
Photos : Kouthaïer Khanchouch
Les prix des différents produits, de la poissonnerie, aux fruits et légumes, en passant par les épices et autres fromages et viandes donnent le tournis au consommateur. La flambée des prix continue, rien n’est fait pour l’arrêter.
A l’une des entrées du Marché central, au rayon poissonnerie, les consommateurs sont présents en ce début du mois de Ramadan et les poissonniers donnent de la voix et des gestes. Pourtant, les prix n’ont rien d’affriolant. Loin de là. A commencer par les daurades à 13 dinars le kilo et le mulet à 10d,800. Les chevrettes varient entre 28d,600 et 30 d, le rouget est à 10d,800, les soles à 36 d, les seiches à 22d,800. Rien d’exaltant.
A voir les consommateurs, les mains vides dans les poches, qui achètent par petites quantités, on comprend que le pouvoir d’achat est toujours en berne. Quelques clients consentent à acheter un demi-kilo de chevrettes par-ci et un autre des poissons à la pièce par-là pour ne pas débourser plus que 10 dinars. Pourtant, les variétés de poissons sont nombreuses et donnent envie aux consommateurs de remplir leur petit panier. Les poissonniers se plaignent des conditions de travail et de la gouvernance du pays qui ne peut plus rien faire pour eux. Fathi, Issam et Faouzi, âgés entre 30 et 50 ans, broient tous les trois du noir. Ils se disent au bord du gouffre et n’arrivent plus à joindre les deux bouts entre les obligations du ménage et du travail avec les factures à payer et les charges fixes un mois sur l’autre.
En passant par l’allée des fromages et de la crémerie, le consommateur Hédi se retrouve au niveau du grand hall des fruits et légumes, si bien qu’il va vite déchanter. D’emblée, il y a un stand de citrons à 1d,560 le kilo. A 2d,500 le kilo de tomates, Hadi voit rouge, après avoir eu la jaunisse à cause des citrons, le visage devient tout vert de rage à voir les prix des poivrons et des concombres à 4 dinars le kilo, sans parler des avocats de même couleur qui sont inaccessibles à 7 dinars la pièce.
Le vendeur vous décourage d’en acheter carrément. Les ananas au prix non affiché et les pommes rouges à près de 6 d le kilo, garnissent un stand qui ne connaît pas la bousculade des clients. Loin de là ! Pour couronner le tout, l’huile végétale subventionnée a disparu des stands et des étalages. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y en ait au cours du mois de Ramadan au train où vont les choses ?
Pour le grand démarrage de Ramadan avec la frénésie d’achat de la majorité des Tunisiens qui se ruent sur les produits alimentaires, la situation est désolante. Primo, le consommateur n’a pas les moyens d’acheter tout ce qu’il faut pour passer un bon Ramadan en famille. Secundo, les vendeurs se plaignent des intermédiaires qui margent à la vente avec seulement 25% de bénéfice.
Tertio, l’Etat est aux abonnés absents, vaque à d’autres occupations et à d’autres priorités. Les organisations de défense des droits des consommateurs, telles que l’ODC, l’INC… doivent envisager des solutions radicales et efficaces pour endiguer ce tableau de prix alarmants. « Les yeux gros, les mains vides et le ventre crie ! », a conclu une cliente, croisée dans l’une des allées du grand marché de la capitale, le couffin à la main semi-vide.