Le hashtag serait-il en train de devenir viral ? Winnou el vaccin ? Promise pour la mi-février, repoussée sans grande conviction à la mi-mars, diluée dans un flou artistique et opaque, l’arrivée du vaccin semble devenir un vœu pieux. Ou peut-être un placebo que l’on nous offre en attendant que soit naturellement immunisée la population avec les dégâts que l’on constate tous les jours. Au Maroc, en Algérie, au Sénégal, en Palestine, en Amazonie, on vaccine. En Tunisie, on en parle, on lance vaguement une opération blanche pour occuper le peuple, et on dit la chose et son contraire.
Une fois de plus, pour essayer de nous rassurer, d’y croire encore, nous nous sommes référés au professeur Hechmi Louzir, présent dans tous les plateaux de télévision, sur toutes les colonnes des journaux, crédité comme Monsieur Vaccin, tâche lourde et ardue.
A quoi pourrait-on imputer le formidable retard de la Tunisie en matière de vaccination, alors que nous sommes un pays doté d’une grande expérience en la matière ?
Nous nous sommes engagés avec l’Initiative Covax qui, comme vous le savez, est une initiative internationale qui regroupe et négocie les achats pour plusieurs pays. Nous avons fourni, en temps et en délais, tous les éléments exigés par cette Initiative. La Covax, à son tour, s’est engagée avec les laboratoires producteurs de vaccin pour réserver et livrer les vaccins aux différents pays. Il se trouve que ces laboratoires ont pris plus de temps que prévu pour finaliser les contrats. Nous, nous sommes liés avec la Covax. Ils font actuellement beaucoup d’efforts pour que les vaccins promis pour la mi-février arrivent à la mi-mars.
Comment ont fait les pays frères et voisins qui ont déjà entamé leurs campagnes ?
Ils ont fort probablement acheté les vaccins directement auprès des fournisseurs.
Avons-nous acheté et payé des lots de vaccin ?
C’est la Pharmacie centrale qui achète pour les besoins du pays. Je sais que des contrats ont été signés avec Pfizer et Spoutnik. Je ne sais pas ce qui a été payé.
Selon la rumeur, le vaccin Spoutnik aurait été retardé pour des raisons plus diplomatiques qu’économiques. Qu’en est-il ?
Dans le cadre du prêt que la Banque mondiale nous accorde pour cette campagne, tous les vaccins ne sont pas éligibles. Ils sont assujettis à une autorisation nécessaire. Le vaccin russe n’a pas été pré-qualifié par l’OMS, et n’avait pas demandé l’agrément de la FDA. Je crois savoir qu’il vient de le faire.Mais cela ne nous empêche pas d’acquérir ce vaccin sur nos fonds propres. L’autorisation sur la Tunisie a déjà été obtenue. Des contrats circulent, en voie de finalisation. Reste à établir le tableau de livraisons fourni par la société russe. Mais là encore, nous n’avons pas une date précise à vous donner.
Une loi apparemment non prévue aurait également été la cause du retard ?
En ce qui concerne cette loi exigée par l’Initiative Covax, je dois reconnaître que nous avons été très réactifs. Et j’en profite pour remercier les députés qui ont élaboré et voté en un temps record cette nouvelle loi. D’autres pays avaient déjà des lois similaires qu’il ne s’agissait que d’ajuster, ce qui leur a permis de répondre très vite à ces exigences. Nous avons été le premier pays au monde à élaborer cela ex nihilo.
Le mot de la fin pour nous rassurer ?
Je vous dirais, tout de même, qu’une grande quantité de gens ont été naturellement immunisés. Mais qu’il faut, néanmoins, continuer à respecter les mesures de prévention. Quand bien même après le vaccin, car on sait, aujourd’hui, que même vacciné, on peut, exceptionnellement, transmettre le virus.