Un nombre important de brevets d’invention est déposé régulièrement à l’Institut national de normalisation et de propriété industrielle, provenant de jeunes compétences formées dans les grandes écoles tunisiennes et étrangères dans des spécialités pointues. Or, on constate, malheureusement, que ces brevets d’invention, qui peuvent changer le cours de l’entreprise, ne sont pas tous exploités pour leur industrialisation. Fabriquées comme prototypes, ces innovations ou inventions ne trouvent pas souvent une suite favorable auprès des entreprises qui peuvent les fabriquer après consentement de l’inventeur. Cela veut dire que l’invention et l’innovation ne trouvent pas encore la place qu’elles méritent dans notre industrie et c’est bien dommage.
Dans les pays développés, soucieux de rendre leur économie et leur industrie plus compétitives, on donne une place de choix aux nouvelles inventions qui ne sont pas à la portée du premier venu. L’inventeur investit souvent une somme faramineuse pour élaborer son plan et fabriquer le prototype qu’il s’empresse d’enregistrer dans les registres de l’Innorpi dans l’espoir de voir un industriel s’intéresser à son travail mais rien ne pointe à l’horizon. On connaît un inventeur qui a dû vendre ses effets personnels pour pouvoir mettre au point une invention utile et qui permet à l’industriel d’économiser de l’argent, mais il n’a pas pu séduire ces unités industrielles pour fabriquer son prototype en série.
De ce fait, les inventeurs ne sont pas très motivés pour travailler plus et proposer des outils ou du matériel nouveau capables d’accroître la rentabilité, de faire des économies ou de développer une activité. De plus, ces inventions— ou du moins la plupart d’entre elles—ont un taux d’intégration 100% local. C’est-à-dire que les composants utilisés dans le matériel réalisé proviennent du marché local.
De telles inventions font donc gagner à la Tunisie un important panier de devises, généralement prévu pour l’acquisition des équipements de l’étranger. D’où la nécessité d’encourager davantage les inventeurs et les innovateurs par l’organisation de concours sur tout le territoire national pour découvrir de nouveaux talents ou génies qui n’attendent qu’un coup de pouce pour faire des prouesses utiles à l’économie nationale et à la croissance.
Des primes pourraient également être données à ces jeunes qui ont des idées excellentes à mettre en œuvre. Encore faut-il que les chefs d’entreprise contribuent efficacement à l’exploitation de ces innovations afin que la Tunisie occupe les premiers rangs au niveau mondial dans la recherche/développement qui constitue un garant pour le développement et la croissance. La Tunisie n’est forte, comme l’a souligné le Président Habib Bourguiba dans l’un de ses discours, que par sa matière grise car elle ne dispose pas de beaucoup de ressources naturelles. Et cette matière grise doit être mise au profit d’une économie qui cherche encore la voie de la sortie de crise.