Les chiffres font froid dans le dos. On frôle le seuil des dix mille morts par le Covid-19 en Tunisie. Saturation, ou presque, des lits de réanimation et des lits d’oxygène dans les hôpitaux et les cliniques privées. Un personnel de la santé à bout de souffle. Nous sommes face à une vague très brutale étant donné la rapidité de sa propagation et sa virulence. C’est la souche anglaise qui fait des ravages en Tunisie, alors que la menace de voir les autres variants brésilien et sud-africain s’introduire sur notre sol fait trembler les médecins. Pour faire face, autant que possible, à cette nouvelle déferlante, le Comité scientifique de lutte contre le coronavirus a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre une recrudescence de la pandémie, surtout que le pays pâtit encore d’un manque de vaccins.
Il était clair que l’on voulait à tout prix éviter un confinement général pour freiner le virus. D’où les demi-mesures qui ont été à l’origine de l’ire des citoyens. En effet, aucune mesure sur les marchés qui connaissent une affluence importante au mois de Ramadan. Des endroits où il n’y a aucun contrôle sur le port obligatoire des bavettes, l’utilisation du gel hydro-alcoolique ou le respect de la distanciation sociale.
Aucun contrôle non plus dans les moyens de transport public, l’un des maillons les plus forts dans la chaîne de transmission du virus. Au lieu d’agir sur la réduction des foyers de contamination, le Comité scientifique a préféré se focaliser sur les personnes en limitant leurs déplacements nocturnes après la rupture du jeûne jusqu’à l’heure du couvre-feu. D’ailleurs, leur intention de départ était de fixer l’heure de la rupture du jeûne comme horaire pour le couvre-feu. Cela dit, interdire la circulation des véhicules privés (motos, voitures) et ceux des transport publics à partir de 19h00 dénote aussi une méconnaissance urbaine des quartiers populaires tunisiens. En effet, l’absence d’infrastructures collectives telles que les circuits de santé pour faire du sport ou de la marche à proximité de chez soi ou l’inexistence d’endroits pour les loisirs (salon de thé, salles de sport…) où les femmes ou les familles peuvent se rendre en toute quiétude, obligera des centaines de milliers de citoyens à se confiner de facto chez eux dès la rupture du jeûne. Mais là aussi les avis divergent car plusieurs scientifiques ne recommandent plus le confinement du moment que le niveau de la contamination est devenu horizontal, soit qu’il touche une grande partie de la population. Mais que faire en pareille conjoncture avec un Etat faible et sans ressources qui ne peut que promulguer des mesures qu’il est incapable d’appliquer strictement ? Il ne nous reste qu’à croiser les doigts et attendre un nouveau lot de vaccins.