Cinq personnes ont péri dans le triste et choquant incendie survenu dans une usine d’asphalte à Gabès. On n’a pas assez mis l’accent sur l’ampleur de cette tragédie humaine. Cela ressemble de très près aux victimes du terrorisme de nos forces armées et de sécurité. Ces victimes sont des Tunisiens qui travaillent au jour le jour et vivent avec un salaire qui subvient à peine à leurs besoins. Cet incendie dans une unité industrielle aussi grandiose n’est pas un événement inattendu ou exceptionnel. On doit s’estimer heureux que d’autres incendies et accidents ne soient pas survenus sur nos complexes industriels aux quatre coins de la République. La raison ? Une protection quasi absente et des normes de sécurité oubliées et sans la moindre retenue par les dirigeants de ces complexes, que ce soit l’Etat ou les propriétaires privés.
Pour des activités aussi dangereuses et sensibles qui se basent sur la transformation de matières et liquides inflammables et pétrochimiques, comment le ministère de l’Industrie a-t-il fermé les yeux pendant des années sur les faibles mesures de sécurité dans les usines étatiques et privées ? Comment ses organes de contrôle tolèrent-ils autant de distraction et de risques pour la vie des Tunisiens ? L’investissement dans les mesures de sécurité et d’hygiène n’est pas un luxe, mais une obligation, quitte à alourdir les charges. C’est une sorte de composante clé d’un environnement sain de travail. Et d’après ce qu’on nous rapporte, l’incendie de Gabès pourrait encore se reproduire dans toutes les unités industrielles d’énergie et pétrochimiques, voire dans les ports tunisiens ! Tant que ce dossier n’est pas traité sérieusement en appliquant fermement les textes sur les mesures de sécurité dans les usines, on continuera de brader la vie humaine en Tunisie.
Autre chiffre passé inaperçu bien qu’il soit si tragique : plus de 7 Tunisiens ont trouvé la mort le week-end dernier dans des accidents de la circulation, ce fléau qui ravit chaque jour des vies de jeunes et de moins jeunes Tunisiens, sans qu’une prise de conscience ne puisse l’éradiquer. On aura communiqué pour des mois et des mois sur la sécurité routière, sur les textes de loi, mais rien n’y fit. Sur les deux événements tragiques qu’on vient de citer, le mal est commun : la vie humaine n’a plus de valeur malheureusement en Tunisie. Contrairement aux pays développés où des ministres démissionnent pour une seule victime. Chez nous, cinq ouvriers calcinés, 7 personnes victimes d’accidents de la circulation en un seul week-end et cela se passe comme si c’était un simple fait divers. Pis encore, c’est l’occasion de régler «des comptes politiques». Ô combien le Tunisien est marginalisé par son Etat depuis des décennies !