Dans un pays en pleine crise économique et sociale comme le nôtre, la lutte et la destruction de produits périmés demeurent un combat difficile face à une situation de plus en plus délicate puisqu’il en va de la santé des consommateurs.
Un phénomène difficile à maîtriser
La saisie de produits suspects ou reconnus impropres à la consommation (produits alimentaires, jouets, maquillage…) est un phénomène récurrent mais qui s’aggrave d’année en année dans notre pays. Mais au-delà des ces opérations de contrôle et de saisie, de sérieuses inquiétudes et des questions se posent sur le sort de ces produits périmés, qui sont généralement destinés à la destruction, une opération délicate, mais qui s’avère nécessaire.
Toutefois, pour un petit pays en pleine crise économique et sociale comme la Tunisie, il semblerait que ce genre de situations soit appelé à se répéter durant les mois et les années à venir.
En cause, la corruption au niveau de la sécurité sanitaire des produits destinés à la consommation, la contrebande et la contrefaçon qui dominent le marché, les mauvaises conditions de stockage de ces produits, des fournisseurs qui tentent d’importer des produits moins chers… Ainsi, plus la crise se poursuit, plus on verra des dérapages au niveau de la sécurité sanitaire des aliments. Et donc, face à une telle situation, la bataille semble loin d’être gagnée et ce phénomène reste difficile à maîtriser.
Des entreprises privées s’en chargent
Malgré ce tableau qui semble déplorable, la priorité à la sécurité sanitaire et à la qualité des produits vendus sur le marché reste une préoccupation majeure et un défi de taille pour l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGed), l’organisme chargé de la gestion durable des déchets en Tunisie. C’est ce qu’a affirmé Mourad Chabou, chef de section de la direction de recyclage et de valorisation des déchets à l’ANGed, lors de son passage sur les ondes d’une radio privée.
M.Chadou a ajouté que la Tunisie est un pays qui fait face à des défis encore plus importants dans le domaine de l’environnement et la lutte contre la pollution engendrée par les déchets. Ce qui fait que le sujet de la destruction des déchets reste un sujet préoccupant.
A ce propos, il a précisé qu’en Tunisie, il existe des entreprises privées chargées de la destruction de tous matériaux non consommables : quatre entreprises locales sont chargées par la destruction des produits alimentaires non propres à la consommation contre deux autres pour la destruction des déchets médicaux. Ainsi, la destruction de ces déchets reste la seule solution face à une telle situation, étant donné que ces produits, une fois consommés ou manipulés, peuvent avoir des conséquences graves sur la santé de l’homme et l’environnement. «Pour toutes ces raisons, ces produits doivent faire l’objet de destruction, afin de préserver la santé des citoyens par l’élimination des aliments impropres à la consommation, mais aussi par la lutte contre l’usage illicite des produits de retour qui portent préjudice à la santé du consommateur», a-t-il souligné.
Il a ajouté dans le même sillage que la Tunisie ne fait pas exception à la règle et nous ne sommes pas en train d’inventer la roue. «Cette pratique existe partout dans le monde où des entreprises, locales ou étrangères, privées ou publiques, s’en chargent par le processus de destruction des déchets qui diffère d’un produit à un autre… Selon la nature et les quantités, ces entreprises proposent la solution la plus adaptée à la problématique de destruction. Ce processus se fait, donc, par un broyeur de déchets ou une machine solide. Quant aux déchets non consommables, l’affaire est plus compliquée puisque ces derniers doivent être remblayés après l’opération de destruction», a-t-il expliqué.
En ce qui concerne les denrées alimentaires impropres à la consommation, M.Chabou a indiqué qu’après le processus de destruction, ces produits sont exposés à l’ajout de chaux vive car c’est l’une des substances les plus fortes qui éliminent les bactéries, étant donné que l’ajout de chaux à ces déchets est une technique simple de stabilisation, particulièrement adaptée aux déchets organiques.
«D’une manière générale, l’opération de destruction des déchets est soumise à une procédure juridique bien précise qui implique toutes les parties prenantes (ANGed, ministère du Commence, ministère de la Santé, la Douane…), avec un procédé un peu compliqué qui passe par la collecte et le transport des déchets vers le lieu de traitement, le tri des déchets en catégories pour pouvoir les traiter convenablement, le traitement approprié par écrasement, inertage, solidification, la mise en décharge sûre dans une décharge contrôlée et aménagée…
Mais le plus rassurant, c’est que la quantité des produits destinée à la destruction ne cesse de diminuer pendant ces dernières années. De l’autre côté, les autorités concernées comptent redynamiser les opérations de contrôle et d’inspection et redoubler d’effort pour réduire davantage le taux de produits périmés afin que la population ait accès aux produits sains», a-t-il encore souligné.