Les banques ne sont pas prêtes à courir le risque une nouvelle fois d’octroyer des crédits à des entreprises souffrant d’un déséquilibre financier et vivant dans un contexte économique de plus en plus difficile.
La Covid-19, qui sévit encore dans tous le pays, a laissé de graves séquelles sur la vie des gens, l’économie et la terre. Malgré les mesures prises par le gouvernement pour atténuer les effets de la pandémie, celle-ci progresse à pas de géant touchant toutes les régions. Chaque jour, le ministère de la Santé annonce des centaines de contaminations, des dizaines des décès et des personnes hospitalisées. Les entreprises ont également été touchées de plein fouet par la crise sanitaire et certaines n’ont pas été en mesure de payer les salaires de leurs employés. D’autres ont tout simplement allégé leur effectif en mettant des centaines d’employés au chômage technique.
C’est pour cela, d’ailleurs, que le gouvernement a pris plusieurs mesures au profit des entreprises qui passent par des difficultés conjoncturelles pour les aider à surmonter cette crise et à préserver les postes d’emploi dans tous les secteurs d’activité. Parmi les secteurs les plus touchés, on peut citer ceux du tourisme, du transport, des agences de voyages, des cafés et restaurants, des lieux de loisirs… Tous les professionnels crient haut et fort leur désarroi et l’impossibilité de payer leurs employés, vu les maigres recettes enregistrées en cette période de crise.
Les conséquences de la Covid-19, depuis son déclenchement en mars 2020, sont donc lourdes. Cette situation s’est traduite par une crise sociale qui s’est amplifiée avec des milliers de travailleurs licenciés et d’autres qui se sont trouvés dans la précarité. Malgré les aides de l’Etat, plusieurs entreprises n’ont pas réussi à dépasser cette situation désastreuse. L’accès au financement bancaire est devenu, de plus en plus, difficile.
Identifier de nouvelles solutions
Les banques ne sont pas prêtes, en effet, à courir le risque une nouvelle fois d’octroyer des crédits à des entreprises souffrant d’un déséquilibre financier et vivant dans un contexte économique des plus difficiles. Certaines entreprises n’ont encore que quelque temps pour régulariser leur situation au risque de fermer leurs portes une bonne fois pour toutes, en attendant l’éradication de la pandémie qui peut durer encore de longs mois, voire des années. Mais cette situation ne concerne pas uniquement la Tunisie dans la mesure où on estime que 100 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté à cause de cette crise sanitaire historique et inattendue.
En Tunisie, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Travelsi, a souligné que la Covid-19 a eu un impact très négatif sur tous les secteurs qui souffraient déjà d’une crise économique aiguë. La situation s’est davantage compliquée à cause de la pandémie. Pourtant, la Tunisie a importé des vaccins anti-Covid et démarré une campagne pour vacciner le maximum de personnes, à commerces par le personnel médical et paramédical, les personnes âgées souffrant de maladies chroniques avant de le généraliser à toute la population.
Plus de 1,1 million de citoyens ont bénéficié d’une aide étatique durant la crise, selon le ministre. Les très petites entreprises et les petites et moyennes entreprises (TPE-PME) ont, par ailleurs, été très touchées par la crise. Elles ont, elles aussi, bénéficié des aides de l’État à travers, notamment, la plateforme «Batinda». Les secteurs les plus touchés sont le tourisme mais aussi le travail informel. Il est nécessaire d’identifier de nouvelles solutions pour sauver les entreprises et faire travailler les personnes touchées par les licenciements. Le but est de remettre la machine de la production en marche et de sauver l’économie.
Le défi ne peut être relevé que par la relance de l’investissement aussi bien local qu’étranger. Pour ce faire, il faut baliser le chemin et donner au site tunisien tous les atouts lui permettant d’attirer les investissements directs étrangers. Le cadre juridique à lui seul, aussi développé soit-il, n’est pas en mesure de drainer les capitaux. Il est impératif de s’occuper davantage du climat des affaires dans toutes ses composantes, à commencer par l’assainissement du climat politique et l’instauration de la paix sociale durable. Toutes les parties prenantes doivent se réunir, au plus vite, pour se mettre d’accord sur un ensemble de conditions à respecter, y compris une paix sociale pour les mois à venir. Les investisseurs ont besoin aussi d’une stabilité politique permettant au gouvernement de travailler dans la sérénité absolue.
Par ailleurs, les investisseurs ont besoin d’une vision à moyen et long termes de l’investissement, des taux d’impôts à appliquer et des avantages à accorder. La situation urge et il n’est pas question de perdre encore du temps dans l’attentisme qui peut être grave. A cela s’ajoute le problème de l’infrastructure de base et des équipements collectifs à installer dans les meilleurs délais dans toutes les régions du pays pour créer une nouvelle dynamique socioéconomique et générer de nouveaux postes d’emploi. Un travail de fond attend le gouvernement au cours des prochains mois s’il veut vraiment sortir de l’ornière et sauver les meubles.
Toutes les structures d’appui et les organisations professionnelles ont également appelé à mettre la main à la pâte pour construire une économie solide et rentable capable d’accueillir les nouveaux investissements dans des secteurs à haute valeur ajoutée et surtout capables de créer de nouveaux postes d’emploi pour faire travailler ces milliers des jeunes à la dérive et vivant dans l’oisiveté. Les aides sociales et financières, à elles seules, ne suffisent pas, il faut booster aussi le tissu industriel et des services par l’injection de nouveaux fonds.
L’après-Covid se prépare maintenant par l’assainissement du climat des affaires qui a trop pâti des effets de la Covid-19 mais aussi des mauvaises pratiques utilisées par les politiciens.