Aujourd’hui, on compte mettre en place une deuxième stratégie de lutte anticorruption 2022-2026 dont une consultation nationale vient juste d’être lancée. Peut-on encore avoir confiance, surtout que les mécanismes de prévention et de protection dont disposent les instances présentent des failles juridiques et institutionnelles? Sans oublier que les lois ont besoin également d’être révisées…
Il y a si peu de temps, l’Inlucc a lancé une consultation nationale élargie sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, avec pour objectif précis : élaboration, d’ici décembre prochain, d’une stratégie globale pour 2022-2026. L’idée venait, alors, d’un constat phénoménal peu reluisant, étayé par les indicateurs. C’est que la réalité dépasse de loin la vérité. Une dernière enquête sur la perception de la corruption avait montré que 87,2% des Tunisiens pensent que la corruption a gravement augmenté. Alors que 28,5% d’entre eux ont répondu avoir connu au moins une situation de corruption en 2020. Depuis 2016, plus de mille dossiers suspects furent, alors, transférés à la justice, sans être, jusque-là, tranchés.
«Une priorité absolue…»
Au fur et à mesure, l’on se rend compte que la corruption n’est plus liée à des personnes, elle devient un système en soi. Soudoyer un policier, donner un pot-de-vin pour être mieux servi ou avoir un avantage indu, cela constitue une pratique courante. Certes, il y avait toujours condamnation et dénonciation de soupçons, mais nul n’a le courage d’y mettre un terme. Pourquoi n’appelle-t-on pas les choses par leur nom? Y a-t-il un va-t-en-guerre ?
Les gouvernements qui se sont succédé n’avaient cessé de réclamer que le combat contre la corruption est une priorité nationale. Ils n’ont cessé de l’inscrire dans leur agenda. Et puis, tout est parti en fumée. Chacun n’en fait qu’à sa tête. Il n’y a pas continuité de l’Etat, à vrai dire. L’actuel gouvernement avait lui aussi déclaré, depuis sa prise de fonction, que la lutte contre la corruption constitue une priorité nationale. Des suspects arrêtés, puis libérés sans être jugés. Et là, on peut évoquer, à titre d’exemple, l’affaire du blé avarié, le scandale des déchets ménagers importés d’Italie et bien d’autres affaires louches passées inaperçues.
Certes, la corruption n’est pas une fatalité, mais la manière d’y faire face pose certainement problème. Tout est pris dans un cercle vicieux des mesures et stratégies de lutte, sans en venir à bout. Cela dit, il n’a jamais été question de mettre en place une vraie politique conséquente.
Aujourd’hui, on compte mettre en place une deuxième stratégie de lutte anticorruption pour 2022-2026, dont une consultation nationale vient juste d’être lancée. Peut-on encore avoir confiance, surtout que les mécanismes de prévention et de protection dont disposent les institutions présentent, eux-mêmes, des failles juridiques et institutionnelles? Sans oublier aussi que les lois ont besoin aussi d’être révisées….