Maintenant, les dés sont presque définitivement jetés: la solution de la crise opposant Hichem Mechichi, le Chef du gouvernement, à Kaïs Saïed, le Président de la République, ne pourra être, dans tous les cas, constitutionnelle mais plutôt politique, dans le sens qu’elle va constituer la résultante d’un dialogue entre les deux protagonistes qui auront à s’accorder sur un compromis qui préservera la crédibilité de l’un et de l’autre et qui prendra en considération les intérêts supérieurs du pays.
En d’autres termes, les conseils amicaux des députés épousant l’approche développée par Kaïs Saïed, les avis «de droit constitutionnel, public, administratif et même international» étalés sur les réseaux sociaux, dans les médias écrits et disséqués à fond dans les talk-shows, TV et radios par les «têtes savantes» consultées par Mechichi n’auront servi finalement qu’à raviver la polémique pendant près de trois semaines pour aboutir à reconnaître que la crise ne pourra dégager ni vainqueur ni vaincu.
Bien au contraire, les Tunisiens qui suivent quotidiennement les développements rocambolesques de cette affaire sont convaincus que s’il existe un perdant, c’est bien la Tunisie post-révolution qui payera chèrement les erreurs commises par son élite politique et civile aussi et aura beaucoup de travail pour réparer les errements répétés de son gouvernement et des institutions qui sont censées parler au nom des Tunisiens, comportements inadmissibles qui ont déjà terni l’image rayonnante que notre pays a réussi à répercuter auprès de nos partenaires occidentaux et des pays frères qui considéraient que la révolution de la liberté et de la dignité est un exemple à suivre.
Aujourd’hui et loin de nous d’affirmer, comme certains n’ont pas hésité à le faire, que la balle est dans le camp de Mechichi ou de Saïed, il est un devoir national pour toutes les bonnes volontés de se mobiliser dans le but de prévenir l’incendie avant qu’il n’éclate et ravage tout sur son passage dans le but de faire triompher la voix du dialogue et de l’écoute mutuelle et le respect partagé des approches, même si elles sont profondément contradictoires, l’ambition recherchée étant de sauver notre pays des menaces de confusion, du chaos et de l’inconnu qui pointent à l’horizon au cas où les ambitions personnelles et les ego prendraient le dessus.