Le hindi, figue de Barbarie, considéré dans la tradition comme le fruit des pauvres, enrichit aujourd’hui majoritairement les femmes. Les Tunisiennes trônent dans cette filière et y mettent toute leur créativité. A l’occasion du 8 mars, le projet Pampat a voulu rappeler toute la palette de leur inventivité pour développer cette filière

L’huile biologique de la figue de barbarie est un produit qui a le vent en poupe depuis près de huit ans. Derrière la transformation des pépins — hier encore considérés comme des déchets — de ce fruit magique en mille un articles allant de la cosmétique à l’agroalimentaire, se cachent des success stories conjuguées au féminin pluriel. Des ouvrières, qui cueillent les fruits, aux chimistes à la tête de laboratoires, aux femmes cheffes d’entreprise, qui valorisent par un packaging attractif, commercialisent et exportent une huile très appréciée pour ses qualités hydratantes et rajeunissantes…les femmes sont plus que présentes dans toute la chaîne de production. Et même si souvent, comme partout dans les campagnes, la terre où le fruit est planté ne leur appartient pas, le dynamisme que connaît la filière a permis de faire bénéficier les ouvrières agricoles en moyenne d’une augmentation de 50% de leurs salaires journaliers à Kasserine. Le développement des différents maillons de la filière figue de Barbarie tunisienne est appuyé par le projet Pampat (Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et du terroir) en collaboration avec l’Onudi et Seco (Projet de financement suisse) depuis 2013.

Un produit qui se vend jusqu’en Océanie

Elles s’appellent Intissar Mnasri, Marwa Ben Ali, Lobna Dems… Elles font partie des dirigeantes des trente nouvelles entreprises qui ont vu le jour depuis 2016. Les marques qu’elles ont su inventer offrent des produits de très grande qualité.

Elles sont ingénieures, aromathérapeutes ou chimistes pour la plupart et dirigent de petites entreprises où l’écologie, la santé humaine, une industrie à zéro déchet, le bio sont les maîtres mots. Leur huile se vend aux quatre coins du monde et jusqu’en Océanie.

«Sachant qu’aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger la principale clientèle du produit est féminine, il est important de rendre hommage, à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme qui est célébrée le 8 mars, au rôle que joue la femme dans toutes les étapes de production de cette huile afin de tirer tout le secteur vers le haut», cite le Pampat dans un communiqué de presse.

Les femmes propriétaires des start-up de production d’huile de pépins de figue de Barbarie ont remporté plusieurs prix tels que le trophée du secteur agrobusiness, le prix de jeune pousse. Lobna Dems a décroché en 2018 le Prix «Femme entrepreneure de l’année».

Ces distinctions témoignent du dynamisme et de la capacité d’innovation du secteur en Tunisie. En parallèle, avec l’augmentation du nombre des opérateurs, la filière a également connu une grande diversification.

Car si au démarrage, les entreprises se limitent à l’extraction de l’huile de pépins de figue de Barbarie biologique, elles ont su développer au fil des recherches et des années un large éventail de produits cosmétiques : des gels, des crèmes, des savons, des sérums, des shampooings… Plus encore, des produits agroalimentaires et diététiques sont nés. Le vinaigre amincissant, le sirop sans sucre ajouté, le miel, le jus, les infusions ou encore le couscous enrichi en fibre sont en train de trouver leur place sur les marchés. Pour initier ces développements, les entreprises ont réalisé au cours des cinq dernières années des investissements qui dépassent les 15 millions de dinars tunisiens.

«Cela a permis de créer environ 1.000 emplois permanents et occasionnels, dont 700 au profit des femmes. Les ouvrières agricoles, qui sont souvent les grandes oubliées du modèle agricole, ont également pu profiter indirectement du développement entrepreneurial», cite encore le communiqué.

La filière de la figue de Barbarie est devenue aujourd’hui un modèle d’économie sociale et solidaire avec une empreinte typiquement féminine.

Et le hindi (figue de Barbarie), longtemps considéré comme le fruit des pauvres, est aujourd’hui reconnu comme une source de croissance socioéconomique inclusive.

 

Image par Ulrike Leone de Pixabay

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