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Textile-habillement | Des difficultés à l’export qui persistent

Le secteur du textile-habillement souffre de problèmes structurels qui l’ont empêché de se distinguer sur le plan national. Certes, certaines grandes entreprises ont pu passer des commandes à certains importateurs, mais le reste des PME n’ont pu réaliser leurs objectifs en termes commerciaux.

Optant pour la gamme moyenne, ces entreprises ont pu finaliser des commandes auprès de certains acheteurs européens. Il semble que le partenariat entre des entreprises tunisiennes et leurs homologues européennes —particulièrement françaises et italiennes— ont porté leurs fruits. Les entreprises tunisiennes bénéficient d’un patron (modèle de coupe) qu’elles exécutent avant d’exporter le produit fini vers le donneur d’ordre. C’est ainsi que plusieurs unités de production locales situées notamment dans le littoral ont entretenu leurs activités et continuent à le faire.

Le passage de la coproduction au produit fini ne s’est pas fait paisiblement en Tunisie, dans la mesure où plusieurs entreprises locales n’ont pu survivre à l’après-collaboration avec les entreprises étrangères. Le problème se situe notamment au niveau de la commercialisation des produits. C’est que plusieurs marchés européens sont fermés à l’appellation d’origine des produits fabriqués localement. A noter que l’appellation d’origine est devenue une condition de vente des produits fabriqués localement selon une directive de Bruxelles. Or, plusieurs pays européens n’acceptent plus les produits de gamme moyenne «Made in Tunisia» pour diverses raisons, dont celle qui concerne l’encouragement de la production européenne.

Diversification de la production

Les produits tunisiens finis n’ont pu ainsi investir à large échelle le marché européen même si des griffes nationales ont commencé à émerger du lot. Pourtant, les projets asiatiques sont exportés massivement dans presque tous les pays du monde, y compris en Afrique où l’on trouve des articles provenant de la Chine, de la Malaisie, de Hong Kong et de la Turquie. Ces articles concernent les pantalons, les chemises et les jebbas, bas de gamme. La Tunisie n’a pu suivre cette tendance et se frayer un chemin parmi ces articles qui inondent les marchés. D’où la nécessité pour nos entreprises locales de monter en gamme et d’atteindre la moyenne en explorant de nouveaux marchés, comme ceux de l’Afrique qui demeure notre seul recours en l’absence de l’intérêt européen.

Les firmes européennes préfèrent continuer à pratiquer le partenariat avec la Tunisie selon des modèles précis de coupe. Ainsi, tout le tissu industriel tunisien doit se mobiliser au profit des firmes européennes pour pouvoir continuer à survivre et exporter vers l’Europe en affichant l’étiquette des entreprises européennes pour échapper à l’appellation d’origine. En outre, nos unités de fabrication sont appelées à diversifier leur production au lieu de se limiter à certains articles, comme les pantalons, les chemises et la bonneterie. C’est que ce créneau est déjà investi par les entreprises asiatiques qui ont réussi à compresser le coût de fabrication au maximum pour proposer des articles à prix défiant toute concurrence.

La Tunisie peut toucher de nouveaux segments, comme les articles destinés aux secteurs spécifiques, à l’instar de la protection civile, des industries métallurgiques et du travail du bois. Ces métiers ont besoin d’habits spécifiques fabriqués à partir de tissus spécifiques. Les habits de ville sont vendus à tour de bras et plusieurs entreprises se bousculent dans un marché presque saturé, approvisionné par des sources différentes et notamment par les pays asiatiques qui pratiquent de bas prix.

Compter sur l’industrie tunisienne

L’industrie du textile tunisienne a de beaux jours devant elle à conditions qu’elle compte sur ses compétences. En effet, plusieurs jeunes diplômés en stylisme et modélisme sont disponibles sur le marché et sont capables de faire des prouesses, moyennant des encouragements et d’aides. Or, le taux d’encadrement de nos entreprises reste encore faible et ne permet pas d’atteindre un niveau de compétitivité assez élevé. D’où la nécessité de recruter plus de compétences pour élever notre industrie à un niveau acceptable, capable de concurrencer les entreprises fabriquant des articles de gamme moyenne. Des sessions de formation et de recyclage doivent également toucher les ressources humaines en exercice pour les initier aux nouvelles technologies et mettre à jour leurs connaissances dans le domaine du textile-habillement.

Les entreprises tunisiennes sont tenues également de s’adapter à l’appellation d’origine en mettant à niveau leurs outils de production pour les rendre adaptés aux besoins d’un marché exigeant et concurrentiel. Avec la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid-19, la situation s’est compliquée davantage pour les entreprises tunisiennes du textile-habillement, surtout avec la récession de la demande du marché européen qui demeure notre principal partenaire. Il est intéressant de se tourner davantage vers le marché africain qui offre plusieurs opportunités, à condition de savoir maîtriser le coût de production en vue de proposer des articles à prix abordables compte tenu de la concurrence qui prévaut.

Par ailleurs, il est nécessaire de continuer à fabriquer des articles de prêt-à-porter dans la moyenne gamme qui est un créneau pas encore très exploité par les industriels. Encore faut-il suivre les tendances mondiales dans ce domaine et modeler les outils de production en conséquence pour pouvoir répondre à la demande même avec l’appellation d’origine. A titre d’exemple, les tee-shirts avec effigies ouvrent de nouveaux horizons pour l’industrie tunisienne car ils sont très demandés dans plusieurs pays européens et africains. Ces articles n’exigent pas beaucoup d’innovation, dans la mesure où la coupe est unique, alors que les effigies à publier sont différentes et nécessitent l’implication de créateurs capables de produire des dessins sur tissus de différentes sortes tenant compte des tendances mondiales.

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