Cette pandémie du Covid-19 a dévoilé la fragilité et l’impuissance de nos entreprises économiques opérant dans les différents secteurs d’activité. Au moindre choc, ces entreprises ne peuvent, en effet, résister et jettent les armes pour subir la pire des situations, à savoir fermer les portes et mettre l’effectif dans la rue. Cette pandémie nous informe aussi sur la gestion des fonds obtenus par ces entreprises qui sont dépensés au jour le jour sans une vision à long terme. Nous avons dit à plusieurs reprises que les entreprises doivent constituer des fonds propres pour servir aux aléas de la vie économique et s’en servir le moment venu pour ne pas se rabattre, comme il est d’usage en périodes difficiles, sur les banques qui sont sollicitées de partout pour demander de l’argent. Même le gouvernement a sollicité un montant faramineux des différentes banques pour contribuer à financer le budget de l’Etat sous forme de crédits à l’Etat. Les entreprises doivent prendre cette pandémie comme un exemple de choc extérieur et en tirer les conclusions nécessaires pour ne pas revivre une pareille expérience lors d’un autre choc. Les entreprises tunisiennes doivent, en effet, apprendre à constituer des fonds propres à conserver pour s’en servir au besoin et ne pas y toucher pour le paiement des salaires, des primes ou des impôts. Il est nécessaire également de diversifier les marchés à l’exportation et ne pas se limiter à un ou deux marchés de l’Union européenne. Les opportunités d’exportation ne manquent pas et il suffit de bien orienter la boussole pour saisir les occasions qu’offrent les pays africains et asiatiques. Un effort devrait, certes, commencer par les transporteurs aériens et maritimes pour rendre l’envoi des marchandises par ces moyens de transport accessible pour les PME dont les responsables se plaignent souvent du coût du transport qui les prive souvent d’accéder à des marchés à fortes potentialités commerciales. Les entreprises sont appelées également à faire des économies sur les revenus des exportations, et ce, pour financer un fonds de chocs extérieurs. C’est un nouveau réflexe qui doit désormais être enraciné dans la tête des chefs d’entreprise pour pouvoir s’autofinancer et éviter de recourir systématiquement aux banques ou d’adresser des revendications au gouvernement pour demander des aides. L’idéal serait de recourir aux fonds propres économisés par les entreprises pendant les périodes fastes, quand les exportations sont à leur summum et les revenus sont conséquents. En outre, il est nécessaire d’apprendre à diversifier les offres des produits exportables. Les chefs d’entreprise sont tenus ainsi à élargir la gamme des produits à vendre aussi bien sur le marché local que sur le marché extérieur pour intéresser le maximum de consommateurs et les inciter à acheter. C’est une révision de fond en comble qui doit concerner la gestion des entreprises, à commencer par la constitution d’un fonds des ressources financières propres destiné aux grands chocs économiques ou sanitaires qui peuvent se produire de temps à autre et qui exigent des fonds colossaux.
Perspectives | Des entreprises impuissantes
UIB, bilan 2018 et perspectives 2019 : Le business model ajusté