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Implantation tunisienne en Afrique | Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) : Le marché africain commun prend forme

Un nouveau chapitre de l’histoire économique de l’Afrique s’ouvre en 2021. En date du 1er janvier, l’intégration continentale a, officiellement, pris forme. Cela se matérialise par l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Les premiers échanges commerciaux ont, en effet, démarré à partir de cette date, et ce, après un report dû à la crise sanitaire de la Covid-19.

Ces transactions concrétisent ainsi un rêve tant attendu par les opérateurs économiques, celui de créer un marché africain commun représentant un PIB cumulé pouvant atteindre les 3,4 billions de dollars et ciblant 1,27 milliard de consommateurs. En se référant aux prévisions, la création de la Zlecaf renforcera les relations commerciales intra-africaines qui ne représentent à ce jour que 16%. Elle consolidera également le taux d’industrialisation du continent (2% de la valeur ajoutée manufacturière mondiale) et réduira la dépendance aux matières premières. Pour mener à bien ce projet, les Etats misent sur l’instauration de mécanismes de coordination efficaces. Les communautés économiques régionales joueraient un rôle important dans cette synergie. Ce projet permettra l’élaboration des stratégies au profit des PME-PMI, facilitera le commerce et la numérisation de l’économie africaine et développera les chaînes de valeur. La Tunisie, à l’instar d’autres pays, voit en cette nouvelle étape un gisement d’opportunités. En effet, le lancement effectif des échanges commerciaux dans le cadre de la Zlecaf constitue un nouveau palier sur le chemin de l’unité et de l’intégration du continent. La Zlecaf se veut également un maillon important pour l’accélération de la mise en œuvre d’une base industrielle africaine pour répondre aux besoins des pays africains. Cet espace créera une complémentarité pour la création de pôles de croissance régionaux interconnectés. Il se veut par ailleurs un espace propice aux avantages comparatifs.  Rappelons que cette zone accélérera par ailleurs l’intégration des «Communautés économiques régionales», reconnues par l’accord de la Zlecaf comme piliers indicatifs.  Lors du Sommet extraordinaire sur la zone continentale, tenu fin 2020, les Chefs d’Etat et de gouvernements des 54 pays membres de l’Union africaine avaient décidé ce lancement officiel des échanges commerciaux sous Zlecaf. Un lancement qui constitue surtout une étape importante dans l’intégration économique, dans un espace commercial des plus importants au monde, avec 1,2 milliard de consommateurs actuellement et de près de 2,5 milliards en 2050.

Quelles opportunités pour la Tunisie ?

Selon une étude réalisée par l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), l’accord Zlecaf a été conclu pour régir le commerce des marchandises, des services, les investissements, les droits de la propriété intellectuelle et la politique de la concurrence. Après avoir signé cet accord, le 21 mars 2018 à Kigali, la Tunisie l’a ratifié en juillet 2020, «lui permettant ainsi de bénéficier d’un vaste marché de 1,2 milliard d’habitants, de développer le commerce tuniso-africain et de booster l’emploi des jeunes, tout en facilitant l’accès des entreprises tunisiennes aux marchés africains. La Zlecaf est en elle-même un aboutissement, car elle est un projet de zone de libre-échange sur l’ensemble du continent africain. Pourquoi un aboutissement ? Elle doit regrouper la zone tripartite de libre-échange, qui doit inclure le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadc), avec, d’autre part, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union du Maghreb arabe et la Communauté des Etats sahélo-sahariens».

D’après les données fournies par l’Onagri, cet accord favorisera outre la libéralisation du commerce des marchandises dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine, une augmentation attendue du produit intérieur brut et des exportations pour tous les pays africains, soit une croissance du PIB (0,47%) et des exportations (1,9%).

«La Tunisie, elle, devrait être l’un des principaux bénéficiaires en termes de croissance des exportations vers l’Afrique, moyennant un taux oscillant entre 26 et 54%. De même, les taux de croissance des exportations industrielles, agricoles, des industries alimentaires tunisiennes et d’énergie vers l’Afrique atteindront successivement 74%, 21% et 5%». «Il y aurait peu d’impact sur les recettes fiscales et, malgré les opportunités offertes par ce marché, il y a de nombreux défis à relever dont les craintes d’importantes pertes de recettes douanières et une répartition inégale des coûts, et des bénéfices sont parmi les principaux obstacles à l’intégration du continent».

Une solution pour la relance économique post-Covid

Autant dire que la Zlecaf est pour la Tunisie une nouvelle solution pour la relance économique en Tunisie Post-Covid-19. Actuellement, «le plus urgent pour la Tunisie est de dépasser les difficultés économiques existantes et aller de l’avant afin de relancer l’économie dans tous les secteurs, notamment agricole». La Direction de la coopération avec les pays africains et l’Union africaine, relevant du ministère du Commerce tunisien, ne cesse de veiller au développement des échanges commerciaux entre la Tunisie et ses différents partenaires africains à travers le développement du cadre juridique régissant les relations commerciales.

«La signature et la ratification de cet accord Zlecaf donnera certainement plus de résilience économique à notre pays et les opérateurs pourront estimer une nouvelle voie de sortie de crise en cette période critique».Une étude intitulée «Echanges agricoles et agroalimentaires avec les pays africains : Réalités et perspectives», réalisée par l’Onagri, a démontré que la vision de la Tunisie sur les relations sud-nord a toujours été avantagée à celle sud-sud. L’étude indique que «l’adhésion à la Zlecaf n’est pas un choix, c’est une nécessité, imposée par un monde qui bouge et qui se consolide autour de groupements régionaux et continentaux. Ces nouvelles visions stratégiques rapporteront très certainement beaucoup à la Tunisie avec une ouverture sur 55 pays africains». Les auteurs de cette étude soulignent, par ailleurs, qu’il est fondamental d’augmenter la valeur des exportations et cela nécessite une compétitivité accrue et un cadre de travail approprié (investissement, logistique…). Ils mentionnent aussi un certain nombre d’études prospectives à l’horizon 2030, couvrant de nombreux domaines stratégiques, notamment le développement des exportations et la sécurité alimentaire. Les orientations conclues par l’étude sur la stratégie des exportations des produits agricoles sont focalisées sur l’activation des accords commerciaux (Zleca, Comesa, Afta), la consolidation de la présence sur les marchés traditionnels et l’exploration de nouveaux marchés africains et asiatiques.

Il s’agit, également, de diversifier les exportations et s’orienter vers des produits de qualité, s’adapter aux opportunités disponibles au niveau des marchés mondiaux, et améliorer le climat des affaires dans le domaine de la logistique et du transport. Par ailleurs, d’après une autre étude intitulée «La zone de libre-échange continentale changera-t-elle la donne en Afrique ?», «les exportations tunisiennes sont dépendantes des pays de l’Union européenne qui accaparent 73.7% d’entre elles et seules 2.7% vont vers l’Afrique subsaharienne. Les 23.6% restantes sont destinées à d’autres destinations». La structure des exportations tunisiennes vers l’Afrique fait apparaître la prédominance des industries diverses et des produits miniers et phosphatés (Idpmp) à hauteur de 47,9% du total des exportations en 2018, puis les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire (Ajaa) avec 24,7% et des industries mécaniques et électriques (IME) avec 22%. Plus de 50% des exportations tunisiennes depuis 2014 sont destinées aux pays de l’Afrique occidentale. Les exportations vers les pays de l’Afrique centrale et australe ont connu une certaine régression. Consciente de l’importance de ce marché de 1,2 milliard d’habitants ainsi que de ses impacts et conséquences positives sur l’économie du pays dans le futur en vue d’acquérir une résilience plus importante en ces temps difficiles de récession économique, «la Tunisie a montré et démontré sa forte volonté et un engagement total et sans faille pour faire partie de ce plus grand marché au monde et commencer à y opérer pour y développer son commerce tout en boostant l’emploi des jeunes et en facilitant l’accès des entreprises tunisiennes aux marchés africains». A l’évidence, la Zlecaf représente une opportunité certaine pour la Tunisie pour l’avenir et surtout pour l’après-Covid-19 pour relancer son économie et son agriculture.

Ainsi, «pour faire croître ce marché, notre pays est doté de structures officielles qui représentent la Zlecaf et principalement le Cepex et ses représentants régionaux dans les pays africains qui sont là pour informer et appuyer les opérateurs tunisiens et développer des études d’opportunité». Pour conclure, beaucoup d’optimisme quant à l’adhésion de la Tunisie à la Zlecaf au vu de toutes ces nouvelles, «l’avenir de notre économie et de notre agriculture pourra trouver sa place dans cette plus grande zone de libre-échange dans le monde après l’OMC».

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