Accueil Société Hamdi Hached, Ingénieur en halieutique et environnement, inventeur et militant écologiste, à La Presse : « Le terrorisme écologique fait son apparition ! »

Hamdi Hached, Ingénieur en halieutique et environnement, inventeur et militant écologiste, à La Presse : « Le terrorisme écologique fait son apparition ! »

Les déchets italiens en Tunisie ont fait l’objet de plusieurs débats médiatiques ces derniers jours. Afin d’apporter plus de clarifications sur ce sujet du point de vue scientifique, Hamdi Hached, ingénieur en génie halieutique et environnement, inventeur du biocarburant et militant écologiste, livre ses réflexions à La Presse.

Tout d’abord, pour nous mettre dans le bain M. Hamdi,  comment estimez-vous la situation écologique actuelle en Tunisie ?

Sincèrement, tous les indicateurs reflètent une dégradation importante de l’état de l’environnement en Tunisie selon les statistiques et les travaux de terrain réalisés par des organisations mondiales.

Actuellement, la pollution s’accélère, on vit un rythme qui va crescendo.

Bien évidemment, les types de pollution sont multiples. Aujourd’hui, on parle même de pollution avec des métaux lourds et qui a touché à tout : au sol, aux eaux et à l’air…

En fait, on parle aujourd’hui de développement, sauf que malheureusement en Tunisie, développement et environnement ne vont pas de pair.  Lorsqu’on ne pense qu’aux investissements sans prendre en considération le côté écologique, c’est vrai qu’à court terme on va gagner de l’argent, sauf que les pertes seront beaucoup plus importantes à  la longue !

En fait, avec un budget qui ne dépasse pas 0.1% du budget total de l’Etat, je ne pense pas qu’on puisse arriver à grand-chose.

Trouvez-vous que cette dégradation dont vous parlez soit en relation avec ce qu’on vit actuellement ?  Je vise, bien évidemment, la crise du Covid…

Effectivement, la pollution et l’agression qu’a subies la nature de la part de l’homme, ne pourraient que favoriser la propagation des maladies et des virus.  En fait, l’envahissement des forêts, des océans, des mers et des tourbières par l’être humain a brisé cette barrière qui existait entre le monde animal et le monde humain, ce qui a engendré la propagation des zoonoses qui sont les maladies qui se transmettent de l’animal à l’humain, entre autres, le virus du Covid-19… et, malheureusement, il ne sera pas le dernier !

Au début, les personnes impliquées dans la pollution ont dit que ces déchets sont recyclables, mais il s’est avéré que ce n’est pas le cas, alors de quoi réellement sont-ils composés ?

Ces déchets sont très dangereux car ils contiennent des résidus des sévices Covid+ des hôpitaux italiens, donc ce sont des déchets infectés par le virus, essentiellement des déchets organiques et d’autres déchets plastiques, mis à part une autre partie des déchets dont l’origine est encore inconnue.

Après l’arrestation des personnes impliquées, à votre avis, la réexportation de ces déchets serait-elle la solution à adopter?

Normalement c’est la solution qu’il faut prendre, mais comme vous le savez, selon la convention de Bâle, il y a des délais de réexportation qui sont fixés à 90 jours à compter du moment où l’Etat en question a informé l’Etat d’exportation et le secrétariat.

En effet, aujourd’hui nous sommes déjà à presque trois semaines près de la date-butoir. Mais, franchement je ne pense pas qu’on va y arriver… Le compte à rebours est enclenché, et le temps n’est pas en notre faveur !

Il faut noter que l’Italie a déjà des antécédents dans ce domaine.

En fait, ce même scénario s’est déjà passé avec la Malaisie, sauf que cette dernière a pu réexporter les déchets a temps et a pu avoir une compensation financière.

Et si on n’y arrivait pas, que pourrait-on faire dans ce cas ?

Il faut savoir tout d’abord que ce genre d’infraction ne peut réussir que lorsqu’il est bien structuré avec toutes les parties impliquées. De plus, cet incident n’est pas le premier en son genre et ne sera malheureusement pas aussi le dernier, sauf que cette fois-ci, le sujet a été médiatisé.

De toute façon, ce que je pourrais vous garantir c’est que nous, en tant qu’acteur dans le domaine environnemental, nous n’allons pas lâcher l’affaire et nous allons la poursuivre à l’échelle mondiale pour remporter la victoire contre ce nouveau type de terrorisme, qu’est le terrorisme écologique !… Une chose est sûre, c’est qu’il y a du pain sur la planche !

Charger plus d'articles
Charger plus par Sarah BEN OMRANE
Charger plus dans Société

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *