Marouane Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie :
«Le taux de croissance observé ces dix dernières années témoigne de l’absence de réformes et de l’inefficacité des politiques adoptées. L’épidémie du Covid a dévoilé les lacunes, les défaillances et la profondeur de la crise. Il y a un grand problème au niveau du système de compensation, la situation des établissements publics, l’environnement des affaires et le climat de l’investissement, le système éducatif et sanitaire, le déficit énergétique, outre les caisses sociales. Jusqu’à 2010, les établissements publics contribuaient au financement du système bancaire. Il faut revoir tous ces points. Pour ce qui est du financement du budget par la BCT, nous nous sommes toujours rangés du côté de l’Etat. Notre objectif était d’assurer la stabilité financière. D’ailleurs, c’est ce qui justifie certaines décisions prises dernièrement, dont le report des échéances des crédits, ou encore la baisse du taux directeur. Aujourd’hui, nous voulons que les financements soient orientés vers l’investissement, la création de richesse et l’exportation, sinon nous allons entrer dans une véritable spirale inflationniste, ce qui n’est pas le but. Le volume du financement du budget n’est pas encore déterminé. Une chose est sûre, le financement du budget restera conforme aux lois de la BCT et respectera ses politiques financières».
Sami Mekki, P-d.g. de la Poste tunisienne :
«La Poste tunisienne possède plus de 1.200 points répartis sur tout le territoire tunisien et contribue avec 25% de l’épargne, dans la mesure où 4 millions de Tunisiens détiennent des comptes d’épargne, et 2 millions y ont des comptes courants. La Poste offre plusieurs services financiers à ses clients équivalents à ceux offerts par les banques, mis à part l’octroi des crédits. Un projet relatif à la Banque postale est en cours en Tunisie, il verra le jour vers la fin de 2021, avec un grand soutien du gouvernement. La Poste est en train de développer une plateforme électronique qui permettra aux Tunisiens de présenter leurs produits à l’exportation, et ce, dans le cadre de la promotion du commerce électronique. Le service Pay Pal, qui existe partout dans le monde, est actuellement l’une des revendications de la jeunesse tunisienne. Il y a eu plusieurs tentatives d’introduire ce service en Tunisie depuis 2016, sans résultats. Aussi, la Poste a pris en charge ce dossier. Nous avons discuté avec Pay Pal et Master Card, mais il existe encore quelques blocages relatifs au change. Toutefois, il est possible de voir ce service en Tunisie avant le mois de juin».
Anis Jaziri, président du Conseil d’affaires tuniso-africain :
«Afin de créer des opportunités d’emploi en Libye, de bonnes actions ont été entreprises récemment, et des pourparlers entre les deux pays sont menés. Du côté politique et sécuritaire, il y a de grands progrès. La main-d’œuvre tunisienne doit récupérer sa place en Libye, et c’est ce à quoi nous aspirons pour la période à venir. Il y a des accords sur la nécessité du retour au calme en Libye. Notre place est toujours existante sur le marché libyen, il y a une nouvelle élite au pouvoir en Libye que nous devons connaître et avec laquelle nous devons tenir des réunions, en plus d’ouvrir les frontières et de fournir des fonds de la part de la Banque centrale. La partie turque a bien profité de la situation, parce que, malheureusement, la Tunisie n’a pas facilité les investissements pour les Libyens, contrairement à Istanbul. La stabilité du gouvernement est absolument nécessaire, pour le retour des relations tuniso-libyennes dès que possible».