Le neveu souhaite qu’à l’occasion de l’année culturelle tuniso-égyptienne, un hommage soit rendu à la mémoire de ce grand poète au verbe puissant.
En marge de la visite du Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, en Egypte, La Presse a eu le privilège de rencontrer Mahmoud Bayrem, neveu du grand poète Bayrem Ettounsi.
Des propos à bâtons rompus avec l’un des descendants du fameux poète proscrit par les codes et les régimes car criant sa révolte contre la domination, la répression et l’exaction des tyrans à la face du monde, sont des moments exquis. Car Bayrem Ettounsi aura été le plus incisif, le plus corrosif des poètes arabes des temps modernes. Ses poèmes furent un baume dans la grande détresse pour une jeunesse brimée et désorientée.
Toute sa vie, il avait vécu l’injustice de l’appartenance. « Il était tunisien, égyptien et profondément arabe », souligne son neveu.
Mais c’est surtout la caricature parue en 1936 et qui a été montrée au monde par le Président Kaïs Saïed à l’occasion de la célébration de la fête des Martyrs le 9 avril dernier qui a fait ressurgir des ténèbres l’image resplendissante de Bayrem Ettounsi, explique son neveu. Pour lui, « cette caricature dévoile la portée constitutionnelle dans la pensée de Bayrem Ettounsi, à savoir un parlement et un gouvernement responsables pour soigner les maux de la patrie. C’était en 1936. C’était avant-gardiste. La solution était claire dans cette caricature au moment où la majorité des pays arabes sombraient dans l’ignorance ». Ce geste du Président a ravivé, selon lui, un désir ardent de jeter toute la lumière sur l’œuvre de Bayrem Ettounsi dont le volet le plus fameux se limite dans l’esprit des gens à ses paroles composées pour Om Kalthoum. Mais l’œuvre et l’empreinte de Beyrem sont beaucoup plus vastes et plus importantes à l’instar de ce qui a été dévoilé par Kaïs Saïed, souligne-t-il. « En Tunisie, il ne s’est pas limité au seul aspect du journalisme mais il a touché à la littérature et a été membre fondateur de Taht Essour. L’influence de Bayrem sur ce groupe doit être mieux étudié », estime le neveu.
« Tous ses fils sont décédés et il ne reste que ses neveux. La Tunisie devrait rendre hommage à Bayrem à travers ses neveux, réserver un festival ou un prix au moins en son nom. Il a subi l’injustice durant sa vie car il était tunisien d’origine, il n’a pas été bien traité en Tunisie non plus car on le prenait pour un Égyptien. La vérité est qu’il est les deux à la fois et plus car il est profondément arabe. Bayrem n’a obtenu la nationalité égyptienne qu’en 1954 avec Gamal Abdennasser », affirme-t-il.
En effet, Bayrem Ettounis c’est toute une histoire. Un homme capable de s’amouracher plus vite que la lumière, prendre des colères, être généreux jusqu’à se dépouiller de ce qu’il a ou n’a pas, croire et suivre le premier venu qui lui propose de monter dans les étoiles. Il a apporté ce côté insolite, surprenant, étonnant et savant à la culture et la littérature. Une voix belle, rebelle et engagée. Un poète proscrit par les codes et les régimes car criant sa révolte contre la domination, la répression et l’exaction des tyrans à la face du monde.