Accueil Economie Supplément Economique Le tourisme après le covid | Habib Ammar, ministre du Tourisme et de l’Artisanat : “Beaucoup de travail à faire pour embellir et entretenir l’île de Djerba”

Le tourisme après le covid | Habib Ammar, ministre du Tourisme et de l’Artisanat : “Beaucoup de travail à faire pour embellir et entretenir l’île de Djerba”

2020 était une annus horribilis pour le tourisme: des professionnels qui souffrent le martyre et des artisans qui broient du noir. Le secteur retient toujours son souffle et s’accroche à un espoir ténu d’amélioration. La remise en selle du tourisme sera, certes, difficile, mais le défi est de taille. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Habib Ammar, affirme que le département a, désormais, retroussé ses manches pour préparer la relance. Selon lui, le Sommet de la francophonie qui se tiendra, sur l’île de Djerba, en novembre prochain, est une occasion de promouvoir la destination Tunisie. Le point avec le ministre du Tourisme, dans cette interview qu’il nous a accordée  en marge de sa visite à Djerba.

Peut-on parler de prémices de reprise du secteur en 2021?

Cela fait dix mois que le secteur est carrément à l’arrêt. Nous avons espéré sauver la saison touristique, au cours de l’été, mais elle était  très médiocre. Après la deuxième vague de l’épidémie du coronavirus, l’activité touristique a continué de baisser. A l’heure actuelle, elle est à l’arrêt. Aujourd’hui, le vaccin constitue une lueur d’espoir. Et la Tunisie a récemment communiqué sur sa stratégie nationale de vaccination,  lors d’une conférence de presse organisée par le ministre de la Santé.  Laquelle stratégie constitue la pierre angulaire de la relance du secteur. C’est dans ce cadre-là que le ministère du Tourisme a engagé sa réflexion sur le plan de relance de l’activité touristique, à travers la création d’un comité interdépartemental, qui comprend tous les ministères concernés. Il y a tout d’abord, le ministère de la Santé, qui travaille sur la communication sur la stratégie de vaccination, mais aussi, sur le protocole sanitaire pour le tourisme puisqu’il faut apprendre à adapter notre offre touristique au contexte épidémique,  même avec le vaccin. Jusque-là, le protocole sanitaire que le ministère a élaboré a fait ses preuves et il jouit d’une excellente image, notamment auprès des tour-opérateurs internationaux.  Ensuite, il y a le ministère de l’Environnement qui doit se pencher sur l’entretien des villes en termes de propreté et d’embellissement en vue de préparer le retour des  touristes. Il y a, également,  le ministère du Transport, qui doit travailler, dès à présent, sur la programmation aérienne, mais aussi, sur les points frontaliers pour que les difficultés qui y sont afférentes ne soient pas une entrave à la reprise touristique et que les touristes qui sont de retour soient accueillis dans de bonnes conditions. Il y a également d’autres départements qui sont représentés dans ce comité,  notamment le département de la Culture puisque le tourisme culturel occupe une place importante. Nous voulons aussi communiquer sur notre destination, à travers notre culture, nos événements culturels, nos  festivals. La commission s’est, actuellement,  mise à l’œuvre. Elle est tenue de livrer, au gouvernement d’ici fin mai, un rapport ainsi qu’un plan de relance global touchant tous les secteurs d’activité, en vue de sa mise en application.

Lors de votre visite effectuée à Djerba, vous avez déclaré que le Sommet de la francophonie est une occasion à saisir pour promouvoir la destination Tunisie. Est-ce que l’île est prête à accueillir cet événement international ?

D’après ce que j’ai constaté lors de notre  visite à Djerba, il y a beaucoup de travail à faire au niveau de l’embellissement de l’île et de sa propreté. C’était, d’ailleurs, l’objet de notre réunion qui s’est tenue dimanche 7 février, avec  les différentes municipalités touristiques du gouvernorat de Médenine dont l’objectif est de voir les difficultés qu’elles rencontrent au niveau de l’entretien des villes en matière d’embellissement et de propreté dans l’île et dans le gouvernorat de façon générale. Nous avons convenu qu’on tiendra une réunion avec les différentes municipalités, au siège du gouvernorat de Médenine dans l’objectif d’examiner les difficultés et d’identifier les actions à entreprendre pour les soutenir dans ce travail. Le ministère du Tourisme est prêt à tendre la main et à  fournir l’aide et l’assistance nécessaires pour que Djerba retrouve sa beauté et sa propreté.

Qu’en est-il des mesures qui ont été prises au profit du secteur ainsi que de leur application ?

Rappelons d’abord qu’il s’agit de mesures très ambitieuses  qui ont été prises dans l’objectif de soutenir le tourisme et surtout sauver les emplois dans le secteur qui compte 550 mille postes d’emploi dont 150 mille artisans. Ce sont, essentiellement,  des mesures  à caractère social, qui visent, aussi,  à préserver l’artisanat et le tissu entrepreneurial dans le secteur. Elles ont une incidence budgétaire et donc elles doivent passer par le parlement. Elles ont été proposées et votées, en totalité, dans le cadre de la loi de  finances 2021. Certaines mesures, notamment celle relative à l’octroi de l’indemnité de chômage technique de 200 dinars — les textes d’application sont prêts —, sont, désormais, entrées en vigueur. C’est, aussi, le cas du programme de formation au profit des travailleurs du tourisme, au terme duquel, ils bénéficient d’une prime de 300 dinars. Le coup d’envoi du programme pilote, qui va concerner 1.250 personnes, a été donné  la semaine dernière. Nous travaillons déjà sur l’élargissement de ce programme à un plus grand  nombre de participants. Nous pensons être en mesure de former plus de 5 mille personnes. Une circulaire portant sur la suspension du paiement de la quote-part des professionnels a été, également, élaborée.

En ce qui concerne, la prise en charge de la cotisation patronale de la Cnss par l’Etat, le ministère des Finances et de l’Économie est en train de préparer le décret d’application.

Où en est le projet de reclassification des hôtels ?

La révision du système de classement des hôtels est un élément très important pour nous, parce que cela fait longtemps que notre système de classification est désuet et n’est plus adapté au tourisme d’aujourd’hui. Nous avons entamé ce projet-là, il y a quelque  temps, et nous sommes, actuellement,  à la fin de ce processus jalonné de  moult réunions et consultations où la profession avait son mot à dire. Nous pouvons le sortir d’ici un mois, même si nous pensons qu’il ne sera pas appliqué  dans l’immédiat parce qu’une telle refonte  nécessite,  quand bien même, des investissements et on sait que ce n’est peut-être pas la conjoncture appropriée pour pousser les professionnels à investir davantage. Mais il faut souligner que c’est un système très important, notamment pour notre communication sur la stratégie  de la Tunisie dans le secteur du tourisme. C’est l’un  des piliers de notre politique d’amélioration de la qualité des services dans les hôtels. Il s’agit d’un message clair selon lequel la Tunisie n’est pas restée les bras croisés et avance  dans ses chantiers structurels.

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