La fabrication des jouets dans notre pays n’a pas connu une très grande évolution, ce qui a permis aux jouets fabriqués ailleurs de prendre place dans le marché tunisien. Dans le monde, le secteur s’adapte de plus en plus aux exigences des consommateurs, générant des bénéfices conséquents, ce qui n’est pas encore le cas pour plusieurs industriels tunisiens.
Le secteur des jouets en Tunisie n’a pas connu une très grande évolution depuis l’Indépendance, dans la mesure où la valeur ajoutée est restée modeste par comparaison avec les jouets importés de l’étranger et, notamment de l’Europe et de l’Asie, où les fabricants de jouets sont nombreux, proposant aux enfants des jouets intelligents, électriques et électroniques. Parmi les gadgets les plus appréciés par les enfants, on trouve ces poupées qui parlent au toucher et qui dansent sur le son d’une musique. Des talkies-walkies qui fonctionnent, des épées lumineuses, des tableaux électroniques et autres jouets qui attirent l’attention, non seulement des petits, mais aussi des adultes qui sont surtout férus des jeux électroniques. En général, tous ces jouets fonctionnent avec des piles rechargeables ou jetables.
La Tunisie n’a pu suivre ce mouvement et l’industrie des jouets et est restée embryonnaire pour ne pas dire primitive sans aucune valeur ajoutée. On ne peut pas parler, d’ailleurs, d’une vraie industrie, mais juste d’un secteur artisanal peu prospère. Ainsi, les opérateurs tunisiens dans ce secteur se contentent de fabriquer des peluches, des dames et des poupées figées en plastique sans aucun composant électronique ! Par contre, dans les jeux de réflexion et de découverte, les Tunisiens excellent.
Des boutiques en régression
Souvent conçus sur du carton (genre puzzle) ou du bois léger, les jeux conçus par des Tunisiens sont appréciés par les jeunes qui sont appelés à utiliser leur intelligence pour résoudre les problèmes posés. Quant aux plus petits, ils préfèrent toujours les jouets venus d’ailleurs, comme les petites voitures électriques, les armes à feu et, bien sûr, l’incontournable jeu électronique. Ce retard enregistré au niveau de l’industrie des jouets est dû essentiellement à la faible capacité d’innovation dans ce domaine. Certes, certains génies ont pu mettre au point de petits véhicules, mais de telles réalisations sont restées au stade du prototype, car aucun industriel ne s’est intéressé à les fabriquer en série.
Même le nombre de boutiques de vente des jouets se rétrécit comme peau de chagrin, vu le manque de clients. C’est au cours de la fête de l’Aïd Essghir que ce commerce connaît sa floraison. Le reste de l’année, on n’enregistre que des achats rares. D’autant plus que le marché est investi par le commerce parallèle—notamment durant les périodes de fête—pour commercialiser des jouets venus d’ailleurs, et notamment de Chine, de Hong Kong et Taïwan. Dans les années soixante-dix et quatre-vingts, on en comptait un à la rue d’Espagne, qui a fermé ses portes suite à la régression du nombre des clients. Récemment à Ezzhara, à la banlieue sud de Tunis, une boutique vendant des jouets importés a mis aussi la clé sous le paillasson. On apprécie aussi l’ancienne boutique qui se trouve au Colisée, ainsi que celle qui se trouve à la rue Amilcar et d’autres encore. Mais ces boutiques ont la particularité de ne vendre que les jouets importés, car la production nationale est absente ou presque.
L’industrie des jouets n’est pas à la portée du premier venu, car les mécanismes qui font fonctionner un jouet sont compliqués à monter, et exigent beaucoup de technicité et de savoir-faire. Pourtant, le secteur peut ouvrir de nouveaux horizons pour les professionnels, à condition d’assainir le marché parallèle et de conclure des partenariats avec les grands fabricants de jouets, comme «Meccano» pour fabriquer ensemble des gadgets utiles pour nos enfants et qui peuvent être exportés vers certains marchés de proximité, comme ceux libyen et algérien. Avec l’invasion des jeux dans les Smartphones et les ordinateurs, les jeunes sont devenus plus exigeants et optent souvent pour les appareils digitaux qui comprennent de nombreux jeux vidéo.
Il faut rappeler aussi que la Tunisie ne dispose pas d’une stratégie claire visant à développer l’industrie des jouets. Les quelques projets lancés relèvent d’initiatives privés de jeunes déterminés à relever le défi et s’imposer sur le marché. Ces derniers ne bénéficient pas d’encouragements matériel et financier, et doivent compter sur eux-mêmes pour réussir. Au premier pépin rencontré, ces jeunes jettent l’éponge et vont voir ailleurs.