
La polémique PDL-Coalition Al Karama qui s’est transformée en guerre de tranchées à l’avenue Kheireddine-Pacha, à propos de l’antenne tunisienne de l’Union internationale des oulémas musulmans, a dominé, tout au long de la journée, l’actualité nationale, reléguant au second plan l’affaire des vaccins et l’accord donné par le Président de la République pour l’organisation du dialogue national tant attendu, au cas «où seuls ceux qui aiment la Tunisie y prendraient part»
Hier, on attendait l’issue «d’une confrontation que plusieurs présentaient «comme les débuts d’une guerre civile»
Du côté de la présidence du gouvernement, «on laisse la justice faire son travail»
Hier, mercredi 10 mars, tout au long de la journée, les Tunisiens étaient suspendus à ce qui se passait à l’avenue Kheireddine-Pacha à Tunis où certaines radios, plus particulièrement IFM et Diwan FM, ont choisi de transmettre en direct «la guerre de tranchées» déclenchée la veille et opposant «les lieutenants et les soldats» du Parti destourien libre (PDL) sous le commandement de sa présidente, la députée Abir Moussi, d’une part, à «la soldatesque», d’autre part, de Seïfeddine Makhlouf, chef de la coalition Al Karama, sous l’arbitrage vigilant de la police faisant un barrage empêchant les deux adversaires d’en venir aux mains et les obligeant à se contenter de s’échanger insultes, accusations et menaces en tous genres.
L’objet de cette guerre appelée à se poursuivre pour une période dont personne ne peut définir la durée concerne l’antenne tunisienne de l’Union internationale des oulémas musulmans que le Parti destourien libre voudrait déloger de son siège à l’avenue Kheireddine-Pacha et voir aussi le gouvernement décider de lui retirer l’autorisation d’exercer ses activités et le déclarer organisation terroriste conformément à la plainte déposée par le PDL demandant à la justice d’interdire à l’antenne de l’union d’exercer ses activités.
Et la nouveauté dans cette affaire est bien que le secrétariat général du gouvernement a envoyé, conformément aux doléances du PDL, une mise en demeure aux responsables de l’antenne leur demandant des éclaircissements sur la nature de ses activités, plus particulièrement sur les sources de son financement et sur le contenu des cours qu’elle dispense aux étudiants et élèves par l’entremise de ses enseignants.
Sauf que le Parti destourien libre, dont les militants dirigés par leur présidente Abir Moussi campent en sit-in devant le siège de l’antenne depuis novembre dernier, a pris l’initiative de forcer, dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 mars, la porte d’entrée de l’antenne de l’organisation «dans le but de mettre la main sur les documents qui montrent que l’organisation s’est compromise dans des actions terroristes. Notre objectif est de sauver ces documents pour les transmettre à la justice avant qu’ils ne soient détruits par les responsables de l’antenne comme il nous a été communiqué. D’ailleurs, nous avons réussi à mettre la main sur plusieurs documents compromettants pour ce qui est du financement de l’organisation et des cours que ses enseignants inculquent aux élèves», assurent Abir Moussi et ses lieutenants qui sont convaincus, à travers leurs déclarations, qu’ils sont dans leur droit d’envahir le siège de l’organisation et qu’ils n’ont accompli aucun dépassement ou dérive en se permettant de se faire justice eux-mêmes.
Makhlouf et ses frères dans l’arène
Et ce fut l’étincelle qui a déclenché la guerre Abir-Seïfeddine Makhlouf.
Ainsi, aussitôt Abir Moussi ayant investi le siège de l’association et s’étant emparé «des documents de la compromission», Seïfeddine Makhlouf, le président de la Coalition Al Karama, a-t-il annoncé la mobilisation de ses troupes et a rejoint l’avenue Kheireddine-Pacha pour récupérer les documents en question, obliger les Pdélistes à lever de force leurs installations et corriger la présidente du Parti destourien ainsi que les sit-inneurs qu’elle a mobilisés devant le siège de l’Association.
Quant aux forces de l’ordre, elles ont décidé de s’interposer entre les deux protagonistes sans procéder à l’arrestation de ceux parmi les Pdélistes qui ont forcé le siège de l’Association ni de ceux qui soutiennent Al Karama qui ont agressé les Destouriens et ont essayé de les déloger par la force.
Qui a raison, qui a tort, ou plus précisément Abir Moussi est-elle dans son droit de forcer le siège de l’organisation et d’y récupérer les documents qu’elle présente comme compromettants, et Seïfeddine Makhlouf a-t-il la qualité ou la compétence de décider de mettre un terme au sit-in du PDL et de supplanter l’Etat au cas «où il n’interviendrait pas pour évacuer Abir Moussi de l’enceinte de cette association citoyenne légale» ?
On se posait cette question tout au long de la journée en attendant que Hichem Mechichi, le Chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur par intérim, n’apporte la réponse: «La levée du sit-un du PDL est une question purement judiciaire», souligne-t-il.
Il ajoute: «Seul le ministère public est habilité à appliquer la loi en temps de couvre-feu et d’état d’urgence».
Les déclarations de Mechichi interviennent en réaction à certaines informations qui indiquent que la police a recouru à la force pour obliger le PDL à lever son sit-in.