Sur un total de 355 interviews visant à polariser des jeunes âgés de 12 à 18 ans ayant abandonné l’école, pas moins de 186 élèves ont intégré l’Ecole de la deuxième chance pour reposer les bases d’une formation initiale interrompue et les aider à définir et à choisir leur projet et/ou métier du futur.
Fruit d’une collaboration entre le ministère de l’Education, l’ancien ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi (aujourd’hui le ministère de la Formation professionnelle, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire) et le ministère des Affaires sociales, le projet de «l’Ecole de la deuxième chance» semble devenir, aujourd’hui, un instrument qui donne l’espoir aux jeunes qui ont décroché de l’école et se retrouvent sans formation ni emploi.
Tout le monde a droit à une autre chance
Soutenu par le gouvernement britannique et l’Unicef, ce projet a été lancé pour lutter contre l’échec et l’abandon scolaire, mais aussi pour développer les compétences des jeunes Tunisiens pour avoir une autre chance…
En effet, les centres de l’Ecole de la deuxième chance visent à apporter un soutien aux adolescents de 12 à 18 ans qui ont abandonné l’école, en leur fournissant un accompagnement individualisé leur permettant un retour à l’école, l’accès à la formation professionnelle et l’intégration sur le marché de l’emploi pour les âgés de plus de 16 ans.
« Partant du principe que tout le monde a droit à une autre chance, les centres de l’Ecole de la deuxième chance visent donc à aider les jeunes Tunisiens, sortis précocement du système scolaire, en leur proposant de combler leurs lacunes, de faire des stages et, surtout, de reprendre confiance pour bâtir leur avenir », indique Khaled Bargaoui, responsable de projets à l’ambassade du Royaume-Uni en Tunisie, dans une déclaration accordée au quotidien La Presse.
L’école de la deuxième chance et l’école d’autrefois…
Aujourd’hui, le projet sur lequel on a misé énormément porte d’ores et déjà ses fruits. Outre le centre de Bab El Khadra (situé au cœur de Tunis), dont les locaux ont été récemment inaugurés et qui entrera en fonction très bientôt, un autre centre dans la capitale a, également, vu le jour. Unique en son genre, le centre de l’Ariana, avec une infrastructure personnalisée, adéquate et adaptée aux besoins des élèves, fait tomber les murs et changer l’image traditionnelle entre l’élève et l’école pour faire en sorte qu’il s’y sente à l’aise.
Le retour à l’éducation ou en formation professionnelle est en réalité un ancien objectif, étant donné que le risque de l’abandon scolaire ne date pas d’hier.
Mais ce qui est nouveau, c’est le retour avec en main un projet qui va donner une nouvelle chance aux jeunes pour continuer leurs études et prendre leur avenir en main. L’enjeu est donc plus profond car de nouveaux défis apparaissent et exigent toujours de nouvelles solutions : Comment donner confiance à l’enfant et lui redonner espoir ? Comment faire en sorte que les enfants, qui étaient une fois victime de violence ou d’échec scolaire, se sentent à l’aise à l’école ? Que changer à l’école pour que l’on s’y épanouisse? Autant de défis à relever dans un contexte particulier, marqué par cette crise sanitaire du coronavirus.
« Mais malgré toutes les difficultés et les obstacles qui pourraient survenir, au bout de ce chemin, se cache la réussite. En effet, après avoir identifié les besoins des enfants, compris les raisons qui les ont poussés à abandonner l’école, su s’ils ont besoin d’une formation avant leur réintégration… on a réussi à réaliser, depuis le début de cette année scolaire, pas moins de 355 entretiens et les résultats étaient satisfaisants : 186 élèves ont intégré l’école de la deuxième chance de l’Ariana pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé incluant les aspects psychologiques, sociaux et éducatifs, alors que 65 autres ont choisi un parcours différent (les centres de formation, un contrat d’apprentissage pour les enfants âgés de plus de 16 ans…). Mais ce qui compte pour nous, c’est la qualité de la formation, et non pas les chiffres. Certainement, le nombre des élèves dans nos centres va augmenter progressivement et nous allons accueillir de nouveaux élèves qui ont des besoins différents, mais qui nécessitent tous d’être remotivés et accompagnés vers une reprise d’études et un projet professionnel durable », nous explique M.Bargaoui, tout en ajoutant qu’au sein de ces centres de la deuxième chance, qui sont capables d’accueillir au moins 1.000 élèves par an, les jeunes continueront à suivre des formations ou des apprentissages pendant une période qui peut s’étaler sur 6 mois, sans compter les cas exceptionnels qui peuvent aller au-delà de 6 mois.
Un comité local de pilotage à Kasserine
Ce programme prévoit, en outre, le lancement de deux autres centres qui devront ouvrir leurs portes durant cette année : un à Kasserine et un autre Gabès.
Le choix de ces régions s’explique par plusieurs raisons. En effet, le comité de pilotage a fixé les termes de références qui englobent les conditions de choix. Pour la région de Kairouan, c’est le gouvernorat qui enregistre le taux le plus élevé d’analphabétisme, de décrochage et de suicide des jeunes, alors que le Sud, le choix est tombé sur la ville de Gabès.
« Important ici de souligner que dans la région de Kairouan, on a créé un comité local pour le pilotage de ce projet. Cette entité regroupe le gouverneur, la société civile, les citoyens…Tout le monde est impliqué dans ce projet. Cette expérience sera évaluée et généralisée sur d’autres régions, si elle fait ses preuves. Et là, nous comptons sur la contribution des partenaires nationaux et internationaux pour couvrir d’autres régions», précise M. Bargaoui.