Selon une enquête réalisée par l’Iace en partenariat avec la fondation EFE, 16% des entreprises ont amélioré l’infrastructure IT de leurs organisations. 60% d’entre elles ont investi dans l’achat de matériel informatique, tandis que 30% ont dépensé de l’argent pour l’acquisition de solutions IT pour la gestion du télétravail.
Si tout le monde s’accorde sur le fait que la crise sanitaire du coronavirus a donné un coup d’accélérateur à la numérisation, c’est-à-dire à la transition vers le tout numérique, les fractures digitales, que ce soit entre pays ou entre régions du même pays, persistent. Le télétravail est l’exemple parfait qui peut illustrer les inégalités numériques. Lors du confinement général qui a été décrété entre les mois de mars et de juin 2020, outre la fonction publique, plusieurs entreprises tunisiennes ont recouru au télétravail afin de poursuivre leurs activités tout en respectant les mesures de restriction des déplacements qui ont été prises par le gouvernement, et ce, en l’absence d’un cadre réglementaire qui régit le télétravail.
Deuxième vague, plus féroce, oblige: le télétravail est de retour. Préconisé par le gouvernement pour freiner l’accélération de l’épidémie, le travail à distance semble encore une fois regagner du terrain. Mais le télétravail ne peut s’improviser du moment où il nécessite des équipements informatiques, une bonne connectivité et surtout de nouvelles méthodes d’organisation au sein de l’entreprise. Autre bémol avec le télétravail: toutes les activités ne sont pas « télétravaillables ».
Incapacité de se conformer au changement
D’après le rapport de l’Iace en date du 6 avril 2020, seulement 30% des entreprises privées ont procédé au télétravail, lors de la première vague de l’épidémie. Le reste était confronté à l’incapacité de se conformer à ce changement, note-t-on dans le rapport. Les raisons de cette inaptitude à suivre le changement sont multiples. Le rapport évoque la nature de l’activité des entreprises, leur incapacité à réagir dans l’urgence face à la propagation rapide du Covid-19, outre le fait que plusieurs employés, agents et cadres d’entreprises tunisiennes, ne disposaient pas de moyens et d’outils en termes de logistiques et de connaissances nécessaires pour gérer le changement du mode de travail.
Les résultats de deux études évoquées dans le guide pratique “le télétravail durant et après la pandémie de Covid- 19”, qui a été publié au mois d’octobre 2020 par l’Organisation internationale du travail (OIT), corroborent ces faits. Ils révèlent que les possibilités du télétravail dans un pays dépendent de plusieurs facteurs déterminants majeurs, tels que la structure économique et professionnelle, l’accès internet haut débit et le taux de possession d’ordinateurs personnels.
« Selon ces études, les possibilités de télétravail sont corrélées au niveau du développement économique d’un pays. Par conséquent, les pays où l’emploi se concentre dans des secteurs, tels que les technologies de l’information et de la communication (TIC), les services professionnels, la finance, les assurances et l’administration publique peuvent orienter une plus grande proportion de la main-d’œuvre vers le télétravail, contrairement aux pays fortement tributaires de l’agriculture, du secteur secondaire, du bâtiment et du tourisme », lit-on dans le document.
Intégrer le télétravail dans les nouvelles méthodes d’organisation
Face à cet enjeu impératif de numérisation et de basculement vers le numérique, beaucoup d’entreprises tunisiennes ont franchi le pas et entamé le processus d’adaptation à cette nouvelle donne imposée par le travail à l’ère de la Covid-19. Selon les résultats d’une étude réalisée conjointement par l’INS et l’IFC du groupe de la Banque mondiale pour évaluer l’impact socioéconomique de l’épidémie sur le secteur privé lors de la première vague, 12,5% des entreprises ont augmenté leur présence en ligne principalement pour faciliter le télétravail et accomplir des tâches administratives. Plus de 25% des entreprises qui disposent d’un Plan de Continuité des Activités (PCA) ont intégré le télétravail dans ledit plan. Une autre enquête récente réalisée, en pleine deuxième vague, par l’Iace et EFE (Education For Employement), dans l’objectif de mesurer l’impact de la crise Covid sur l’emploi et sur l’entrepreneuriat, confirme cette tendance affichée par un nombre grandissant d’entreprises à s’adapter au travail à distance. L’étude fait ressortir que 16% des entreprises ont amélioré l’infrastructure IT de leur organisation, et que 60% de ces entreprises ont investi le plus dans l’achat de matériel informatique, tandis que 30% d’elles ont dépensé de l’argent pour l’acquisition de solutions IT pour la gestion du télétravail. Les entreprises des secteurs des TIC, des services de santé et de l’industrie agroalimentaire étaient les plus à investir dans l’acquisition de ces solutions, avec des taux respectifs de 38%, 36% et 30%.