Ils ont dit

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Abdeljelil Bedoui, Professeur d’économie

« Les fonds, qui auraient été illicitement transférés à l’étranger, atteignent 4,1 milliards de dollars, soit 11,4 milliards de dinars depuis 2015. Avant la révolution,  les transferts illégaux de fonds vers l’étranger étaient de l’ordre de 1,6 milliard de dollars, soit 4,4 milliards de dinars. Ces fonds auraient été suffisants pour financer le développement et satisfaire les revendications du peuple en termes d’emplois. J’estime que le modèle actuel de développement a fait preuve d’inefficacité et a montré ses limites depuis plus d’une décennie. Ce modèle est en totale contradiction avec les acquis constitutionnels garantis par la Constitution de 2014. La mise en œuvre de ces acquis  requiert un minimum de solidarité nationale, un rôle plus renforcé de l’Etat en tant que garant des différents droits, une meilleure redistribution des richesses et des revenus et un intérêt plus vif pour les questions sociales. Il faut faire attention à la présence plus accentuée du secteur parallèle en l’absence d’un véritable modèle de développement, mais aussi au risque d’une désintégration de l’Etat. La période de transition démocratique aurait dû connaître la mise en place d’un Etat de droit et des institutions. Hélas, rien de cela n’a été fait. Au contraire, la détérioration des indicateurs à tous les niveaux et la cacophonie politique favoriseront l’émergence d’un Etat de contrebandiers et d’organismes parallèles ayant pris la place des partis et des organisations nationales ».

Kamel Sahnoun, Doyen des ingénieurs tunisiens

«Chaque année, 3.500 ingénieurs tunisiens quittent le pays pour s’établir à l’étranger. Il faut savoir qu’un ingénieur coûte à l’Etat 10 mille dinars par an et, dans les écoles privées, les étudiants paient 7 millions par an, sans oublier que l’ingénieur coûte à l’Etat de l’enseignement primaire à l’université 100 millions. L’une des spécialisations d’ingénierie les plus importantes qui quittent le pays est le domaine des médias et de la technologie. Il y a annuellement 1.000 ingénieurs qui se retrouvent au chômage et le modèle de développement en Tunisie n’est pas en harmonie avec la réalité du développement technologique. Parmi les raisons de l’émigration des ingénieurs ,figurent les problèmes matériels et l’absence de conditions de travail convenables ».

Samir Saïed, Président-directeur général de Tunisie Telecom

« Tunisie Telecom fait un pas très important vers le futur, en entamant, avec succès, la phase d’expérimentation de la technologie de cinquième génération mobile. TT a fait les tests pour la 5G parce qu’en tant que locomotive de la digitalisation en Tunisie et en tant qu’opérateur historique, nous devons toujours être à la pointe de la technologie. Aujourd’hui, la 5G est en train de révolutionner les technologies et nous devons donc nous préparer. Ce premier test s’est fait à petite échelle pour vérifier que notre réseau est capable de supporter la 5G et que nous sommes techniquement prêts. Mais en amont, notre travail doit se poursuivre pour améliorer la 4G qui fera office de fondation pour le passage à la 5G au moment opportun, tel que planifié par le ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique. Les tests ont été concluants et la 5G fonctionne sur le réseau de TT, mais le lancement ne peut pas être imminent pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il faut exploiter le réseau 4G et généraliser son exploitation au niveau de toutes les régions et l’améliorer techniquement pour que demain il puisse supporter la 5G. Il est important de bénéficier des progrès qui vont avoir lieu dans la cyber-sécurité parce que la 5G et l’explosion du Data auront des systèmes plus vulnérables, donc il faudra qu’on se prépare à cela ».

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