«Les instruments et mécanismes mis à la disposition de ce partenariat ne sont plus, peut-être, en mesure d’apporter des réponses concrètes et efficaces aux nouvelles exigences dictées par un contexte mondial en perpétuelle évolution».
S’exprimant au nom du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, dans le cadre d’un échange de vues tenu mercredi 14 avril par la Commission des affaires étrangères au Parlement européen, le secrétaire d’Etat, Mohamed Ali Nafti, a qualifié d’exemplaire et riche à plus d’un niveau le partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne. «Depuis quatre décennies, la Tunisie et l’UE entretiennent un partenariat stratégique qui n’a cessé d’évoluer et gagner en profondeur au fil des années», a-t-il ajouté.
«Le niveau de notre engagement commun et la qualité du dialogue politique entretenu constituent les points forts de notre partenariat. Cette réunion et la récente visite à Tunis de M. Charles Michel, président du Conseil de l’Europe, témoignent de la profondeur de ce dialogue», a encore estimé le représentant de la Tunisie.
La Tunisie veillera à la préservation des valeurs partagées
Cependant, «les instruments et mécanismes mis à la disposition de ce partenariat ne sont plus, peut-être, en mesure d’apporter des réponses concrètes et efficaces aux nouvelles exigences dictées par un contexte mondial en perpétuelle évolution et nous nous trouvons devant la nécessité impérieuse d’approfondir notre partenariat tant au niveau des idées qu’au niveau des enveloppes allouées à la Tunisie», a déclaré le secrétaire d’Etat. C’est d’ailleurs dans cette perspective que les services tunisiens travaillent depuis plus de trois mois en concertation avec la délégation de l’Union européenne à Tunis pour la finalisation de la planification pluriannuelle du partenariat au titre de la période 2022-2027. «Nous avons également pu identifier les principales priorités qui devront former le socle de notre partenariat pour la même période et à l’horizon de l’année 2030».
La Tunisie espère poursuivre sa participation brillante aux programmes de l’UE et compte sur l’appui traditionnel du Parlement européen. Elle veillera à la préservation des valeurs partagées à travers le rapprochement humain par la culture, la mobilité des jeunes essentiellement. «Nous sommes également disposés à mettre notre expertise et notre positionnement géostratégique au service de la promotion de la coopération entre l’UE et l’Afrique dans les secteurs clés, tels que la double transition énergétique et technologique, la recherche scientifique et la mobilité des étudiants», a affirmé la partie tunisienne.
L’espoir d’une vie digne
En parlant de mobilité, le secrétaire d’Etat a expliqué qu’il faudra travailler ensemble sur une meilleure communication sur notre partenariat exemplaire. La question migratoire devrait être traitée selon une approche narrative qui mettrait le nexus humain au centre des priorités, souligne la partie tunisienne. Les phénomènes de l’émigration irrégulière et celui de la fuite des cerveaux constituent des fléaux auxquels nous devrions apporter une réponse concrète, efficace, basée sur une approche concertée et globale qui allie rigueur et développement. «Nos jeunes ne veulent que l’espoir d’une vie digne. C’est leur souhait et c’est de notre responsabilité de leur apporter plus que des promesses».
Le secrétaire d’Etat a réitéré que le renforcement du dialogue politique qui nous lie se fabrique par la multiplication des rendez-vous politiques dans la transparence et la franchise qui ont toujours caractérisé notre coopération et qui continuent à constituer une base pour entamer le travail de modernisation des instruments et mécanismes de notre coopération. «La crise sanitaire dévastatrice qui continue de secouer nos économies et nos sociétés depuis deux ans a permis de tester la solidité de notre coopération, une épreuve que nous avons traversée ensemble avec succès», a estimé la partie tunisienne. Notre pays est reconnaissant à l’ensemble des acteurs de l’UE pour l’appui exceptionnel apporté dans le cadre de la lutte contre la pandémie et apprécie la profondeur de l’engrangement en faveur de la campagne internationale de vaccination à travers une contribution conséquente au mécanisme Evax et aux autres initiatives. La Tunisie compte sur le soutien de l’UE pour poursuivre sa collaboration avec ses structures et mécanismes en vue d’endiguer les conséquences de la crise sanitaire et garantir la réussite de la phase inhérente à la relance économique, a affirmé la partie tunisienne.
En réponse aux questions de certains députés, le secrétaire d’Etat Mohamed Ali Nafti a notamment expliqué que la mobilité a toujours contribué au renforcement des relations de la Tunisie avec les pays de l’Union européenne et au codéveloppement des deux espaces séparés par la Méditerranée. La première migration des Tunisiens vers l’Europe a commencé dans la légalité et elle le sera toujours. Par conséquent, la mobilité constitue un pilier de cette belle aventure parcourue ensemble depuis l’avènement de l’indépendance du pays. La Tunisie demeure attachée à ses principes, elle honorera ses engagements mais souhaiterait préserver les acquis bilatéraux issus d’une cogestion de son partenariat migratoire avec les pays de l’UE.
S’agissant des droits de l’homme et nonobstant les avancées réalisées par la Tunisie une décennie durant, bien des choses restent à faire, a fait savoir le secrétaire d’État. Le grand défi à relever est de réussir cette belle équation : asseoir l’autorité de l’Etat et consolider les droits humains .
Il est à noter que pour relancer et renforcer le partenariat stratégique entre l’Union européenne et ses partenaires du voisinage méridional, la Commission européenne et le haut représentant ont adopté au début du mois de février 2021 une communication conjointe proposant un nouvel agenda pour la Méditerranée . Ce nouvel agenda repose sur la conviction que c’est par la coopération et dans un esprit de partenariat que les défis communs peuvent être transformés en des opportunités à saisir, dans l’intérêt mutuel de l’UE et des pays du voisinage méridional.
Le nouvel agenda met l’accent sur cinq domaines d’action: développement humain, bonne gouvernance et État de droit, résilience, prospérité et transition numérique, paix et sécurité, migration et mobilité, transition écologique, résilience climatique, énergie et environnement.