C’est sur un nouveau socle de valeurs partagées que Kaïs Saïed entend bâtir la nouvelle diplomatie tunisienne sur des valeurs reconnues pour une vision d’avenir qui prend en compte les défis régionaux et continentaux et mesure à leur juste valeur les menaces qui guettent la stabilité et la paix dans la région.
Le Chef de l’Etat est arrivé hier au Caire pour une visite officielle de trois jours sur invitation de son frère, le président Abdelfattah Al Sissi, venu l’accueillir à l’aéroport. Un bref entretien en tête-à-tête a eu lieu au salon d’honneur de l’aéroport entre les deux Chefs d’Etat.
Il s’agit d’une visite que les islamistes et leurs alliés radicaux voient d’un mauvais œil. Car, après avoir reçu le président turc à Tunis et effectué un voyage officiel au Qatar, Kaïs Saïed a rétabli les voies de communication directe avec les plus fervents défenseurs de l’islam politique et principaux soutiens des islamistes tunisiens depuis 2011.
Ces visites ont permis de réchauffer les voies diplomatiques classiques avec ces deux pays qui, par le passé, traitaient avec Ennahdha en tant que « parti au pouvoir » via une diplomatie basée sur des intérêts étriqués selon la politique d’alignement d’axes.
Mais depuis son investiture, Saïed a réitéré plusieurs fois qu’en Tunisie il n’y avait qu’un seul président, ce que ses homologues ont fini par comprendre, et que c’est à lui qu’ils devraient s’adresser pour les questions bilatérales.
Jusque-là, la pilule était difficilement avalable pour ceux qui étaient habitués à porter des habits qui ne sont pas les leurs. D’où cette avalanche de critiques au scalpel infondées qui accompagnent chaque déplacement de Kaïs Saïed à l’étranger.
Mais, pour cette visite, les inquiétudes de ses détracteurs ont fusé. Car elle a lieu en Egypte et sur invitation de Abdelfattah Al Sissi, ennemi juré des Frères musulmans et fossoyeur des rêves moyenâgeux des islamistes dans son pays. C’est pourquoi en Tunisie on évoque cette visite avec des trémolos dans la voix.
Pourtant Saïed n’est pas parti en Egypte chercher l’aide de son homologue égyptien pour mieux «dompter» les islamistes en Tunisie. Il est vrai aussi qu’il ne partage pas tout avec le Président égyptien sur certains points liés aux libertés et aux droits de l’Homme. Mais c’est exactement pour cela qu’un réchauffement des relations pourra baliser la voie au renouveau de ces rapports marqués par tant d’années de «froideur», après que les hostilités affichées par l’ex-président provisoire Moncef Marzouki envers Al Sissi avaient jeté un froid glacial sur les relations bilatérales entre les deux pays.
Mais c’est sur un nouveau socle de valeurs partagées que Saïed entend bâtir la nouvelle diplomatie tunisienne sur des valeurs reconnues pour une vision d’avenir qui prend en ligne de compte des défis régionaux et continentaux et mesure à leur juste valeur les menaces qui guettent la stabilité et la paix dans la région.
C’est la raison pour laquelle un sommet égypto-tunisien se tiendrai aujourd’hui, samedi, au Palais «Al Ettihdya», pour débattre d’un certain nombre de questions régionales et internationales d’intérêt commun, ainsi que des moyens de renforcer les relations bilatérales et de relancer la coopération conjointe dans tous les domaines, en particulier au niveau de la sécurité, de l’économie et des investissements.