De nombreux facteurs sont à l’origine de la situation épidémiologique catastrophique qui prévaut dans le gouvernorat de Sfax
La situation sanitaire est catastrophique et semble être hors de contrôle dans le gouvernorat de Sfax qui n’arrive plus à faire face à l’explosion du nombre de contaminations ces derniers jours.
Le nombre de cas par jour, qui suit une courbe exponentielle, a atteint une moyenne de 270 personnes positives au Covid au cours des trois derniers jours. Le bilan s’est élevé, hier, à 315 personnes et devra probablement passer à 500 cas et plus d’ici à la fin de l’année, au vu du relâchement et du laisser-aller observés dans la ville du Sud.
De nombreux facteurs sont à l’origine de la situation épidémiologique catastrophique qui prévaut dans le gouvernorat de Sfax, selon le Docteur Hédi Letaief, médecin généraliste de libre pratique et membre du Conseil régional de l’Ordre des médecins. Elle est notamment consécutive à la pénurie d’essence et de bouteilles de gaz dans la région qui a généré de longues files d’attente dans lesquelles ni le port de la bavette ni la distanciation sociale n’ont été respectés, explique le médecin. A cela, vient s’ajouter le manque de communication des autorités de tutelle peu soucieuses d’organiser des campagnes visant à sensibiliser les citoyens à l’importance du respect des mesures barrières pour endiguer la pandémie et freiner le nombre de contaminations dans le gouvernorat.
« Les autorités locales ne fournissent pas vraiment d’efforts pour mettre en place des mesures ou pour organiser des actions destinées à sensibiliser les citoyens aux gestes barrières et à élargir et renforcer le dépistage dans la région afin d’améliorer le suivi, la traçabilité et la prise en charge des personnes atteintes du coronavirus, note le Docteur Hédi Letaief.
On note une absence totale des autorités à ce niveau. Si les autorités régionales avaient résolu rapidement le problème de la pénurie de bouteilles de gaz à titre d’exemple, il n’y aurait pas eu autant de files d’attente à l’origine aujourd’hui de l’explosion du nombre de contaminations dans la ville de Sfax ».
Des hôpitaux arrivés à saturation
Quant à la prise en charge des malades Covid, elle est tout simplement désastreuse, s’inquiète le médecin qui pointe du doigt la situation catastrophique des deux hôpitaux régionaux du gouvernorat arrivés à saturation. « Les services de réanimation et de soins intensifs de l’hôpital Habib Bourguiba où sont prises en charge les formes graves sont saturés. Tous les lits de réanimation sont occupés, explique le médecin. Il faut attendre qu’un lit se libère pour prendre en charge un malade Covid atteint d’une forme grave. Les services infectieux Covid et pneumo-Covid, dont la capacité est de 84 lits, sont également saturés à l’hôpital Hédi Chaker. Je ne comprends pas pourquoi l’hôpital chinois dont l’inauguration a eu lieu récemment et qui est équipé pour prendre en charge les malades Covid n’est toujours pas opérationnel ! ». La saturation des hôpitaux a obligé les personnes qui présentent des syndromes grippaux similaires à ceux de la Covid-19 à se tourner vers les cabinets des médecins généralistes de libre pratique de la ville de Sfax qui ont enregistré ces derniers jours un grand afflux de patients. « 80% des patients présentant les symptômes de la Covid-19 ont consulté dans les cabinets des médecins privés de première ligne. Les cabinets sont surchargés, ce qui rend difficile le respect de la capacité d’accueil de 50%, ainsi que celui du protocole sanitaire. Le personnel médical dans les hôpitaux et les cabinets privés a atteint le stade d’épuisement face au flux croissant des malades du Covid. Seulement 40% des personnes suspectées d’être positives au coronavirus respectent le confinement, alors que 60% ne se sont pas confinés et se promènent comme si de rien n’était. Quant à nous, nous sommes grandement exposés au risque de contamination en raison du mouvement quotidien des patients dans nos cabinets. Pourtant, aucune action n’a été entreprise pas le ministère pour renforcer la protection des médecins de première ligne dans les structures de soins privées. Où est l’argent du Fonds 1818 dont le déblocage devrait permettre renforcer l’infrastructure du système de santé et la protection du personnel dans les structures de soins publiques et privées ? C’est bien la question que nous nous posons, nous autres blouses blanches ».