’est donc le gagne-pain de ce monsieur qui est visé et non pas les Mrazigs en tant que tribu ou clan. De ce fait, c’est encore l’absence de développement régional qui est la source des tensions et des troubles. Mais il y a eu mort d’homme et l’on craint que la situation ne dégénère. C’est le prix du sang que la tribu du défunt pourrait chercher à assouvir en mettant le feu aux poudres dans la région que le Président Saïed veut éviter. En effet, c’est une situation propice au développement de l’esprit de clan que le Président de la République cherche à contourner par des moyens plus sages que ceux du recours à la répression des émeutiers. Mais tant que les gens dans ces régions rudes sont condamnés à errer pour gagner leur vie, ne règneront ni calme, ni stabilité. Car seul le développement régional pourrait détruire l’organisation tribale ou clanique. Et c’est social.