La production de viandes blanches est abondante, alors que les prix sont hors de portée. A l’origine de cette situation, une filière qui connaît un tumulte au niveau des producteurs et des commerçants qui proposent ce produit au prix fort.
Le secteur avicole mérite une réorganisation de fond en Tunisie, vu la multiplicité des intervenants et la perturbation de la production qui est souvent revue à la hausse afin de satisfaire les besoins de consommation intérieure. Selon les professionnels, les prix ont connu une baisse à la production, ce qui ne permet pas de couvrir les frais dépensés, d’autant plus que les matières premières (maïs et soja essentiellement) ont connu, ces derniers temps, sur le marché mondial, une flambée. D’où la nécessité de dépenser plus pour produire plus de quantités de volailles. De leur côté, les consommateurs crient à la cherté des prix de ces produits qui sont disponibles dans les marchés municipaux, grandes surfaces et autres points de vente au détail.
Pour prendre le cas des volailles, on peut dire que la production est répartie entre plusieurs sociétés, mais aussi de petits élevages familiaux. De grandes sociétés monopolisent, toutefois, une grande partie de la production industrielle qui couvre le Grand-Tunis et certaines régions côtières, y compris Bizerte et le Cap Bon. Face à la cherté des viandes rouges, les consommateurs se rabattent sur les viandes blanches qui sont tout de même moins onéreux que les viandes ovine et bovine. Dans plusieurs régions intérieures, l’élevage familial des volailles est devenu une coutume et une tradition de longue date.
Un marché parallèle en expansion
De nombreuses familles préfèrent s’approvisionner des élevages individuels qui ont connu une expansion extraordinaire, au cours des dernières années, encouragées par une demande de plus en plus grande. D’autant plus que cette activité n’exige pas beaucoup d’investissement. Il suffit d’avoir un espace assez grand pour l’élevage et acheter du marché de détail l’alimentation des poussins et des poules qui seront vendus, plus tard, au prix fort. Le choix des consommateurs se base sur le fait que ces poules sont élevées en pleine nature et alimentées à base de produits naturels. Le marketing de bouche-à-oreille fait son effet auprès des consommateurs qui sont rapidement dirigés vers ces éleveurs familiaux.
Certaines personnes se rendent d’une région à une autre pour chercher ces éleveurs et acheter leurs produits. Ce marché parallèle porte, cependant, préjudice au circuit organisé, dans la mesure où les quantités produites par ces éleveurs dépassent de loin les besoins exprimés. C’est pour cela qu’on constate une chute vertigineuse des prix et des problèmes de financement des professionnels. Ces derniers proposent de fournir aux producteurs légaux des cartes professionnelles afin de pouvoir les identifier et les recenser, et organiser, par la suite, un secteur qui a trop souffert de l’anarchie.
A noter que l’Etat assure le stockage de viandes blanches pour réguler le marché, notamment pendant les grandes périodes de consommation comme Ramadan et la saison estivale. Depuis quelques années, les pouvoirs publics ont interdit à tout producteur ou commerçant de viandes blanches de faire l’abattage sur place, et ce, pour préserver la propreté et l’hygiène, et servir au consommateur une viande saine et de bonne qualité, conformément aux normes établies.
Cependant, l’on constate encore que certains producteurs-vendeurs de volailles s’adonnent encore à cet abattage sur place suite à la demande de leurs clients.
Du travail reste à faire encore pour mettre les pendules à l’heure et assainir ce secteur, en donnant la possibilité aux éleveurs qui opèrent dans le secteur parallèle d’intégrer le secteur légal en constituant une petite société munie de tous les moyens d’action comme les réfrigérateurs pour conserver la viande dans des conditions d’hygiène adéquates. Ils seront tenus également de régler leur contribution auprès de l’administration fiscale et de payer la cotisation sociale de leurs travailleurs.