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MOODY’S ABAISSE LA NOTE DE LA TUNISIE

Moody’s souligne que « le long processus d’assainissement budgétaire et de réforme du secteur public nécessite un consensus avec les structures de la société civile sur l’orientation et la mise en œuvre d’une série de mesures ».

Comme attendu, l’agence de notation Moody’s a abaissé de B2 à B3 la note de l’émetteur à long terme en devises et en monnaie locale de la Tunisie et a maintenu la perspective négative. En fait, la situation économique et financière de la Tunisie évolue depuis des années dans le flou et  rien de rassurant n’est perçu à l’horizon. Tous les indicateurs ou presque sont au rouge et les performances aussi bien du secteur public que du secteur privé tardent à se manifester. Un miracle pourrait changer la donne à moyen et long termes, mais celui-ci ne semble pas se faire dans un contexte de crise qui semble perdurer.

Moody’s a également abaissé la notation des titres de la dette de la Banque centrale de Tunisie (BCT) en devises étrangères garanties et non garanties de premier rang de B2 à B3. La dette tunisienne ne cesse de s’enfler malgré la volonté des pouvoirs compétents de l’abaisser dans des proportions normales et surtout maîtrisables. L’Etat ne peut pas bouger sans le recours presque systématique à la dette. Etant donné que sa marge de manœuvre est limitée, l’Etat s’est tourné récemment au marché local pour s’endetter auprès des banques locales dans le but de boucler son budget. La solution la plus facile est de recourir à la dette au lieu de faire fonctionner les moteurs du développement en commençant par activer la production minière et particulièrement celle du phosphate et du pétrole qui sont, de temps à autre, bloquées par les contestataires.

«Affaiblissement de la gouvernance »

Ces titres de créance sont émis au nom du gouvernement et de la BCT qui est légalement responsable des paiements de toutes les obligations du gouvernement.

Dans un communiqué publié mardi soir, l’agence souligne que le déclassement en B3 de la note souveraine de la Tunisie « reflète l’affaiblissement de la gouvernance face à l’augmentation des contraintes sociales qui entravent de plus en plus la marge de flexibilité du gouvernement en matière de mise en œuvre de l’ajustement budgétaire et de réforme du secteur public ».

Le gouvernement se trouve ainsi dans un vrai dilemme : d’une part, il ne peut pas faire les réformes pour lesquelles il s’est engagé auprès du Fonds monétaire international et, d’autre part, il doit faire face aux exigences de la centrale syndicale qui considère que les entreprises publiques sont une ligne rouge à ne pas s’en approcher. Certes, les syndicaux sont pour la restructuration de ces entreprises pour les dynamiser et améliorer leur rendement, mais de là à parler de privatisation, aucune concession n’est tolérée. Il est question aussi de l’allégement des charges de la Caisse générale de compensation pour aller vers la réalité des prix et un ciblage des citoyens à revenu limité qui ont droit à une subvention. La réforme concerne aussi les caisses sociales dont le déficit ne cesse de se creuser au fil des ans et qui exigent une vraie réforme.

Certes, on  a commencé par l’application des dispositions visant à améliorer les revenus des caisses par l’ajustement des cotisations et le report de l’année de départ à la retraite à 62 ans, mais du chemin reste encore à parcourir pour atteindre les objectifs fixés et qui consistent à réduire le déficit budgétaire.

Réduire le déficit budgétaire

Il s’agit donc de réduire le déficit des caisses sociales mais aussi celui du budget de l’Etat, d’abaisser le recours à l’endettement et d’effectuer les réformes convenues.

D’ailleurs, Moody’s souligne que « le long processus d’assainissement budgétaire et de réforme du secteur public nécessite un consensus avec les structures de la société civile sur l’orientation et la mise en œuvre d’une série de mesures ».

Et par société civile on vise essentiellement la centrale syndicale la plus puissante dans le pays, en l’occurrence l’Ugtt qui a une influence particulière sur les décisions que doit prendre le gouvernement. Le syndicat n’entend pas, pour l’heure actuelle, céder les entreprises publiques au secteur privé même si des preuves lui ont été données pour démontrer que des entreprises qui étaient sous l’emprise de l’Etat ont réussi à se développer quand elles sont passées aux privés, à l’instar des cimenteries.

La perspective négative tient également compte des risques liés à de nouveaux retards dans la négociation et la mise en œuvre d’un programme avec le Fonds monétaire international (FMI). « De tels retards augmenteraient l’incertitude quant à la capacité du gouvernement à garantir un accès continu aux sources de financement extérieur et à maintenir l’accès aux marchés internationaux des capitaux à des conditions favorables afin de répondre aux besoins de financement élevés au cours des prochaines années ».

Mieux vaut tard que jamais. L’Etat n’a d’autres solutions à envisager que de favoriser le travail pour qu’il devienne une valeur sûre pour tous les citoyens.

Ainsi, il est nécessaire d’augmenter la productivité, de toucher à de nouveaux segments de produits exportables et à consolider et à diversifier nos destinations d’exportation pour garantir une entrée massive de devises.

En l’absence d’un tourisme qui tarde encore à se réveiller, il est indispensable aussi d’encourager les investissements directs étrangers par tous les moyens et surtout pas celui de la promotion. Des actions promotionnelles sont ainsi nécessaires pour toucher les principaux pays potentiellement prometteurs en matière d’investissement.

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