L’événement vise à mettre en œuvre les mécanismes nécessaires pour assurer l’égalité des droits entre les deux sexes dans le domaine de la participation décisionnelle et politique, tout en renforçant les mécanismes d’intégration de l’approche genre dans les politiques locales.
A l’occasion de la Journée mondiale de la femme, l’association Tounissiet a organisé mardi, avec l’appui de l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (Aecid), une conférence nationale sur le thème : «Mécanismes d’intégration de l’approche genre dans les politiques locales : inclusion et autonomisation».
Passer à l’action…
Hend Bouziri, vice-présidente chargée de programmes à l’association Tounissiet, indique que cet événement vise à mettre en évidence les rapports de pouvoir et les inégalités entre les femmes et les hommes, ainsi que leurs répercussions sur l’aptitude et les possibilités de participation au développement local et économique du pays. «L’analyse de genre met en évidence les liens qui existent entre les inégalités de genre et les autres formes d’inégalités et de clivages (économiques, sociales, culturelles, politiques…) au sein de la société», souligne-t-elle, tout en rappelant que l’approche genre dans la gouvernance locale s’insère nécessairement dans le cadre de l’engagement de l’Etat à garantir l’égalité des chances entre l’homme et la femme pour l’accès aux diverses responsabilités et dans tous les domaines.
Mme Bouziri ajoute que l’intégration des droits des femmes et de l’approche genre dans les différents axes de développement durable fait partie de l’ADN de l’association Tounissiet. En effet, depuis sa création en 2011, l’association travaille d’une façon homogène avec ce qui se passe au niveau national, du point de vue législatif, politique locale, politique publique, prévention de la violence à l’égard des femmes… Dans ce cadre, plusieurs projets ont été lancés depuis 2012 et la conférence était l’occasion de faire le point sur les axes et les idées qui essaient d’améliorer la situation des femmes en Tunisie…
«Après avoir achevé le diagnostic, on parle maintenant, non seulement de l’intégration des droits des femmes, mais on veut aussi parler de façon précise et bien déterminée des mécanismes qui essaient de renforcer ces droits, car il est important de faire participer les femmes aux axes de développement stratégique à travers les partis politiques, mais aussi à travers les secteurs public et privé…D’où la nécessité d’avoir des programmes, des visions et des politiques clairs…, cela, sans oublier le côté financier, car sans budget, tous ces objectifs restent figés et non réalisables.
Mais les bonnes nouvelles ne manquent pas. Grâce à la nouvelle Constitution, qui insiste sur l’importance de la décentralisation pour accéder à tous les droits, partout en Tunisie, nous sommes, bel et bien, sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs. Actuellement, on essaie de voir comment faire inclure l’approche genre dans les politiques au niveau des municipalités nouvellement créées», explique-t-elle.
Quelles recommandations ?
Mme Bouziri indique que l’association a élaboré une série de recommandations pour une meilleure représentation des femmes dans les conseils municipaux et l’intégration de cette approche genre au niveau local. Tout d’abord, il est nécessaire de coordonner avec toutes les parties prenantes pour avoir de réels mécanismes afin d’appliquer le décret gouvernemental n° 2016-626 du 25 mai 2016, portant création du Conseil des pairs pour l’égalité et l’équivalence des chances entre la femme et l’homme. Il est, également, recommandé de faire intégrer l’approche genre au niveau de toutes les politiques publiques. D’où l’obligation et l’importance d’avoir un pont entre les deux niveaux : central et local, selon le principe de la décentralisation. Sur un autre plan, il ne faut pas oublier le côté financier pour concrétiser ces projets, notamment au niveau local. «On a beaucoup parlé du budget qui cible le genre, qui est un acquis au niveau gouvernemental. Mais l’idée, c’est comment le concrétiser au niveau local. D’où l’obligation de publier et d’appliquer un texte de loi pour faire changer les choses», précise-t-elle.
Mme Bouziri affirme également que c’est très important d’avoir cette vision commune et globale, mais malheureusement, on constate un manque de coordination entre les différentes parties prenantes en négligeant le rôle que peut jouer la société civile dans ce cadre-là. Cette dernière a un capital humain très intéressant et une expérience très riche en la matière.Pour conclure, Mme Bouziri indique que l’association a eu l’intervention des femmes élues, réseau nouvellement créé pour recenser leurs besoins réels au niveau des municipalités afin d’identifier les vrais enjeux et les questions urgentes qu’on doit poser à travers des témoins très intéressants… «On a eu aussi l’occasion de l’intervention des différents experts pour évaluer le code des collectivités locales, après deux ans et demi des élections au niveau local. On a également débattu de la question de l’économie sociale et solidaire comme mécanisme promoteur pour faire intégrer l’approche genre dans les programmes et les budgets au niveau des municipalités… Donc, le chemin n’est pas si facile. C’est une impressionnante série de chantiers liés l’un à l’autre», a-t-elle encore précisé.