Les résultats, qui relèvent des données personnelles qui devraient être confidentielles, sont annoncés devant tout le monde par le biais d’un haut-parleur
Le ministère de la Santé s’active à mettre la dernière touche aux préparatifs de la stratégie nationale de vaccination dont la mise en œuvre implique l’engagement d’efforts drastiques dans l’organisation, le déploiement de la logistique (élaboration des listes des personnes à vacciner qui se sont inscrites sur la plateforme mise en ligne, aménagement des dépôts de stockage, identification des centres d’accueil de vaccination….) et la réquisition des ressources humaines qui vont veiller à l’accueil, l’orientation et la prise en charge des personnes qui vont se faire vacciner. Une opération blanche à laquelle ont participé les scouts a même été organisée, il y a quelques semaines, pour s’assurer que les «rouages sont bien huilés».
Si tout semble bien rodé avant le démarrage — le jour J qui se fait attendre — de la stratégie nationale de vaccination, l’administration des tests PCR et l’annonce des résultats se sont caractérisées, par contre, par de nombreuses failles au niveau de l’organisation, de la gestion et de la communication. Un retour en arrière renseigne sur les nombreux changements qui ont été opérés au niveau de la procédure adoptée par le ministère de la Santé. En effet, dès le début de la pandémie, une équipe a été mise en place pour centraliser les appels des personnes suspectées d’être contaminées par le coronavirus, et permettre aux équipes du Samu d’intervenir rapidement. Ces dernières se rendent chez les personnes qui ont contacté le 190 pour leur faire un test PCR et les informer du protocole à suivre afin de se prendre en charge convenablement et d’éviter de contaminer leurs proches et leur entourage. Tout a pratiquement changé avec la deuxième vague de la pandémie.
Les cafouillages s’enchaînent…
La hausse subite du nombre de personnes atteintes du coronavirus au début de l’hiver et l’explosion du nombre d’appels ont augmenté la charge de travail des équipes des aides médicales de première urgence qui ont réduit leurs interventions à domicile aux cas d’extrême nécessité. Face à la hausse constante du nombre de contaminations, outre les tests PCR effectués par les équipes des urgences médicales relevant des structures sanitaires publiques, le ministère de la Santé délègue également à des laboratoires privés la réalisation de ces derniers qui sont payants et organise, en collaboration avec les communes, des campagnes de dépistage rapide. Les premiers cafouillages apparaissent et s’enchaînent.
Alors que le risque de contamination est élevé, les mesures barrières ne sont pas respectées dans les files d’attente où se mêlent les personnes contaminées et celles qui n’ont pas le virus. Pire : les résultats, qui relèvent des données personnelles qui devraient être confidentielles, sont pourtant annoncés devant tout le monde par le biais d’un haut-parleur. Une erreur de communication difficilement pardonnable. Il y deux semaines, des personnes suspectées d’avoir le coronavirus ont contacté la direction régionale de la santé pour savoir s’il leur est possible d’effectuer un test PCR. Elles ont été orientées vers un espace jouxtant un établissement hospitalier public de la capitale où le personnel médical chargé de l’opération leur a fait le test sans leur communiquer ni la date, ni le lieu où elles peuvent avoir les résultats de leur test. La direction régionale de la santé de Tunis leur apprend finalement qu’elles peuvent se présenter au siège pour les récupérer.
Aucun respect des mesures barrières
Sur place, les mêmes défaillances sont relevées au niveau des mesures barrières. Les personnes patientent sans respect de la distanciation sociale. Aucun agent ne cherche à faire preuve de fermeté pour faire respecter les mesures barrières à l’extérieur et à l’intérieur de l’établissement. Quant aux résultats, ils sont annoncés à voix haute sans respecter la confidentialité des données personnelles. Une semaine après, au lieu de les prévenir à l’avance par téléphone afin de leur éviter le déplacement, les agents de la direction régionale informent d’autres personnes venues récupérer leurs résultats que l’annonce de ces derniers n’est plus de leur ressort et qu’elles doivent se rendre au dispensaire de leur quartier.
Venues de La Marsa, de la banlieue sud et d’autres zones du Grand-Tunis, des personnes, agacées et contrariées par ce revirement de dernière minute dans la procédure d’annonce des résultats par les structures sanitaires publiques, ont rebroussé chemin pour se rendre au dispensaire de leur quartier afin de récupérer les résultats de leur test. Tous ces aléas, dont elles se seraient bien passées, auraient pu être évités si la procédure était gérée avec davantage de rigueur et de minutie en veillant notamment à l’accompagner d’une bonne communication autour des protocoles et des procédures anti-Covid-19 afin d’éviter le va-et-vient pour des personnes déjà suffisamment angoissés à l’idée d’être testées positives au coronavirus. Espérons que la stratégie nationale de vaccination ne sera pas, elle aussi, émaillée de couacs au niveau de la communication.