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Et le Tunisien dans tout cela ?

La fracture entre la Tunisie d’«en bas» et celle des plateaux télé et des politiciens se fait de plus en plus grande et irrévocable. Tout un monde sépare les deux entités. C’est que le simple citoyen qui se lève tôt le matin pour aller au travail, pour emmener ses enfants à l’école, ou celui qui fait ses courses et qui cherche à se distraire, est complètement déconnecté (désintéressé) de tout ce folklore politique qu’on voit depuis des années.

Ce simple citoyen voit son pouvoir d’achat dégringoler et perdre des points chaque mois, il est confronté à des problèmes  chroniques de transport, de services sanitaires, d’éducation, de sécurité, d’intégration sociale qui lui rendent ce pays quasi invivable ; alors qu’en même temps, on le matraque sur les médias et dans les réseaux sociaux de faux débats politiques et de bras de fer entre les institutions qu’il a lui-même élues. Une fracture évidente, blessante aussi, et une déception et un ras-le-bol qui prennent de l’ampleur à mesure que les politiques ne trouvent pas des solutions à des problèmes qui datent des décennies. Les attentes du Tunisien, autre que la liberté d’expression et l’exercice de ses droits politiques, vont aussi aux autres domaines de la vie, essentiellement les questions socioéconomiques et de développement. Là, personne ne le soutient, personne ne rassasie sa faim et calme ses ardeurs. Tout ce que l’on fait, c’est d’enchaîner les débats institutionnels qui aggravent la crise politique de ces dernières semaines. Aucune volonté d’apporter des solutions, ni même de faire bouger les choses au meilleur. Résultat, des indices de productivité qui baissent, et aussi un intérêt à la vie politique qui régresse.

Ce Tunisien d’en bas est livré à lui-même devant la faiblesse du gouvernement face aux syndicats qui travaillent quand ils le veulent et qui s’abstiennent quand ils le veulent aussi. Assez de vouloir le mêler à ces batailles politiques mesquines entre des hommes politiques avides de pouvoir et qui ne cessent de mentir ou de jouer les « profanes ». Assez de lui promettre des châteaux en Espagne, de lui demander de patienter. Il est exaspéré par les échecs et les tensions inutiles sur fond de flou et de scepticisme.

Avant de perdre le temps dans les détails constitutionnels, que l’on comprenne ce que veut et ce qu’attend le citoyen tunisien qui paye ses impôts mais qui vit la médiocrité des services et la faillite des projets politiques, s’il en existe bien sûr !

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