Encore une fois, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le temple où on confectionne les lois, l’espace où ces mêmes lois sont censées être sacrées, on les bafoue, on les piétine en transgressant les libertés fondamentales, en faisant fi des droits fondamentaux, du citoyen au su et au vu de tout le monde, en premier le président du Parlement qui fait la sourde oreille à tous les dépassements et s’obstine à refuser de condamner au nom du Parlement les agissements irresponsables de certains députés et leur violation flagrante des libertés élémentaires dont, en premier lieu, celle de l’information, en étant convaincus que leurs actes ne seront ni sanctionnés ni même dénoncés verbalement.
Hier, au Palais du Bardo, l’acquis numéro un et exclusif que les Tunisiens ont arraché de la révolution de la liberté et de la dignité, à savoir la liberté de l’information, a subi une violation inqualifiable commise par un député appartenant à Ennahdha en empêchant la TV d’accomplir sa mission, à savoir retransmettre sur le petit écran les débats se déroulant au Palais du Bardo à l’occasion de la séance plénière censée examiner plusieurs lois, notamment un projet de loi relatif à l’importation des vaccins.
Hier, le député nahdhaoui autoproclamé professionnel du secteur de la communication «depuis quarante ans», selon ses dires, a pris la décision de priver les téléspectateurs des débats en question et a pris l’initiative de mettre à exécution lui-même sa décision en interdisant par la force et l’intimidation au cameraman de la TV nationale d’exercer son métier, plongeant ainsi le petit écran dans le noir total et privant les téléspectateurs de leur droit absolu de suivre ce qui se passe au Parlement.
Que dire de ce comportement, comment qualifier cette agression qui vise l’acquis le plus précieux engrangé par la révolution et finalement comment accepter que cet acte irresponsable et inadmissible soit l’œuvre d’un député dont la fonction est précisément de veiller scrupuleusement au respect des libertés, en particulier celle de l’information ?
Comment accepter que le temple des libertés soit ainsi souillé et devienne, de la sorte, l’espace privilégié où toutes les dérives sont commises et tous les dépassements quels que soient leur gravité et les dégâts qu’ils peuvent entraîner sont pratiqués.
L’acte répréhensible du député nahdhaoui est à condamner avec vigueur et fermeté quelles que soient les justifications qu’il a cherché à faire valoir pour expliquer son comportement.
A également sonné l’heure de la mobilisation du paysage politique et civil national, toutes tendances confondues, en premier le parti nahdhaoui dont se prévaut le député fautif, pour dire haut et fort: basta à la violence, basta aux sentiments d’impunité, basta au déni de la loi et de la liberté.