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Education Nationale | lancement du projet onusien sur l’autonomisation du système éducatif en Tunisie : Favoriser la résilience des jeunes face aux discours violents

Le projet de l’ONU vise à «assurer une éducation inclusive et équitable de qualité, et à promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie et pour tous» d’ici à 2030. En clair, mieux apprendre, savoir et connaître pour éradiquer à terme la violence dans notre société.

«L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence», d’après une citation d’Averroès. C’est le noyau du sujet abordé lors d’une conférence de presse sur le devenir du système éducatif tunisien, organisée mercredi 7 avril 2021, à Gammarth (Tunis), qui aborde la nécessité d’apprendre sur des bases nouvelles pour combattre la violence. Dans ce cadre, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), en partenariat avec le Haut-commissariat aux droits de l’Homme (Hcdh), a procédé au lancement du projet intitulé : «Autonomiser le système éducatif et les communautés scolaires par la promotion des droits de l’Homme, l’éducation à la citoyenneté mondiale et l’éducation aux médias et à l’information». La cérémonie du lancement a eu lieu en présence de Mme Olfa Ben Aouda, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de M. Fethi Sellaouti, ministre de l’Education, de M. Mounir Ksiksi, président de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme (Cnlct), de Mme Angèle Samura, ambassadeur-adjointe des Pays-Bas en Tunisie, de M. Arnaud Peral, coordonnateur résident des Nations unies en Tunisie et d’autres intervenants qui seront relatés ci-après.

Rattraper le temps perdu

M. Fethi Sellaouti, ministre de l’Education nationale, revient sur l’impact insoupçonnable de la pandémie de la Covid-19 sur le système éducatif tunisien. Il estime que les années à venir doivent être mises à profit pour rattraper le temps perdu sur l’année scolaire. En cause, le nombre élevé de jours de fermeture des établissements scolaires. Il indique la nécessité de régler les problèmes des activités de l’enseignement par groupes qui a fait jaser auprès des syndicats de l’enseignement ces derniers temps.

Le projet œuvre en vue d’instaurer des établissements inclusifs avec des valeurs, comme la tolérance, la non-discrimination, la non-violence. Il affirme qu’il y a sept centres sportifs et culturels dans le cadre de ce projet, dont l’un va être bientôt opérationnel au gouvernorat de l’Ariana. Au sujet des enfants autistes qu’on ne doit pas oublier dans ce programme ambitieux et qui connaissent des difficultés aggravées à cause de la Covid-19 avec des structures non-opérationnelles, comme à Sidi Hassine Sijoumi, il rétorque : «Un projet complémentaire est mis en œuvre pour pallier la situation qui n’accorde pas, pour l’heure, toute l’importance nécessaire aux élèves à besoins spécifiques». On reviendra sur cette question sensible prochainement.

Mme Ben Aouda, ministre de l’Enseignement supérieur, estime pour sa part que les jeunes ne peuvent plus pratiquer de nombreuses activités. Elle avance : «Nous devons veiller à sauvegarder le patrimoine humain, car il y a des dangers, comme les réseaux qui confortent les dérapages, le décrochage scolaire». En somme, il faut former des citoyens et de futurs responsables, pas des techniciens dénués de toute valeur et éducation adéquates.

Réduction de la violence

De façon générale, les organisateurs soutiennent toutes les activités qui permettent aux jeunes de s’exprimer car «quand le message passe, le jeune accroche beaucoup plus». Il faut travailler sur l’éducation, l’inclusion des jeunes, la réduction de la violence. C’est la construction d’un projet de vie. «Nous croyons en la Tunisie et en sa jeunesse et c’est pour cela que toute la communauté internationale se joint à vous».

Mme Elodie Cantier-Aristide, Représentante du bureau du Haut commissariat aux droits de l’Homme en Tunisie, prône des valeurs d’égalité, le respect de la diversité, dignité, tolérance et du vivre-ensemble. «Il faut créer un climat de confiance pour s’exprimer librement et renforcer la confiance en soi. On a besoin des jeunes pour construire l’avenir et éradiquer la violence à travers l’éducation», affirme-t-elle.

L’Unesco et le Hcdh appuieront la stratégie nationale de la Tunisie dans la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 4 qui vise à «assurer une éducation inclusive et équitable de qualité, et à promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous» d’ici à 2030. Les Pays-Bas financent ce projet à visée éducationnelle d’une durée de trois ans et demi avec un budget à hauteur de deux millions de dollars.

Projet inscrit dans les ODD

Les Objectifs de développement durables (ODD) comprennent des projets éducationnels, et celui-ci en fait partie. Ce projet s’inscrit, d’une part, dans le cadre de l’appui apporté par l’Unesco et le HCDH à l’Etat tunisien dans la mise en œuvre des Plans d’action nationaux (PAN) pour la prévention de l’extrémisme violent. D’autre part, dans le cadre de l’appui apporté aux Etats membres pour l’atteinte de la cible 4.7 visant à fournir à tous les élèves les compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, et ce, à travers une éducation en faveur de modes de vie durables, des droits de l’Homme, de l’égalité des sexes, de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté mondiale, de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement durable.

Le projet a pour but de soutenir techniquement la Commission nationale de lutte contre le terrorisme (Cnlct), les ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour prévenir les comportements violents des jeunes, en promouvant les valeurs du vivre-ensemble et l’éducation aux droits de l’Homme, à la citoyenneté mondiale et aux médias et à l’information.

Etablissements non discriminatoires

D’une durée de trois années (2020-2023), le projet vise à renforcer les capacités du système éducatif national et à l’outiller pour la Prévention de l’extrémisme violent (PVE) via : le renforcement de la puissance «douce» dans le système éducatif et son utilisation comme levier pour prévenir et contrer l’extrémisme violent, le développement et le renforcement du système éducatif pour des établissements scolaires et universitaires d’enseignement inclusifs, tolérants et non discriminatoires, intégrés à l’environnement local, la promotion de l’engagement des étudiants dans des processus participatifs et de prise de décision par le biais du dialogue, du respect, de la compréhension et la tolérance, à travers des activités culturelles, sportives et civiques, la mise en place d’un réseau national d’experts en PVE basé sur les droits de l’Homme pour mener des formations ciblant les éducateurs de jeunes et les leaders de la communauté scolaire.

Mme Hélène Guiol, responsable des programmes éducation du bureau de l’Unesco pour le Maghreb, soutient les initiatives de promotion des jeunes, la sauvegarde du patrimoine, la célébration de la diversité culturelle car les jeunes constituent l’avenir de la Tunisie et ils méritent tous les égards et les plus grandes attentions. Elle développe les objectifs de ce projet tri-annuel : «C’est un projet qui vise à transformer le système éducatif en appuyant les deux ministères principaux de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur dans la mise en œuvre de leurs plans d’actions nationaux pour la prévention de l’extrémisme violent.

Education à la citoyenneté

C’est un travail qui va se faire par le dialogue et le développement d’outils. Ce sont des outils d’éducation à la citoyenneté, aux médias et à l’information, de telle façon que les jeunes puissent être critiques, d’avoir une résilience à l’égard des discours extrémistes. Les enseignants seront équipés, dans le cadre du développement des compétences concernant les capacités à trois niveaux: au niveau central, avec les principaux acteurs et développeurs de ces plans d’actions nationaux, des établissements d’enseignement des collèges, lycée et écoles.

Ainsi, les directeurs doivent faire face aux penchants néfastes qui peuvent naître chez les adolescents. Du côté des étudiants, on doit savoir comment faire naître en eux l’esprit d’innovation. Il s’agit de développer les activités extrascolaires afin de favoriser leur épanouissement en dehors de l’école par le sport ou la culture. La dernière composante du projet consiste en la mise en place d’un réseau d’experts PDE, qui va aider à la concrétisation du projet. Les différents partenaires, clés et acteurs centraux, vont aider à la diffusion de ce nouvel état d’esprit. Le manque d’homogénéité de la société tunisienne avec le constat des disparités régionales est relevé. Le projet aura des actions pilotes qui va cibler les régions intérieures. C’est un projet national, mais aussi territorial, qui doit avoir un impact fort.

«Un monde de plus en plus indépendant»

«Dans un monde de plus en plus interdépendant, il convient de penser une vision de la société qui replace les citoyens comme acteurs centraux dans la construction de valeurs communes qui cimentent le monde. En Tunisie, les responsables nationaux ont pris conscience de cette nécessité et se sont engagés, depuis avril 2015, dans un dialogue national visant à réformer le système éducatif par une approche participative. Les valeurs promues par l’Education à la citoyenneté mondiale (ECM) devraient être appréhendées dans leur globalité, tout en puisant dans les cultures et les coutumes locales».  L’Unesco s’est ainsi engagé, depuis 2012, dans la promotion de l’ECM comme réponse aux défis qui menacent la construction de la paix et le développement du respect de la dignité humaine, l’égalité et la participation à la prise de décision démocratique. Gageons que la remise en selle du système éducatif tunisien soit à la taille de l’évènement et redonne un avenir à cette enfance et cette jeunesse, bafouées dans leurs droits fondamentaux et élémentaires.

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