Accueil Culture La directrice exécutive de doc House, Soumaya Bouallégui à La Presse: «Un film documentaire peut être l’outil pour un réel changement»

La directrice exécutive de doc House, Soumaya Bouallégui à La Presse: «Un film documentaire peut être l’outil pour un réel changement»

Actrice, metteuse en scène et documentariste, Soumaya Bouallégui a lancé, en 2018, Doc House, une structure de promotion à la production et à la distribution de films documentaires, en Tunisie et en Afrique. Le travail d’accompagnement que Doc House a lancé avec le programme «Ma nsinech 26 janvier», avec le film de Semi Telili «Sur la transversale», est une manière de donner au film documentaire un réel impact social. Un film peut-il contribuer à changer le regard et impacter la société. Soumaya Bouallégui répond à nos questions et nous éclaire sur une démarche pertinente qui se poursuivra avec d’autres projets.

La création de Doc House est certainement venue d’un besoin  ressenti et d’un manque qu’il fallait combler. Comment est né Doc House ?   

Doc House a été fondé en 2018 par un collectif d’artistes, d’opérateurs culturels et d’universitaires.

C’est une organisation indépendante à but non lucratif qui œuvre à promouvoir la production, la distribution et le réseautage professionnel liés au documentaire en Tunisie et en Afrique du Nord.

Les transformations socio-politiques, qui ont suivi la révolution, ont donné un nouvel élan à la production de documentaires. En effet, le nombre de documentaires produits entre 2011 et 2014 a triplé par comparaison avec les trois années précédentes. Malgré la croissance de cette production, il n’existait pas de structure de soutien à ce genre ni en Tunisie ni dans la région nord-africaine. Le collectif fondateur de Doc House a donc pris l’initiative de combler ce manque.

La réalité de la production du film documentaire est différente de celle du film de fiction, que représente pour vous ce genre ?

Le documentaire est un genre qui colle au réel et l’accompagne, il s’y ajuste. Tout au long du processus créatif de fabrication du documentaire, (le) la réalisateur(rice) est à l’écoute des changements et mutations qui s’opèrent devant lui (elle). La production de chaque documentaire est unique. Il n’y a pas de recette, pas de démarche prédéfinie. (Le) la réalisateur(rice) alterne écriture, tournage et montage. Cette particularité rend la réalité de production de documentaire difficile, entre le manque de moyens et l’absence d’opportunité d’accompagnement, le.la réalisateur.(rice) se retrouve souvent seul.(e) et contraint.(e)d’accomplir également toutes les tâches liées à la production, ce qui fragilise tout le processus créatif.

La question de la mémoire et de l’oubli est au cœur de votre action, en quoi consiste-t-elle ?

La campagne «Ma nsinech 26 janvier» du film «Sur la transversale» de Semi Telili a pour objectif d’informer le citoyen des événements du 26 janvier 1978 et de les sensibiliser aux répressions sanguinaires sous la dictature. Des activités artistiques et une collecte d’archives se feront sur tout le territoire tunisien. La campagne a été lancée le 2 avril à Bizerte avec une projection-débat du film «Sur la transversale».

Est-ce qu’un film peut vraiment agir sur le quotidien ? Est-ce vraiment son rôle de changer les choses?

Le circuit classique d’un film documentaire est sa projection dans des festivals et des salles de cinéma. Or, le documentaire traite toujours de sujets pertinents (droits humains, populations précaires, pollution etc.). Cette campagne, en plus de ses objectifs sociopolitiques, vise également à prouver qu’un film documentaire peut être l’outil pour un réel impact. C’est la première campagne d’impact d’un film documentaire en Tunisie et dans la région arabe.

Avec le film de Semi Telili, vous vous lancez dans cette action et vous ouvrez le devant, comment résumez-vous cette première phase ?

La première phase de la campagne «Ma nsinech 26 janvier» consiste en une série d’au moins 25 projections débats qui visent à informer et sensibiliser des centaines de citoyens tunisiens aux événements du 26 janvier 1978. Les projections reprendront après la levée des restrictions liées à la situation sanitaire.

Quelles seraient les prochaines étapes et comment va s’articuler le projet dans le futur ?

La collecte des archives et des données liées aux événements du 26 janvier 1978 se poursuivra et les activités culturelles continueront dès la levée des restrictions liées à la situation sanitaire.

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