Le remaniement opéré par Hichem Mechichi a été validé par l’ARP. Une sorte de nouvelle investiture qui a vu la coalition gouvernementale s’élargir avec le soutien de certains députés qui sont dans l’opposition. Il faut rappeler que ce large remaniement était prévisible bien avant le clash entre Mechichi et Saïed. C’était le «prix» à payer pour passer le premier gouvernement où figuraient les ministres imposés par Carthage. Maintenant, le «deal» est accompli avec une nouvelle équipe qui, a priori, se trouve sous l’autorité effective et doit loyauté totale au Chef du gouvernement. C’est un nouveau gouvernement (on en a l’habitude maintenant) né sur fond de grogne sociale où les jeunes et les «antisystème» se sont mêlés aux criminels avec les incidents que l’on connaît. Maintenant, la balle est dans le camp du Chef du gouvernement pour agir en ayant le soutien nécessaire au Parlement pour faire passer ses projets de loi. Les attentes ? Ce sont des attentes socioéconomiques à court terme. Tout ce qui appartient aux réformes politiques et aux changements à apporter au système politique et électoral doit attendre devant l’impératif de relancer une machine économique grippée. L’urgence est de chercher des moyens de financement stables pour dédommager les opérateurs économiques (industriels, secteur de la restauration et cafés, exportateurs, hôteliers, citoyens qui ont perdu leur emploi, petits métiers…) sinistrés par le Covid. En quelques semaines, ce nouveau-ancien gouvernement doit trouver des solutions économiques, au moment où les finances internationales se font de plus en plus austères et rares. La rue attend vivement une lueur d’espoir pour retrouver un pouvoir d’achat digne d’un citoyen productif qui paye ses impôts et qui veut subvenir à ses besoins et atteindre un niveau de vie acceptable. Ces jeunes rebelles qui vivent la misère dans les quartiers populaires et les régions défavorisées attendent eux aussi beaucoup de ce gouvernement dans une période si sensible de notre histoire. Et les Tunisiens attendent aussi qu’on leur fournisse au plus vite les vaccins anti-Covid. C’est La Kasbah, «débarrassée» des ministres encombrants de Carthage, qui a les rênes maintenant : plus que le diagnostic des problèmes, on exige des solutions, des mesures concrètes qui relancent l’économie dégradée et qui s’enlise au gré des événements. Ce ne sera pas facile du tout si l’on se tourne vers les outils économiques classiques tels que l’endettement extérieur et intérieur (la dette publique est déjà élevée et tourne au rouge), ou la fiscalité (déjà lourde et inéquitable franchement). Les voies dans lesquelles ce gouvernement doit travailler, ce sont les biens spoliés et l’argent de l’ex-régime (une véritable manne financière), l’évasion fiscale du secteur informel, la gouvernance des entreprises publiques et surtout l’encouragement des petits entrepreneurs et de ce fameux partenariat public-privé pour créer une dynamique d’emplois et de richesse à bien répartir. L’urgence est socioéconomique, c’est ce qu’on doit savoir. Inutile de chercher d’autres priorités pour le moment.
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