Jied Aouij directeur général de Femco Ltd, est notre invité aujourd’hui. Il est le plus jeune marchand d’armes en Tunisie. Faisant partie de ces hommes qui travaillent dans l’ombre, d’un patriotisme sans faille, il nous parle de son secteur d’activités qui est l’un des plus secrets. Autodidacte et self made man, il a accepté de répondre à nos questions sur l’Otan.
Commençons pas un rappel historique. Tout le monde a déjà entendu parler de l’Otan mais qu’est-ce vraiment ?
Otan veut dire Organisation du traité de l’Atlantique nord. C’est une organisation politique et militaire vieille de 70 ans. L’Otan compte actuellement 30 pays membres. À sa création en 1949, l’Alliance comptait douze membres fondateurs. C’est tout d’abord une organisation militaire de soutien et de défense mutuelle qui prend ses fonctions lorsque les efforts diplomatiques échouent. Elle dispose de la puissance militaire nécessaire pour entreprendre des opérations de gestion de crise
Est-ce qu’elle a changé avec le temps ?
Oui elle a mué avec le temps. En effet, quand on évoque l’Otan en 2021, ce n’est pas la même que lors de sa création. L’Otan a été créée dans une configuration où les enjeux politiques étaient totalement différents de ceux d’aujourd’hui.
Comment se fait-il que cette organisation ait perduré malgré un contexte manifestement très différent?
Durant la guerre froide, il y avait la menace soviétique qui était l’adversaire désigné durant cette période. Donc il y avait l’Otan face au fameux Pacte de Varsovie qui a été crée en 1955 qui regroupait l’Union soviétique et les démocraties populaires dont la RDA, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne, et la Roumanie, la Bulgarie. On a clairement une organisation politique et militaire dont la vocation était de regrouper le camp occidental contre l’Urss, c’est la peur qui fait les meilleures alliances.
Pourquoi l’Otan, une organisation dont la vocation centrale était la lutte durant la Guerre froide contre l’Urss, continue d’exister alors que l’adversaire a disparu ?
La Russie, héritière de l’Urss, est maintenant membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. C’est un peu paradoxal, vous comprenez. Normalement l’Otan aurait dû être dissoute car la situation politique actuelle est très différente de la configuration géopolitique de la fin des années 40 et du début des années 50.
Une phrase de Napoléon est assez belle de ce point de vue-là : la politique d’un Etat réside dans sa géographie. C’est de la géostratégie ou ce qu’on appelle la géopolitique. Pour prendre l’exemple de la Turquie qui politiquement a été créée par Mustafa Kemal Attatürk. Elle s’était rapprochée de l’Occident grâce à lui et son adhésion à l’Otan a permis d’arrêter l’ennemi sur son flanc sud et donc elle fut d’une importance capitale.
Aujourd’hui avec Erdogan, on est dans une grille de lecture totalement différente il faut le dire clairement et ça ne correspond plus du tout aux attentes de ses partenaires. Ensuite, la partie militaire: l’Otan était d’accord pour intervenir en ex-Yougoslavie ainsi que durant la première guerre d’Irak. Enfin la partie humanitaire: lors du tremblement de terre en Haïti par exemple, l’Otan s’est déployée afin de porter assistance aux populations sinistrées suite à la catastrophe humanitaire qui a suivi la crise.
C’est un autre volet du potentiel de déploiement de l’Otan. Cependant, certaines dissensions sont apparues au sein de l’alliance, notamment lors de la seconde guerre d’Irak lorsque les Etats-Unis ont eu du mal à convaincre la France d’intervenir.