La dissonance du discours autour de la lutte antiterroriste, l’impunité dont jouissent toujours les personnes impliquées dans les réseaux de recrutement et d’envoi de nos jeunes vers les zones de combats et l’émergence d’un discours violent et rétrograde à l’hémicycle sont autant de facteurs alarmants qui ne font qu’ébranler en permanence la résilience face à l’hydre terroriste au lieu de la renforcer.
Indéniablement, la situation sécuritaire s’est beaucoup améliorée depuis le départ de la Troïka jugée trop laxiste à l’égard de l’extrémisme violent et les groupes radicaux post-révolution, mais le retour à un discours qu’on croyait pourtant révolu à jamais au sein de l’ARP et la montée au créneau des obscurantistes semblent bizarrement profiter aux éléments terroristes terrés dans les montagnes. La décapitation d’un jeune berger dimanche dernier doit plus que jamais alerter les politiques sur les menaces de déstabilisation qui planent sur le pays et l’urgence de mettre de côté leurs divergences.
C’est dans l’une des délégations relevant du gouvernorat de Kasserine, qui enregistre le taux de pauvreté le plus élevé dans le pays, que l’acte barbare a été commis. «Il s’agit de la localité de Slatnia à proximité de Jebel Salloum où le jeune martyr Okba Dhibi a été égorgé devant deux de ses proches qui ont été ligotés au moment de l’assassinat avant d’être libérés», selon les déclarations du porte-parole officiel du tribunal de première instance de Kasserine, Ryadh Nouioui.
La même source avait envisagé la piste terroriste en raison des circonstances de l’acte et la présence de groupes terroristes retranchés dans les hauteurs du mont Selloum.
Pour sa part, le ministère de l’Intérieur a confirmé dans un communiqué la thèse d’un acte terroriste, tout en précisant que le martyr et ses proches avaient été la cible d’une attaque menée par des éléments terroristes dans la zone militaire fermée de Slatnia, selon les premiers éléments de l’enquête.
Horrible acte visant vraisemblablement à les terroriser et les dissuader de toute éventuelle collaboration avec les unités sécuritaires. Une thèse confirmée par l’oncle du martyr dans son témoignage diffusé sur les ondes d’une radio privée. En effet, ce dernier a expliqué que les éléments terroristes au nombre de six avaient bien planifié leur vil acte et soupçonnaient le martyr d’avoir des contacts avec les services de la police. Au moment où ils l’avaient encerclé en compagnie de ses deux proches, ils ont demandé qui d’eux répondait au nom de Okba. L’objectif fut donc de le capturer et l’égorger. Dans son intervention, l’oncle a ajouté que le martyr était âgé de 28 ans et qu’il s’est farouchement défendu et tenté de fuir avant d’être assassiné. «Apparemment, les terroristes étaient bien informés et avaient leurs propres sources sur lesquelles ils pouvaient compter», a conclu le témoin.
Le père du martyr a lui aussi expliqué que les terroristes qui ont décapité son fils ont pris le soin de lui confisquer son téléphone avant de commettre leur acte barbare. Ils avaient donc cherché à savoir s’il a été en contact ou non avec des sources sécuritaires.
Troisième assassinat depuis 2015
Se trouvant ainsi au cœur d’une «guerre de renseignement» livrée d’un côté par les unités sécuritaires qui veulent démanteler les cellules de soutien et les cellules dormantes et de l’autre par les groupes terroristes qui cherchent à dissuader le citoyen de l’idée de coopérer avec les services de la police, d’honnêtes et pauvres citoyens, vivant en général dans des conditions de vie précaires et difficiles, paient encore le prix fort de leur amour pour la patrie au moment où les politiques continuent à se chamailler sous l’hémicycle.
Pour rappel, le 13 novembre 2015, Mabrouk Soltani, le berger âgé seulement de 16 ans, avait été assassiné au mont Mghilla (délégation de Jelma, Sidi Bouzid) devant son cousin avec le même modus opérande par des éléments terroristes ayant prêté allégeance à «Jund Al-khilafa»( Daech) qui n’ont pu échapper à la traque des unités sécuritaires et militaires et ont fini par être capturés en décembre 2018. Parmi ces éléments figurait le dangereux terroriste Bourhan Boulaâbi.
Malheureusement, en juin 2017, Khalifa Soltani, le frère de Mabrouk, retrouve le même sort. L’organe de propagande de Daech (Amaq) avait revendiqué l’acte terroriste et présumé que ce dernier était «une source à la solde des unités sécuritaires».
Discours discordant à l’ARP
Les experts de la lutte antiterroriste ont beau expliquer qu’il faut éviter les tiraillements politiques dans la guerre contre ce fléau, mais il semble que dans notre pays, ce n’est pas le cas. A entendre certains députés qui se dissimulent derrière leur immunité parlementaire imputer des opérations terroristes perpétrées à des services de renseignements étrangers ne surprend plus. Les amateurs des théories du complot et de l’ingérence étrangère semblent avoir de beaux jours devant eux.
Au sein de l’ARP, il paraît aussi que chaque partie a sa propre perception du terrorisme au point que la séance plénière consacrée à l’examen de la motion présentée par le PDL et condamnant le blanchiment du terrorisme a été levée pour «absence de quorum». Et pourtant, la présidence de l’ARP a appelé dans son communiqué dénonçant cet acte barbare à «s’unir contre le terrorisme en tant qu’ennemi commun».
Mah20 et denguir mahmouddd
22 décembre 2020 à 14:55
Cette ambiguite ,cette bivalence ou ambivalence comme on voudra bien l interpréter,est scandaleuse et même honteuse! La révolution de la liberté et de la dignité a enfante d une chimère celle de l apparat démocratique devoyè au service de l obscurantisme interne soutenue par des forces étrangères .j ai honte d être tunisien a la vue de ces innombrables incapables qui nous représentent et qui sont censés défendre nos intérêts! La belle blague