Le rapport «Doing Business» publie régulièrement le classement des pays du point de vue performance économique. Ce rapport est consulté par plusieurs investisseurs et hommes d’affaires du monde entier pour avoir une idée sur les pays qui ont la cote et où l’investissement ne constitue par un risque majeur.
Plusieurs critères sont établis pour mesurer la performance d’un pays compte tenu notamment de la législation qui doit être moderne et ouverte en plus du climat des affaires, avec ses différentes composantes, qui doit répondre aux exigences des investisseurs et des détenteurs de capitaux situés dans tous les pays du monde. A noter que la décision d’investir dans un pays ne tient pas compte des ressources naturelles disponibles. Tout ce qui intéresse les experts chargés d’élaborer le rapport concernant le climat des affaires et la législation.
Il va sans dire que pour accueillir les investisseurs dans de bonnes conditions, le pays doit disposer d’une infrastructure de base de développement et à la pointe du progrès, y compris des autoroutes, des ports commerciaux et des aéroports, et ce, dans le but de faciliter la tâche aux exportateurs et aux importateurs. Les équipements collectifs constituent aussi un élément de taille tout comme les réseaux informatiques et la digitalisation de l’administration. Du travail reste à faire au niveau national pour peaufiner les différents éléments entrant dans le cadre des critères d’attraction des investissements directs étrangers. Il faut éviter également les tiraillements politiques, l’instabilité et les changements répétitifs du gouvernement. L’investisseur souhaite avoir une idée fixe sur la situation politique, économique et financière avant de se décider à créer ses projets en Tunisie. Or, la situation actuelle chavire et le risque investissement est grand. Il est nécessaire d’assainir le climat politique et d’instaurer la paix sociale pour passer à l’étape suivante.
Industrie intelligente
D’ailleurs, le ministre du Commerce et du Développement des exportations et ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines par intérim, Mohamed Boussaid, a souligné, récemment, l’importance de déployer davantage d’efforts pour améliorer le classement de la Tunisie dans le rapport « Doing Business », grâce à la numérisation, à l’adhésion à l’industrie intelligente et à l’amélioration du climat d’affaires et des investissements dans divers secteurs. Du travail important reste à faire pour atteindre le niveau des pays qui ont beaucoup fait pour l’attraction des investissements directs étrangers. En Tunisie, les grands projets ne sont pas encore perceptibles bien que certains travaux aient démarré pour l’aménagement des autoroutes, et ce, dans le but de relier les régions de l’Ouest à celles de l’Est et faciliter ainsi le transport terrestre vers les ports et les aéroports.
Lors d’une réunion tenue lundi avec le directeur général de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii), Omar Bouzouada, le ministre a aussi évoqué l’importance de la finalisation des dernières étapes d’élaboration des arrêtés et des textes d’application de la loi sur le «Crowdfunding» (financement participatif).
Le ministre a indiqué que la loi sur le «Crowdfunding» sera un grand pas en avant et un saut qualitatif dans le domaine du financement institutionnel, de l’appui et de la création de projets innovants. Le financement participatif va permettre à des capitaux étrangers d’être impliqués dans de grands projets lancés par l’Etat dans plusieurs domaines comme ceux de l’infrastructure, de la digitalisation et des équipements collectifs. Encore faut-il identifier de tels projets avant de lancer les appels à candidature.
La digitalisation tous azimuts
La réunion a permis également d’examiner la question de l’amélioration des services administratifs de l’interlocuteur unique, ainsi que leur numérisation, dans les plus brefs délais pour répondre à toutes les demandes et éviter l’encombrement au niveau de ce service, surtout en fin d’année. La digitalisation de l’administration est un impératif qui tarde à être concrétisé pour diverses raisons. Pourtant, la volonté politique a été manifestée plus d’une fois en vue de faire bénéficier notre administration de la technologie numérique.
L’e-administration est un projet qui a été lancé depuis des années mais il n’a pas pu aboutir dans la mesure où plusieurs opérations sont encore effectuées dans les guichets, ce qui fait perdre aux administrés beaucoup de temps. Mais le plan de digitalisation est disponible et se concrétise à petits pas.
Il a été question lors de ladite réunion d’examiner les axes stratégiques visant l’amélioration et le développement des services de l’Apii, qui sont destinés aux investisseurs et aux entrepreneurs, notamment durant cette conjoncture exceptionnelle. Les investisseurs veulent créer leurs projets en un minimum de temps et de préférence en recourant aux opérations en ligne. Certes, l’APII a lancé, depuis une certaine période, l’interlocuteur unique qui est le seul vis-à-vis entre l’investisseur et l’administration. Mais il semble que le facteur temps n’ait pas été toujours pris en considération par l’administration. Le promoteur est toujours tenu de faire preuve de patience pour voir son projet naître.
En tout cas, le ministre et le DG de l’APII ainsi que la directrice générale de la promotion des PME, Malika Krit, ont mis l’accent sur les solutions permettant de créer et de financer les petites et moyennes entreprises (PME), notamment pendant cette crise sanitaire. Alors que plusieurs entreprises souffrent d’un déséquilibre financier et risquent de fermer leurs portes, l’orientation est de créer de nouvelles entreprises dans des secteurs à haute valeur ajoutée.
La durée de vie d’une entreprise est limitée dans le temps et peut disparaître au moindre choc alors que d’autres entreprises attendent leur entrée dans la vie active. L’amélioration du classement de la Tunisie dans «le Doing Business» ne peut se faire sans une vision globale de l’investissement à moyen et long termes en préparant toutes les composantes faisant partie du climat des affaires.