La question peut se poser à l’heure actuelle au rythme de la lenteur où vont les choses et de certaines incertitudes malgré des signaux positifs concernant l’arrivage des vaccins.
A peine la campagne de vaccination anti-Covid-19 a-t-elle démarré, samedi dernier, que des critiques ont commencé de part et d’autre, émanant des professionnels de santé ou des citoyens qui ont en ras-le-bol de constater combien le pays est à la traîne par rapport aux pays développés. Faouzi Addad, professeur de cardiologie au ministère de la Santé publique tunisienne, ne manque pas d’apporter ses connaissances et ses informations au public sur les réseaux sociaux. «Sommes-nous en train de perdre du temps au début de cette campagne vaccinale? La vitesse de vaccination des personnels de santé est trop faible, et je pense que chaque hôpital avec la médecine de travail aurait pu gérer sa propre vaccination. Beaucoup de confrères ont constaté que les centres de vaccination sont vides et que cela aurait pu être comblé par des personnes fragiles. Avec l’arrivée du vaccin Pfizer, cela ne sera pas permis. Nous devons rectifier le tir, surtout que la 3e vague arrivera plus rapidement que prévu, juste à voir ce qui se passe dans les pays européens.
L’arrivée du vaccin Pfizer et celui d’Astrazeneca va permettre d’accélérer le nombre de vaccinés. Mais cela dépendra du robot qui gère les fameux SMS et qui a probablement reçu un virus, vu le nombre de jeunes vaccinés par rapport aux plus âgés. Le génie tunisien est grippé depuis un certain temps». Ce post en dit long, très long sur les défaillances à plusieurs niveaux dans l’accès au vaccin anti-Covid-19. Des échecs ont été enregistrés lors de l’enregistrement par SMS avec des bugs au moment de la validation, qui ont été mal gérés par les personnes du troisième âge, au contraire des plus jeunes plus, qui savent contourner rapidement ce genre d’incident.
Toutefois, avec la crainte de la population du vaccin Astrazeneca, qui a été retiré de la liste de nombreux pays européens et de l’arrivage tardif du vaccin américain Pfizer, dont on ignore les quantités et les bénéficiaires, le flou artistique règne en maître de céans. Personne parmi les citoyens lambda ne sait, à vrai dire, quand il sera vacciné et où ? Dans un mois ou après Ramadan? Tant de scepticisme déjà manifesté par les récalcitrants qui opposent un niet catégorique à l’idée de se faire vacciner. Il est loin le temps où le citoyen ne se préoccupait de rien et n’avait qu’à se manifester pour se prémunir de toute sorte de maladies en Tunisie. Même si aujourd’hui le citoyen est plus alerte et mieux averti, il n’y a pas que du bon, puisque la campagne de vaccination se déroule au petit trot et navigue à vue, pour le moment, se contentant de vacciner le personnel de santé et des « groupes prioritaires ». On ne sait pas qui sont-ils, mais on espère qu’il ne s’agit que des malades et des seniors en première ligne.
Le vaccin n’est pas une option
Les Tunisiens sceptiques doivent comprendre une fois pour toutes que le vaccin préventif contre la Covid-19 n’est pas une option, mais une nécessité. A voir les jeunes et moins jeunes se rassembler en groupes pour faire la fête et braver tous les interdits de la Covid-19, il y a un sérieux problème.
A croire que seul le personnel de santé et les groupes prioritaires doivent se faire vacciner, alors que c’est toute la population, à l’exception des enfants et des adolescents, qui doit être vaccinée. Dans ce contexte, des appels à une campagne de vaccination de masse ont émané sur les réseaux sociaux sans recevoir de réponse favorable au rythme auquel vont les choses. Pour l’heure, la situation évolue favorablement et on passe à un autre stade plus rigoureux et ferme de lutte contre la propagation du coronavirus en Tunisie… Le médecin généraliste, Dr Nabil Jellazi, qui exerce à Ennasr (Ariana) montre la voie à ses camarades du corps médical tunisien, en faisant le vaccin Spoutnik V qu’il a reçu en première dose.
Cela en attendant la seconde dose qui ne saurait tarder, selon ses dires.
Le citoyen lambda ne sait plus sur quel pied danser et quel vaccin lui sera administré dans une prochaine étape: Spoutnik, Pfizer, Astrazeneca, au choix arbitraire de la plateforme evax.tn ? Une patiente se confie sur les impressions qu’elle observe : « On va probablement réserver le vaccin Pfizer pour le personnel qui a été infecté par la Covid, une seule dose de vaccin Pfizer sera administrée! J’ai reçu ma première dose de vaccin dimanche dernier, il y avait des médecins (ayant contracté la Covid) et convoqués quand même par messagerie téléphonique par ce fameux evax, ils n’ont pas reçu de vaccin et on leur a expliqué cette démarche ».
Beaucoup de citoyens, notamment les plus âgés, sont lassés de la manière dont la crise sanitaire est gérée, de façon générale, en Tunisie. Un post d’un intellectuel tunisien retraité mérite qu’on s’y attarde, parce que les choses ne tournent pas rond, rien qu’à voir le climat politique délétère.« Quand quelque chose ne marche pas dans le pays, c’est toujours la faute du citoyen. Pauvre citoyen, constamment accusé de tous les maux du monde. L’épidémie ne régresse pas ? C’est, bien sûr, parce que les Tunisiens rechignent à mettre des masques et n’observent pas la distanciation sociale. Les vaccins anti-Covid sont arrivés et le nombre des vaccinés est honteusement faible? Les dirigeants ont-ils fait le nécessaire pour que les Tunisiens aient confiance en ces vaccins importés? Où sont les campagnes d’incitation à la vaccination, dont ils ont annoncé qu’ils inonderaient les médias ? Le Président de la République s’est-il fait vacciner devant les caméras de télé, pour donner l’exemple ? Et le chef du Gouvernement? »…
Le Tunisien a besoin d’être rassuré sur la fiabilité et l’efficacité du vaccin anti-Covid-19. Parce qu’il tient à sa vie, quels que soient son état de santé et son âge avancé. «Deux poids, deux mesures» est une règle qui s’applique en ce moment dans la campagne de vaccination où le bon peuple peut attendre avant de désespérer ou déchanter…