Aram Belhadj, économiste

«La sécurisation des sites nationaux de production pétrolière et des phosphates doit être associée à une nouvelle approche de développement régional qui reconnaît aux habitants des zones de production leur droit à une vie digne. Les sites nationaux de production pétrolière et des phosphates devraient être traités comme des questions de sécurité nationale. L’Etat ne doit pas tolérer les dépassements au niveau de ces sites. La sécurisation de la production est indispensable pour la crédibilité de la Tunisie auprès de ses clients. Elle permet aussi de rétablir les équilibres des finances publiques. Un changement d’approche et une nouvelle stratégie de développement régional devront être opérés au plus vite. L’autorité de l’Etat doit rimer avec le droit à un emploi décent et une infrastructure moderne dans les zones où se trouvent ces sites.  Afin de favoriser la création d’emploi et améliorer les conditions de vie des citoyens chômeurs, la formation professionnelle pourrait être un atout. Elle permettra aux chercheurs d’emploi de maximiser leurs chances. Elle facilitera aussi l’adaptation aux besoins du marché du travail tunisien. La mise en place de modalités de financement appropriées demeure une question fondamentale pour favoriser l’entrepreneuriat et l’auto-emploi».

Jaber Bouatouch, président de la Ftav

«La fermeture et la suspension des activités la nuit du 31 ne changerait pas grand-chose.  Nous vivons déjà une situation de blocage depuis des mois, le secteur est en crise et les activités touristiques sont altérées depuis mars 2019. Le maintien de certaines activités aurait pu soulager certains acteurs du secteur. Je propose de permettre un minimum d’activités touristiques, comme le tourisme saharien, les voyages internes, les randonnées… La fermeture des établissements touristiques est le résultat de décisions unilatérales qui ne prennent pas en considération le secteur. Afin de rétablir la stabilité du secteur tout en se protégeant du virus, la Ftav a proposé un protocole sanitaire spécifique au secteur touristique et a présenté la proposition du protocole sanitaire bleu. Nous l’avons communiqué à l’OMS, à l’International air transport association et à l’OMT. Cette proposition permet de rétablir la confiance avec les agences de voyages. Entre mars et décembre 2020, la régression des activités du secteur touristique en Tunisie a atteint 80%. Nous avons connu une baisse de 79,6% de touristes maghrébins en 2019. Le tourisme interne a régressé de 45% par rapport à l’année 2019. Cette régression du tourisme a infligé des dégâts à d’autres secteurs, comme celui du transport maritime, qui a connu  une baisse de 80% par rapport à 2019. La reprise des activités à un rythme normal n’est pas envisageable pour le moment, et c’est seulement au cours de l’année 2022 que le secteur retrouvera un rythme similaire à l’année 2019 ».

Majdi Zribi, expert international en bâtiment

«Les zones anarchiques, qui se sont développées un peu partout autour des grandes villes, parfois au détriment des terres agricoles, résultent d’une régression progressive du rôle de l’Etat en matière d’habitat social durant les années qui ont précédé la révolution, mais aussi de l’absence de contrôle pendant la période postrévolutionnaire et des difficultés économiques ayant favorisé davantage le phénomène de l’exode. L’Etat doit reprendre pleinement son rôle afin de favoriser une meilleure harmonie de l’espace urbain et de satisfaire les besoins des couches sociales à revenus faibles et moyens en matière de logement. Les différents programmes relatifs à l’habitat social doivent veiller à rapprocher les habitats conçus des pôles des grandes villes afin de susciter l’intérêt des citoyens. Il faut, par ailleurs, veiller à ce que toutes les commodités nécessaires soient disponibles, comme les écoles, les centres de soins, l’assainissement, l’éclairage public, les routes respectant les normes, le réseau internet, le transport public, les terrains de sport, les maisons de la culture… afin que les citoyens ne soient pas contraints de les quitter ultérieurement pour chercher ce genre de commodités. Il faut que le cadre global respecte le droit des citoyens aux différents services publics. Les mêmes conditions doivent être respectées pour l’aménagement des lotissements sociaux. La politique des prix des habitats doit prendre en considération les capacités financières des ménages tunisiens».

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