Cette équipe clubiste a soit totalement démissionné, soit elle est tout simplement dépassée par les événements. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est pas à la hauteur de la passion que suscite ce club.
Après le succès de Kairouan, le CA s’était pris à rêver. Et si cette joyeuse fratrie de jeunes marchait sur les pas de ses illustres aînés, tels que Houssem Hadj Ali, Sabri Bouhali, Faouzi Rouissi, Adel Sellimi, Lassaâd Lahnini et autres clubistes pure souche, passés de la catégorie junior directement vers les seniors début des années 90 avec le résultat que l’on connaît.
Faut pas rêver, les jeunots actuels ne sont pas issus du même moule. Collectivement aussi, circulez, il n’y a rien à voir. Au-delà de la débâcle collective qui marque encore les esprits, ce CA-là peut aujourd’hui mesurer tout le chemin qu’il lui reste à parcourir avant de redevenir une terreur du championnat. A Sfax, les Clubistes n’ont jamais trouvé la bonne carburation, enchaînant maladresses techniques et mauvaises passes, tout en se montrant inexistant dans les duels. Le plus souvent incapables de franchir, balle au pied, le milieu de terrain adverse, les hommes de Lassaâd Dridi se sont le plus souvent contentés d’expédier de longues ogives en direction de Chamakhi et Compaoré, sur lesquelles les défenseurs adverses se sont régalés. Passifs, incapables de développer un jeu à une touche de balle, d’accélérer le rythme, les Clubistes ont balbutié leur football et pouvaient même s’estimer heureux de ne pas subir davantage. Par moments, l’absence totale de marquage semblait hallucinante. Cette équipe avait, soit totalement démissionné, soit elle est tout simplement dépassée par les événements. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est pas à la hauteur de la passion que suscite ce club.
Autant en emporte le vent
Toujours en marge du sommet du Mhiri, les hommes de Dridi ont montré quelques intentions en première période. Seulement, le jeu du CA a cruellement manqué de créativité. Face à une défense en perte de repères et peu engagée dans les duels, le CSS a su concrétiser ses meilleures séquences. Puis, les Sfaxiens ont déroulé leur plan de jeu sans avoir vraiment eu à forcer. Une copie peu glorieuse que celle rendue par le CA. Quelles que soient la conjoncture et les circonstances atténuantes dont pourrait bénéficier le CA, rien ne peut expliquer cette platitude. On se demande pourquoi cette équipe est aussi inoffensive, désarmée par moments ! Quant au coach, franchement, il ne demande rien de totalement impossible à ses joueurs : ni sa méthode ni son système ne sont révolutionnaires et difficiles à assimiler. Et puis, les joueurs n’ont pas besoin d’apprendre à se connaître !
L’ombre et la proie
On dit souvent que le football se divise toujours en deux clans : les romantiques et les comptables. Les premiers aiment le jeu, la flamboyance, et parfois la défaite, si elle est belle. Les seconds sont cliniques, froids et ne rêvent que de victoires, quelle que soit la manière. Le CA de Lassaâd Dridi a jusque-là choisi le camp des pragmatiques. Et ça ne lui réussit toujours pas. Le constat est tel qu’avec ce CA-là, le beau jeu reste sur le carreau. Et au-delà des comptes d’apothicaires, c’est la prestation clubiste qui effraie. Le CA ronronne avec ces lacunes techniques, cette animation offensive timide et ce manque de créativité qui ont rendu son match face aux Sfaxiens peu attractif. Gagner ou perdre, il ne faut jamais oublier que le football reste avant tout un spectacle et que certaines équipes échappent à la logique des chiffres. Le CA n’y échappe pas, car il représente, dans le football tunisien, un club dont le présent est comptable du passé. Au CA, on doit forcément défendre une certaine idée du football. A-t-on envie de soutenir une équipe sans panache ? Pas sûr !