La Tunisie a célébré hier, à l’instar des autres pays du monde, la Journée internationale de la femme, avec pour thème, choisi par l’ONU, « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». La fête de cette année intervient au moment où les femmes ont, le plus, subi les contrecoups de la pandémie, en termes de pauvreté et de perte d’emploi.
En Tunisie, pourquoi célèbre-t-on cette journée ou celle du 13 août ? Certes, la femme tunisienne a tant milité, ce qui lui a valu autant d’estime et de reconnaissance. De par son passé, on lui reconnaît son patriotisme, son dévouement, sa citoyenneté indubitablement remarquée dans l’histoire contemporaine du pays. Femme de tous les défis et fière de l’être . Mais, cette vérité témoignée n’a jamais été traduite dans les faits. Outre le CSP, le fameux Code du statut personnel promulgué en 1957, on n’a vu rien d’important qui lui fut gratifié. Autant dire, ses efforts ne sont guère récompensés. Mère au foyer, femme aux champs, ouvrière de chantier ou cadre aux postes de décision, la femme tunisienne continue à se battre pour vivre mieux et survivre en tant que citoyenne à part entière, en termes de devoirs et droits humains dans leur acception la plus large.
Aujourd’hui, a-t-elle eu vraiment gain de cause ? Tout révèle que sa situation n’est pas aussi satisfaisante, bien qu’elle soit toujours omniprésente. Sur la scène politique, au Parlement, dans l’administration, mais aussi au milieu rural, la femme tunisienne peine encore à s’imposer. Le taux de sa présence varie d’un secteur à l’autre, mais il demeure toujours en deçà des attentes. Avec en moyenne 30% de sa représentativité diverse. L’égalité des chances en dit encore long. Et beaucoup plus catastrophique pour la femme rurale. Jugée être la moins chanceuse à bien des égards, elle est aussi la moins rémunérée. Elle souffre de l’emploi précaire outre le danger qui la guette sur son chemin au travail. Et combien de fois elle en a payé lourd le prix : surexploitation, harcèlement, journées de travail insuffisamment rémunérées, temps supplémentaire impayé. A cela s’ajoute le nombre d’accidents dont elle est, le plus souvent, victime. A Sidi Bouzid, à Kairouan, à Kasserine ou dans d’autres régions du pays, la femme dans le secteur agricole n’a pas encore trouvé son compte. Elle est de plus en plus livrée à elle-même, privée de ses droits les plus élémentaires. Et dire que la femme est la moitié de la société.
Leadership féminin ?
En cette conjoncture de pandémie, la femme tunisienne s’enlise de plus en plus dans une crise doublement ressentie, sociale et économique. Et ce n’est pas un hasard si elle continue à vivre mal. Elle n’arrive pas à subvenir à ses besoins et encore moins à accéder à l’emploi. « A mesure que décroît le niveau des activités du secteur informel, jusqu’à la poussée alarmante de la violence basée sur le genre et du fardeau du travail domestique non rémunéré – tout en faisant ressortir le besoin urgent de la tenue du Forum génération égalité de 2021, prévu à la fin de ce mois au Mexique », souligne l’ONU. Et ce, dans la perspective de booster les investissements et repenser les programmes et politiques de promotion visant à l’égalité des sexes au niveau mondial.
A l’échelle locale, il y aura encore du pain sur la planche. La promotion de la femme, où qu’elle se trouve dans les quatre coins du pays, relève d’un devoir de citoyenneté qui lui reconnaît sa place de choix dans la société. En attendant, dans pareille circonstance festive, que le gouvernement et même les conseils municipaux locaux sachent saisir l’occasion, afin de décider des mesures privilégiées qui puissent conférer à la femme un rôle de locomotive.