Accueil Société Fethi Zagrouba, Directeur Général de la Cité des Sciences à Tunis (CST) à la presse: «Une antenne de la cité des sciences à Tunis ouvrira à Kébili en 2021 et à Kasserine en 2022 »

Fethi Zagrouba, Directeur Général de la Cité des Sciences à Tunis (CST) à la presse: «Une antenne de la cité des sciences à Tunis ouvrira à Kébili en 2021 et à Kasserine en 2022 »

C’est un homme serein et déterminé qui nous accueille au troisième étage de l’institution spécialisée dans la diffusion de la culture scientifique et technique à l’échelle nationale et la plus prisée de la capitale depuis des décennies. Malgré les difficultés et les obstacles conjoncturels qui ont réduit quelque peu l’activité et l’attractivité de la Cité des sciences depuis que la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 fait rage en Tunisie, le premier responsable de la Cité des sciences  met les bouchées doubles pour relancer la machine.


M.Féthi Zagrouba, veuillez nous présenter exhaustivement la CST, ses domaines d’intervention, ses nouveaux objectifs et vos ambitions personnelles à la tête de cette prestigieuse institution nationale.

La mission de la CST consiste en la diffusion et la dissémination de la culture scientifique auprès de la population tunisienne notamment les jeunes et sur tout le territoire. Dans ce cadre-là, ses activités doivent répondre à toutes les attributions. La CST comporte des espaces scientifiques, thématiques, des pavillons scientifiques de la Vie et de l’Homme, l’Univers, le planétarium, Explora pour explorer les principes physiques et mécaniques de la nature, de la biologie. Elle dispose de beaucoup d’espaces scientifiques à destination des visiteurs. Le parcours est assisté par des médiateurs qui ont quelques années d’ancienneté et qui savent comment vulgariser les notions scientifiques au grand public, les différentes tâches pour les niveaux scolaire et universitaire. De même, il existe un centre de congrès qui est dédié à l’organisation de manifestations scientifiques soit par la CST soit avec des partenariats avec des composantes de la société civile ou savante. On loue nos espaces à d’autres partenaires pour l’organisation de manifestations dites « événementielles ». Le congrès dispose d’un auditorium bien équipé, des ateliers pour les séminaires ou les cycles de formation assurés par des bureaux de formation. Il y a des espaces découverts et couverts avec des aires d’expositions en plein air, temporaires, mais aussi des espaces culturels pour les manifestations scientifiques et technologiques. On a une résidence avec une importante capacité d’accueil de plus de 500 personnes pour les congrès, une cafétéria et un restaurant et toute une logistique pour assurer comme il se doit, et dans les meilleures conditions de visite, le transfert du savoir auprès de la population. On pense aux personnes qui habitent les villes intérieures du pays, qui n’ont pas les moyens de se déplacer et qui nécessitent la disposition d’un bus équipé pour la vulgarisation scientifique  appelé « itinérance » qui sera renforcé par d’autres bus. Il faut veiller à ce que ces activités se déroulent dans les meilleures conditions pour remédier à la situation. On assure de meilleures conditions de travail du personnel pour bénéficier de distractions dans leur enceinte culturelle avec l’aménagement de terrains pour le sport et autres. Il y a des travaux d’entretien et de maintenance de beaucoup d’équipements qui ne fonctionnaient pas ou mal. Nous sommes engagés pour remettre en état l’ensemble des équipements. Face aux difficultés financières que vit le pays, nous nous sommes dits que nous devons mobiliser des fonds de l’extérieur et nous avons travaillé pour promouvoir les partenariats avec la cité pour bénéficier de moyens afin d’assurer les activités qui ne cessent d’augmenter face à une réduction des fonds propres. Notre institution a subi le revers néfaste du confinement général qui a enregistré une baisse des visiteurs sur l’année 2020 par rapport à 2019 de plus de la moitié en passant de 100 000 à 30 000 visiteurs. 

Il y a des projets en phase d’étude pour construire des antennes de la  Cité des sciences à Jendouba, Gabès et Sfax. Celle de Tataouine est déjà fonctionnelle, celle de Kébili va démarrer en 2021 et une autre à Kasserine prévue en 2022, est en phase d’expansion grâce à la coopération internationale notamment avec l’agence sud-coréenne KOICA, mais aussi avec le Japon et la Chine, pour les équipements technologiques et informatiques, communications et interactions nouvelles avec les jeunes et les projections 3D pour répondre au basculement total des moyens de communication et d’exploration vers le numérique à cause de la crise sanitaire due au coronavirus.

Pourquoi les partenariats internationaux de la CST se focalisent-ils sur des pays d’Extrême-Orient comme le Japon, la Corée du Sud et la Chine ?

 Ce sont des pays producteurs par excellence. On a envoyé des correspondances à de nombreux pays développés mais ceux qui se sont rapidement mobilisés et qui ont réagi  à notre demande viennent du Japon, de la Corée du sud ou encore la Chine pour le moment. Mais également de pays européens comme la Belgique et l’Espagne pour échanger avec eux leurs expériences réussies avec le parc scientifique de Grenada (Espagne) pour nous transmettre le savoir en la matière et échanger quelques équipements et organiser des visites de formation, notamment. Ce projet s’inscrit dans le cadre du développement des compétences locales et du renforcement des capacités humaines et matérielles de la CST et assurer le rôle qui lui est confié. Un projet d’envergure avec l’Union européenne qui va servir de catalyseur pour la CST qui dispose d’un potentiel énorme en termes de ressources humaines et de logistique va lui permettre d’agrandir ses moyens pour accompagner la jeunesse dans le milieu estudiantin, ses chances d’employabilité sur le marché du travail et bien plus encore. On aimerait que la jeunesse saisisse les opportunités de développement qui vont se présenter à elle prochainement, à travers l’innovation et la création d’entreprises.

 Comment redynamiser les activités de la CST malgré les nombreux aléas conjoncturels ?

Dans ce contexte, nous allons faire des projets avec l’Europe orientés vers les jeunes,  dans le cadre de consortiums avec de nombreux ministères de la jeunesse et des sports, de la culture, de la femme et de l’enfance, de la formation professionnelle, afin de ratisser large.Nous nous déplaçons dans toutes les régions pour former de nouveaux clubs, pour soutenir la création de clubs et des activités de jeunes. Le parrainage par des instances est requis, en l’occurrence pour faciliter l’accès aux locaux et institutions régionales.  Les mass média auront un rôle très important à jouer que ce soit la télévision, la presse écrite, numérique, la radio pour produire du contenu. J’ai confiance aux professionnels médiatiques pour faire appel aux universitaires pour qu’ils diffusent leur programmes, pour que leurs objectifs se réalisent, pour connaître les avis et l’opinion de la population. Par leurs contributions, on peut apaiser l’atmosphère générale. Un autre rôle très important est dévoué aux communes et municipalités, avec à leur tête les maires pour accompagner les citoyens qui disposent de peu de moyens. De notre côté, nous allons collaborer avec les maires pour dynamiser la vie  scientifique au sein de la société civile parce que tout le monde s’occupe de la politique et n’accorde plus beaucoup d’importance aux activités culturelles, scientifiques…  faute de moyens.

 Quel rôle doit jouer la société civile dans ce contexte ?

Elle a un rôle très important, qu’elle soit politisée ou non, dans l’animation de la société avec des gens dynamiques et enthousiastes qui sont prêts à collaborer. A travers des programmes de développement de municipalités et des activités dans des conseils municipaux, les commissions sectorielles, la société civile propose un programme annuel. Elle a un rôle participatif mais aussi actif dans l’animation culturelle malgré son rythme limité par rapport à une période passée.

 

Quel bilan faites-vous de la recherche scientifique en Tunisie au cours de ces dernières années et quels sont les moyens qu’il faudra mettre en œuvre prochainement et pourquoi la recherche scientifique n’est pas en phase avec le développement économique et n’accompagne pas l’économie nationale ?

Il faut diviser la recherche scientifique en deux parties. Il y a celle qui émane du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique qui consiste en la mise à disposition des résultats transférables vers le milieu de production et celle de l’entreprise. Au niveau de son output, la Tunisie est classée 65e sur 131 pays dans la recherche et l’innovation. Mais cet effort ou ce classement en tant que pays novateur ne se traduit pas forcément par une exploitation rationnelle dans le système de production.  Cela n’est pas l’échec du ministère de tutelle mais celui de l’entreprise qui n’a pas consacré suffisamment de fonds à la recherche et à l’innovation . Mais si l’entreprise ne fédère et n’innove pas, elle aura beaucoup de difficultés d’ordre exogène, provenant de l’extérieur.  Elle doit engager des partenariats avec les chercheurs en la matière pour identifier les points faibles et renforcer ses capacités de production. Elle aura alors plus de place et un meilleur positionnement sur le marché international. L’entreprise qui performe doit parvenir à être plus compétitive pour obtenir plus de parts de marché et gagner en crédibilité. Elle aura  alors plus de clients et elle sera obligée d’augmenter sa capacité de production par l’employabilité. C’est le cercle vertueux. Le ministère, en l’absence d’initiatives provenant de l’entreprise, a œuvré pour la mise en place d’un projet qui contribue à promouvoir les activités de Recherche et Développement (RD) sur des thèmes qui intéressent l’entreprise au niveau des incitations et de l’encouragement. Il propose des programmes et des projets qui permettent à l’entreprise notamment de recruter des docteurs-chercheurs à raison de 80% de prise en charge du salaire par l’Etat contre 20% pour l’entreprise. Cette jonction qui manque entre le ministère et l’entreprise cause du tort aux avancées en matière de Recherche et Développement.

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